Les littoraux marocains et algériens doivent faire rimer économie avec écologie

FEM34-04

Une urbanisation galopante faisant fi des lois sur le littoral, la pression immobilière, les enjeux touristiques, la concentration démographique… Au Maroc et en Algérie, les menaces pesant sur le littoral sont bel et bien réelles. Pour les économistes du Femise, développement économique et enjeux du développement durable se doivent de converger.

37% des Algériens et 46% des entreprises vivent et travaillent sur le littoral qui n’occupe que 4% de la superficie de cet immense pays. Eldorado pour les ruraux ? Ces dernières années, les populations ont opté pour les 14 wilayas longeant le bord de mer.

Le constat est sans appel : Bidonvilles, pollution, déchets des ménages et des activités industrielles, paysages défigurés… Les dommages colossaux pourraient bien être irréversibles. Sans compter l’impact financier puisqu’il a été démontré qu’ils faisaient chuter le PIB.

Le Maroc connaît une situation similaire, où le littoral s’étend sur 20% des terres. Certains optent pour Tanger et la Méditerranée, d’autres, préférant le climat atlantique, choisissent Casablanca et Agadir au Sud. Quelle que soit la façade maritime, le résultat semble identique avec des dégâts causés par les activités humaines sur l’eau, l’énergie, l’air, le bruit, les déchets et le littoral paysager.

Le Femise préconise la création d’un Institut National d’Etudes du Territoire Littoral

L’édification d’imposants complexes touristiques, le développement extraordinaire de la région de Tanger Med et de son port ont-ils pris en compte les enjeux environnementaux ?

Au terme de plusieurs mois de travail mobilisant des chercheurs des deux pays, le Femise vient de publier une analyse des dommages environnementaux sur les territoires littoraux de deux économies en développement partageant une frontière terrestre commune.

Intitulé « L’écodéveloppement dans le cadre du partenariat euroméditerranéen : application au littoral d’Algérie et du Maroc », le rapport Femise (FEM 34-04) met en lumière la nécessité d’aligner l’écologie sur l’économie et de repenser l’aménagement des territoires.

L’objectif, précise le document, consiste à atteindre une situation éco-environnementale nouvelle, où l’ensemble des acteurs réalise un gain, tout en améliorant les objectifs de croissance et de préservation de l’environnement et des ressources naturelles.

L’étude Femise, coordonnée par Nadji Khaoua, Maître de conférences et Maître de recherches à l’université Badji Mokhtar d’Annaba, préconise de créer un Institut National d’Études du Territoire Littoral.

Organe de réflexion et de connaissance, son programme de recherche pourrait être défini en collaboration avec l’Union européenne. Via la Femip (Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat) et la Banque européenne d’investissement, l’Europe s’intéresse de près à l’environnement au Sud de la Méditerranée.

La moitié des investissements potentiels de la BEI en 2013 concerne des projets relatifs au climat (transports urbains, ports, énergies renouvelables notamment via le Plan solaire méditerranéen, développement du gaz naturel…). Contre 10% voici dix ans.

Photo  Dr. Nadji Kahoua, Econostrum

Article de Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum. www.econostrum.info. Newsletter d’econostrum : http://www.econostrum.info/subscription/