Quand et comment la crise financière a-t-elle atteint les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée ? Quels furent les canaux de transmission et les réponses politiques apportées ? Fédérant 80 instituts de recherche en économie, le Femise dresse un diagnostic dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée.
En 2007, au moment même où les États-Unis et l’Europe sont touchés par une crise économique et financière majeure, les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée poursuivent leur trend de croissance.L’onde de choc n’atteindra ces pays que deux années plus tard sous une forme différente marquée par la chute des échanges commerciaux avec les pays partenaires, la baisse des investissements directs étrangers et des remises de fonds.
C’est à ce moment-là que le peuple se soulève en Tunisie. La contagion gagne les autres pays du sud de la Méditerranée avec le renversement du gouvernement d’Hosni Moubarak et l’assassinat de Mouammar Khadafi.
Crise économique et printemps arabe interviennent alors simultanément avec une intensité différente selon les pays, mais comme constante la chute de la fréquentation touristique et le recul des échanges commerciaux.
Dans une étude intitulée « La gestion de la crise financière dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée : diagnostic et perspectives », le Femise (FEM34-24) explore les trois canaux de transmission de la crise : réels (commerce, dépôts, dette, perte de confiance), monétaires (taux d’intérêt, inflation, monnaie) et financiers.
L’instabilité politique consécutive au printemps arabe porte un véritable coup de frein aux investissements directs étrangers. « Avec les incertitudes politiques, les investissements directs étrangers resteront bas et mettront du temps à remonter. La stabilité politique constitue un élément crucial pour les investissements à la fois domestiques et étrangers », précise le Femise dans son rapport coordonné par Rym Ayadi, Chef de l’Unité de Recherche sur les Institutions Financières et Politique prudentielle au CEPS.Les résultats de l’étude soulignent l’impact limité de la crise financière sur le secteur bancaire dans les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée à l’exception d’Israël et de la Turquie, deux pays aux systèmes bancaires développés.
L’Égypte et la Tunisie doivent faire face à une baisse de la production et une hausse du chômage. Dans son rapport de plus de 200 pages, le Femise met en garde les gouvernements de transition contre la tentation de vouloir augmenter les salaires des fonctionnaires pour contenter la population. « Les programmes de relance économique n’ont pas réussi à compenser les réductions de flux de capitaux. En outre, la hausse du prix des matières premières à l’international aggrave de manière sérieuse les problèmes budgétaires dans plusieurs des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée », analyse le Femise, qui préconise d’établir un système de gestion des risques.