« Irakiens, Syriens, Pakistanais… Ils sont des millions à avoir quitté leur pays sans perspective de retour. Un phénomène d’ampleur historique auquel l’Europe n’était pas préparée », annonce Panayotis J. Tsakonas, professeur des relations internationales, études sécuritaires et analyse de la Politique étrangère à l’université d’Egée. (Photo a gauche par Photo N.B.C)
Traverser la Méditerranée devient un risque sans précédent : 3 200 hommes, femmes et enfants ont péri en mer en tentant de rejoindre les côtes en 2014. Cette même année, 219 000 migrants sont parvenus à rejoindre l’Europe sains et saufs. Ce flot d’immigrés connaît une croissance exponentielle.
En 2015, ils étaient plus d’un million dont 972 551 arrivés par la mer (818 654 en Grèce et 150 200 en Italie). Le nombre de personnes qui a péri en mer cette année est encore plus important. Pour les demandeurs d’asile, la Suède, l’Allemagne et la France arrivent en tête des destinations favorites.
Double peine pour la Grèce, qui supporte le poids de la crise économique et celui des migrants. Elle est pourtant mise au ban de l’espace Schengen. Des remarques présentées par Panayotis J. Tsakonas, Professeur des relations internationales, études sécuritaires et analyse de la Politique étrangère à l’université d’Egée lors de son intervention lors de la session plénière de la conférence annuelle du FEMISE (13-14 Février, 2016, Athènes, Grèce)*.
Faire appliquer le Traité de Lisbonne
Que faire face à ce drame humain ? « La politique européenne vis-à-vis des immigrés clandestins s’avère inefficace. Nous assistons à la montée des partis d’extrême droite en Europe avec des gouvernements qui resserrent leurs contrôles aux frontières. L’Europe se transforme en forteresse. Aujourd’hui, la Turquie compte 2,5 millions de réfugiés. En Jordanie, ils sont 800 000, soit 1/5ème de la population. Leur intégration pose problème », explique Prof. Panayotis J. Tsakonas.Il rappelle que les États signataires du traité de Lisbonne doivent accepter la relocalisation des migrants au sein de l’Union européenne. Or, sur les 1,6 millions de migrants, seulement 400 000 ont été effectivement placés.
Pour une approche holistique et structurée
Panayotis J. Tsakonas préconise une approche holistique et structurée. « Nous devons élaborer une stratégie au regard de la crise des réfugiés sans chercher à résoudre les conflits dans la région. Nous n’avons pas de solution au problème », admet l’économiste grec qui entrevoit une opportunité pour l’Europe vieillissante. « Dans le cadre d’une économie globalisée, nous pouvons faire appel à 200 000 immigrés. Parmi eux se trouvent des personnes qualifiées », ajoute-t-il en se félicitant de l’attitude d’Angela Merkel.Le changement climatique pourrait exacerber le phénomène avec un flot d’immigrés croissant. Selon Panayotis J. Tsakonas, cette nouvelle menace plane sur les pays du sud. La désertification en Afrique du Nord risque d’aggraver les conflits. Réduction de la ressource hydrique, pénurie énergétique, sécurité alimentaire, catastrophes naturelles pourraient déstabiliser les États dans une région déjà si fragile. « Cela crée une interdépendance avec d’autres défis auxquels doivent faire face les pays arabes », conclut le professeur Tsakonas.
*Pour en savoir plus sur la conférence et l’intervention de Prof. Tsakonas intitulée : « The Migration/Refugees crisis in the Mediterranean : EU perspectives and strategies », veuillez cliquer ici.
Interview par Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum lors de la Conference 2016 du FEMISE, Athenes, Grece.
S’inscrire au Newsletter de Econostrum : http://www.econostrum.info/subscription/