La culture influe-t-elle sur les flux migratoires ? L’étude Femise (FEM 42-03) analyse l’impact des facteurs culturels sur le choix des destinations des migrants du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Si la corrélation entre pays d’origine et passé colonial persiste, le Printemps arabe a cependant réduit l’intensité du choix du pays de destination par la culture.
Dans quelle mesure les anciennes colonies et protectorats français ou britanniques ont-ils conservé un lien avec les grandes puissances de la fin du 19ème siècle ? 60 ans après la décolonisation, quelles sont les influences et les corrélations avec les migrations?
L’impact de la culture sur les flux migratoires, peu étudié jusqu’à présent, vient de faire l’objet de travaux au sein du FEMISE. L’équipe, composée de Frédéric Docquier, Aysit Tansel, et Riccardo Turati, professeurs d’économie à Louvain et Ankara, a analysé les phénomènes migratoires de 17 pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (Mena) sur la période 2007 à 2016. « Les indicateurs culturels sont correlés au niveau de développement économique », indique le rapport en se focalisant sur les attitudes par rapport aux inégalités hommes-femmes et sur la religiosité.(Cliquez ici pour lire l’intégralité du rapport Femise FEM42-03)
Impact de la culture dans les pays à majorité sunnite
En revanche, la religiosité joue un rôle déterminant pour les destinations européennes ou vers l’Amérique du Nord, alors qu’il ne l’est pas pour la Turquie. « La sélection par la culture s’avère encore plus forte dans les pays à majorité sunnite », indiquent les auteurs du rapport Femise.D’après le document, 52,3% des migrants du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord envisagent de s’installer dans un pays de l’OCDE. Cette proportion atteint 90% s’agissant du Maroc et de l’Algérie et 35% des migrants syriens et 30% des jordaniens alors qu’elle se résume à seulement 10% des migrants au Yemen et au Niger. Preuve de l’empreinte laissée par le colonialisme.En effet, l’histoire continue d’influencer les aspirants migrants dans le choix de leur destination. A la fin du 19e siècle et au début 20e siècle, l’Algérie, le Tchad, le Mali, le Liban, la Mauritanie, le Maroc, le Niger, la Syrie et la Tunisie étaient des colonies ou des protectorats français et bénéficiaient donc d’un socle culturel commun. Il en va de même pour l’Egypte, l’Irak, la Jordanie et le sud du Yemen qui furent colonisés et administrés par la Grande-Bretagne à la même époque. L’Azerbaïdjan, sous la domination de l’Union Soviétique, a proclamé son indépendance en 1991 et fait partie des pays les plus progressistes avec le Liban en termes d’égalité homme-femme et s’agissant du fait religieux.Si les caractéristiques des grands flux migratoires se maintiennent, des évolutions ont suivi les événements du printemps Arabe. Suite aux émeutes, aux violences en Egypte, en Algérie, en Irak en Tunisie et au Yémen, ces pays ont développé une vision progressiste et « condamnent la violence sur les civils », précise le rapport.Cliquez ici pour lire l’intégralité du rapport Femise FEM42-03
Article réalisé par Nathalie Bureau du Colombier en partenariat avec Econostrum
S’inscrire à la Newsletter de Econostrum : http://www.econostrum.info/subscript