Interrogé lors de la conférence annuelle du Forum euro-méditerranéen des instituts de sciences économiques (Femise- Malte du 7 au 9 février 2018), Ndiouga Sakho, président de la Commission Aménagement urbain et Développement durable de la ville de Dakar, évoque les actions du Plan Climat Énergie territorial mis en place dans la capitale du Sénégal grâce aux partenariat européens et méditerranéens.
econostrum.info : Comment la ville de Dakar gère les enjeux de développement durable ?
Ndiouga Sakho : Depuis déjà quelques années, la ville s’est engagée dans la lutte contre le changement climatique. Notre capitale accueille 80% des activités industrielles du pays sur 3% du territoire.
Nous avons commencé par établir un diagnostic des vulnérabilités de la ville, physique, environnemental, social, économique etc… A partir de 2013, nous avons monté un plan d’action et de gestion environnemental. Ceci nous a permis fin 2017 de mobiliser 1 M€ sur un Plan Climat Énergie territorial financé par l’Union européenne sur trois ans, avec une vision globale autour de trois points : une stratégie d’adaptation et d’atténuation, une plate-forme des acteurs pour coopérer et partager les enseignements comme les échecs, et enfin, des projets d’efficacité énergétique pour renforcer la part des énergies renouvelables dans l’éclairage public, par exemple, comme dans les infrastructures municipales, et les économies d’énergie. Dakar constitue, avec dix autres villes bénéficiaires de ce plan, un laboratoire test en Afrique avec un objectif de réplicabilité de notre expérience.
J’insiste sur la coopération de ville à ville et le rôle majeur des territoires avec les acteurs locaux, qui sont à la fois les lieux d’émissions mais aussi de solutions. C’est bien là que nous devons expérimenter.
Sur quels points Dakar peut servir d’exemple ?
N.S. : La ville a beaucoup d’expérience dans le domaine de la mobilité urbaine avec, par exemple, un système de contrôle à distance de l’ensemble des feux de signalisations pour réguler la circulation automobile en cas de pics de pollution, le pavage et l’amélioration des rues pour encourager les habitants à se promener à pied ou à vélo plutôt que d’utiliser leur véhicule. Nous développons également le transport collectif avec le BRT, un bus rapide de transport, et un TER. Ainsi que la délocalisation de services administratifs pour pouvoir limiter la concentration d’activités en centre-ville.
Installation de potagers en milieu urbain
Quelles actions avez-vous mené auprès de la population ?
N.S. : Nous la sensibilisons à la culture environnementale en milieu scolaire et avec la promotion de comportements éco-citoyens, mais aussi en développant des éco-quartiers. Un de nos projets s’appuie sur l’installation de potagers en milieux urbain et scolaire avec des activités de formation, de renforcement des capacités, que nous initions. Nous réalisons tout cela grâce à un partenariat technique avec la FAO (NDLR : Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) à Milan où nous avons aussi pu trouver des partenaires au sein de l’université de cette ville. Nous partageons tout cela avec les pays limitrophes
Cherchez-vous aussi à adapter des solutions venues de pays méditerranéens ?
N.S. : Nos partenariats en Méditerranée ne sont malheureusement pas très développés. Mais, nous avons effectué plusieurs missions à Paris pour étudier la mise en place de leur plan climat. De même, avec la Ville de Marseille, nous avons élaboré notre schéma directeur d’aménagement des plages. La cité phocéenne nous a aidé à installer des projets pilotes pour nos huit plages.