Quinze ans après le processus de Barcelone, les gains escomptés entre l’Europe et les pays du Sud de la Méditerranée ne sont pas au rendez-vous. Le défi de l’Union pour la Méditerranée ? Résoudre le manque de convergence de ces régions. Selon Ahmed Galal, président du Femise, l’Europe doit trouver un nouveau mode de coopération, d’adhésion. Les accords de libre-échanges doivent être profonds et une attention plus sérieuse doit être accordée à la circulation des travailleurs.
Les voies de coopération entre l’Europe et les pays Méditerranéens ne sont toujours pas satisfaisantes. Politique de voisinage, processus de Barcelone, accord Euro-Med…
Les deux rives de la Méditerranée en ont tiré des bénéfices insuffisants aux yeux d’Ahmed Galal. Selon le président du Femise également directeur de L’Economic Research Forum au Caire, l’augmentation des échanges ces dernières années n’a pas permis de réduire la fracture avec les pays du Sud de la Méditerranée dont le niveau de vie reste toujours en deçà du niveau européen et sans convergence.
Le constat est identique du point de vue des échanges entre les pays Méditerranéens. L’introduction de la GAFTA (Greater Arab Free Trade Area) entre les pays du Sud n’a pas apporté les retombées escomptées tant au niveau du PIB que des échanges commerciaux alors que les potentialités résultant d’une intégration régionale sont bien réelles.
Encourager aussi la coopération sud-sud
L’intégration Sud-Sud doit, elle aussi, être encouragée par exemple à partir de l’unification des règles d’origine.
« Nous devons mettre en place un véritable accord commercial avec les pays de l’UE et favoriser la mobilité temporaire des travailleurs méditerranéens vers l’Europe. Les accords à venir ne doivent pas reposer uniquement sur une l’ouverture du marché aux biens », explique par ailleurs Ahmed Galal citant l’exemple de l’accord Etats-Unis/Canada avec le Mexique.
S’il est nécessaire de poursuivre des efforts pour accentuer la circulation des biens, des capitaux et des services, l’économiste égyptien prône la mobilité de la main d’œuvre, avec l’assurance d’un retour vers le pays d’origine, et une plus grande fluidité des personnes qualifiées, la preuve étant faite que le développement dans le Sud viendra avec l’économie de la connaissance et les efforts des pays méditerranéens dans les domaines de la recherche et de la formation. Pour combler l’écart avec l’Europe l’accent doit être mis sur l’innovation.
L’objectif étant de créer un partenariat aux retombées positives sur les deux rives de la Méditerranée car l’Europe reste et demeure le principal partenaire commercial de la Méditerranée même si l’on note un effritement des échanges à la faveur des pays hors UE, de la Chine notamment.
En ce sens, Ahmed Galal préconise de faire sauter les derniers verrous s’agissant des biens européens importés en Méditerranée en supprimant les barrières tarifaires. De son côté, l’Europe devra ouvrir son marché aux produits agricoles méditerranéens comme elle l’a fait en son temps pour l’Espagne lors de son adhésion à la Communauté en 1986.
Pour Ahmed Galal, ces handicaps ne pourront être résolus que si la volonté politique est réelle et ne reste pas simplement cantonnée au vœu pieux.
Photo NBC, Econostrum.
Article de Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum. L’article fait partie d’une série d’articles conjoints réalisés dans le cadre d’un partenariat entre Femise et Econostrum pour l’année 2010, qui alimentent également la rubrique « Grand Angle» du site d’information Econostrum. Vous pouvez retrouver cette rubrique et toutes les informations à l’adresse suivante : www.econostrum.info. L’inscription à la newsletter d’econostrum est accessible par :http://www.econostrum.info/subscription/