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Dans le premier livre blanc produit par le projet WEF-CAP (Technology Transfer and Capitalization of Water Energy Food Nexus [1], FEMISE voue à accélérer une approche intégrée du Nexus eau-énergie-alimentation (EEA) en Méditerranée, en étudiant le cas de la Jordanie. Le document préconise la création d’un Conseil du nexus eau-énergie-alimentation-environnement (EEAE). Un organe de gouvernance visant le rapprochement des politiques publiques, à une hybridation des stratégies nationales en matière de gestion de l’eau, de l’agriculture et de l’énergie.

«Ces planifications multisectorielles et les investissements à venir imposent de coopérer étroitement dans les domaines de l’eau, de l’énergie et de l’alimentation, d’associer les acteurs locaux, le privé et les investisseurs. En parallèle, il est nécessaire de renforcer le cadre légal en intégrant les enjeux liés au changement climatique tout en resserrant la coopération entre les différents ministères et les agences nationales », préconisent les auteurs du livre blanc intitulé, « Vers l’adoption d’une approche intégrée du Nexus eau-énergie-alimentation en Jordanie : Défis et opportunités [2] ». Maryse Louis, et Sophie Dahdouh, expertes des enjeux socio-économiques méditerranéens au sein du Femise et Shada El-Sherif, experte en économie verte en Jordanie et dans la région MOAN, invitent la Jordanie à concevoir une gouvernance dédiée à cette approche intégrée. Le pays étant classé au 157ème rang sur 177 répertoriés dans l’indice du Nexus EEA.

Le Conseil du nexus eau-énergie-alimentation-environnement serait alors un cadre de dialogue favorable aux échanges de bonnes pratiques relatives à la modernisation des infrastructures, à l’augmentation de la productivité agricole et à une prise de conscience accrue du stress hydrique pour parvenir à un changement de paradigme quant à la gestion des ressources.Cette initiative s’aligne avec la vision de modernisation du pays (2022-2033) qui englobe de nombreux défis : développement d’une feuille de route transition énergétique, amélioration des infrastructures énergétiques (smartgrids, pipelines…), renforcement de la gestion de l’offre et de la demande en eau, nouveaux projets d’unités de désalinisation, modernisation du secteur agricole grâce aux nouvelles technologies.

La Jordanie, confrontée à l’afflux de 1,3 million de réfugiés syriens en 2015 et d’émigrés iraniens, enregistre une forte hausse de sa population et une urbanisation galopante. Cette situation aggrave sa vulnérabilité au regard de la succession de chocs externes.

Le changement climatique, la Covid et la guerre russo-ukrainienne impactent considérablement la ressource en eau, le prix de l’énergie et la disponibilité des matières premières telles que les céréales. Du fait, la Jordanie importe 97% de sa consommation en céréales. Plus d’habitants moins de ressources, l’équation finit par peser lourd. Ces dix dernières années, la consommation d’eau annuelle par habitant a chuté de 30% en 19 ans et, d’ici à 2025, elle pourrait encore tomber de 109 à 91 m3 par an et par habitant. Désormais, la Jordanie est considérée comme l’un des plus pauvres pays du monde en eau.

• WEF-CAP ARTICLE 26 (4) (3 Mo - 17/08/2023)