Le partenariat euro méditerranéen ne constitue pas la priorité des décideurs politiques européens. Des marges de progression des échanges avec les pays du Moyen-Orient et du Maghreb existent. « L’Europe et l’économie en Méditerranée », ouvrage produit par le FEMISE comme volume édité, dresse un état des lieux dix-sept ans après le processus de Barcelone.
Depuis une dizaine d’années, les échanges commerciaux des pays du bassin méditerranéen prospèrent à la faveur des accords d’association et du partenariat euroméditerranéen. Le déclic fut sans nul doute le processus d’Agadir en 2003 impulsant de nouveaux rapports commerciaux. Au-delà des traditionnelles relations avec les pays d’Europe, les pays du Maghreb et du Moyen-Orient ont instauré des flux commerciaux avec les États-Unis et l’Asie.
Malgré cette ouverture, l’instauration d’une zone de libre-échange dans la région et la suppression des barrières douanières des freins au développement du commerce demeurent.
Dans un ouvrage intitulé « L’Europe et l’économie en Méditerranée », Joan Costa-Font – professeur assistant en économie politique à la London School of Economics and Political Science (Royaume-Uni) et membre du FEMISE- revient sur cette nécessité de poursuivre l’effort de libéralisation des échanges en supprimant les barrières non tarifaires, encore très nombreuses.
C’est le cas notamment des règles sanitaires imposées au secteur agricole ou bien encore des contraintes d’ordre technique dans le domaine du textile et de l’habillement. Harmoniser, normaliser, standardiser les procédures ou les produits contribuera à stimuler les exportations.
Changements techniques pour améliorer la productivité
Des améliorations dans l’organisation des transports et de la logistique contribueraient à une hausse des échanges de 30 % au Maroc, de 45% en Algérie et de 25% en Tunisie, selon l’ouvrage produit par le Forum Euroméditerranéen des Instituts de Sciences économiques édité par Routledge dans la série « FEMISE Edited Volumes ».
La stabilité politique dans les pays du Moyen-Orient et du Maghreb impacte également le commerce. Depuis les événements du printemps arabe, la situation économique demeure extrêmement fragile compte tenu de la faiblesse de l’activité touristique et de l’arrêt des flux de capitaux. Les investissements directs étrangers se sont littéralement effondrés. De plus, les pays du bassin méditerranéen, quoique peu touchés par la crise économique mondiale, en subissent le contrecoup avec un tarissement des échanges causé par la faible demande des pays européens.
Les auteurs se demandent si le timing du processus de privatisation, intervenu dans les années 90, était le bon. « La région du Maghreb était-elle mature ? » Ils affirment néanmoins que les pays du Sud ont su tirer parti des changements techniques pour améliorer leur productivité. Israël a ainsi vu ses exportations doper dans le secteur des hautes technologies. En revanche, les salaires des ouvriers stagnent en dépit de la libéralisation du commerce. De quoi motiver les candidats à l’émigration.
« Europe and the Mediterranean Economy », Joan Costa Font, éditions Routledge, série FEMISE edited Volume.
Photo : « Europe and the Mediterranean Economy », Joan Costa Font, éditions Routledge, série FEMISE edited Volume
Article de Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum. L’article fait partie d’une série d’articles conjoints réalisés dans le cadre d’un partenariat entre Femise et Econostrum pour l’année 2012, qui alimentent également la rubrique « Grand Angle» du site d’information Econostrum. Vous pouvez retrouver cette rubrique et toutes les informations à l’adresse suivante : www.econostrum.info. L’inscription à la newsletter d’econostrum est accessible par : http://www.econostrum.info/subscription/