L’économie de la connaissance stimule la croissance. Elle améliore la productivité globale, influe sur la compétitivité et sur les parts de marché. Depuis dix ans, elle tend à se développer dans les pays du Golfe et demeure insuffisante au Maghreb.
L’éditeur de jeux vidéos Ubisoft crée en 2008 un campus à Casablanca, Renault prend ses quartiers à Tanger Med, des laboratoires de recherche en agronomie marocains inventent treize nouvelles variétés d’oranges pour répondre à la demande du marché canadien…
Ces quelques exemples démontrent à quel point l’économie de la connaissance joue un rôle capital dans le développement. Elle transforme l’agriculture en agribusiness au Maroc et donne des ailes au secteur aéronautique au Maroc et en Tunisie !
« Les pays arabes ne constituent pas un bloc homogène. D’un côté, nous trouvons les pays du Golfe et de l’autre les pays d’Afrique du Nord, l’Égypte, la Syrie, la Jordanie. La rente pétrolière et la gouvernance n’ont guère favorisé l’économie de la connaissance. Depuis dix ans, nous assistons à une diversification des économies des pays producteurs de pétrole et de gaz », souligne Ahmed Driouchi Professeur d’Économie à l’université Al Akhawayn, à Ifrane, au Maroc.
L’éducation doit s’adapter aux besoins de demain
Dans un rapport du FEMISE, intitulé « Vers des politiques nouvelles basées sur l’économie de la connaissance pour le développement des pays arabes. Comparaison avec des pays d’Europe de l’Est », Ahmed Driouchi, coordonnateur de l’étude Femise, souligne l’avance des pays de l’Est dans le domaine (accès à la recherche).
Une avance qu’il justifie principalement par la proximité géographique avec les pays de l’Union européenne. Ces pays ont su développer des incubateurs d’entreprises et des mécanismes d’incitation à la recherche.
Le rapport FEM35-01 préconise une approche tripartie reposant sur une plus grande collaboration entre les États, le système éducatif et les entreprises. Ceci permet aux diplômés d’acquérir le profil dont le monde économique a besoin et stimule les créations d’entreprises.
L’éducation, la formation doivent s’adapter aux marchés de demain. Avec un taux de 25% de diplômés au chômage, la Tunisie n’a-t-elle pas été le ferment des printemps arabes ?
« Les pays arabes doivent miser leur développement sur l’éducation, la recherche et la création d’entreprise », précise le rapport Femise. Il suggère également une meilleure communication entre les décideurs politiques et les experts grâce à un travail conjoint au niveau national et régional.
L’économie de la connaissance repose également sur l’innovation, les technologies de l’information et de la communication et l’incitation à entreprendre. L’innovation « doit être stimulée avec la création de centre de recherche à proximité des universités », précise le rapport.
La Jordanie, pays aux ressources naturelles limitées, regorge de bonnes initiatives, mais les opportunités de marché sont limitées.
« La R&D est peu développée. Il faut rénover la structure de la gouvernance et les partenariats public-privé ont besoin de gagner en maturité », souligne Nabeel Al Fayoumi, vice-président de la Royal Scientific Society de Jordanie. Il suggère la création d’une coordination régionale en matière d’économie de la connaissance.
Photo : Somaca – Econostrum
Article de Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum. www.econostrum.info. Newsletter d’econostrum : http://www.econostrum.info/subscription/