Hausse du chômage, aggravation des déficits publics, baisse des recettes liées au tourisme… La transition politique s’avère un long chemin sinueux. Deux ans après les événements du printemps arabe, les pays du Sud de la méditerranée doivent poursuivre leurs efforts d’amélioration de la productivité et de réduction des inégalités. Dans son rapport annuel 2012, « La saison des choix», le Femise invite la communauté internationale à rester mobilisée.
Le démantèlement des régimes autoritaires, l’arrêt de la corruption, l’instauration d’une démocratie et la liberté de la presse… Autant de défis que doivent relever les pays du Sud de la Méditerranée.
« La transition politique est longue et douloureuse et la liberté récemment acquise ne se traduit pas encore par des bénéfices tangibles pour les citoyens », soulignent Ahmed Galal (managing director de l’Economic Research Forum et président du Femise) et Jean-Louis Reiffers (président du Comité scientifique du Femise), coordonnateurs du rapport annuel Femise 2012.
Les citoyens qui fondaient de grands espoirs dans les révolutions du Printemps arabe doivent faire face à un processus qui pourrait durer 4 à 5 ans. « La période de transition a généré des coûts et engendré d’importants déséquilibres macroéconomiques », constate le rapport soulignant que finalement peu de structures ont été mises en place pour faciliter la transition.
« La Saison des Choix » dresse au fil des 200 pages un état des lieux de la situation économique des pays du Printemps arabe. Le renversement des régimes autoritaires, les manifestations et l’instabilité dans les pays arabes ont porté un coup dur au tourisme, même si l’activité semble repartir peu à peu.
Le taux de chômage, qui touche environ 11,4% de la population active, demeure à des niveaux très élevés en particulier chez les jeunes. Seulement 50% des 20 à 24 ans sont en activité. L’inadéquation entre les formations des jeunes diplômés et la réalité du marché du travail reste un des défis à résoudre.
Croissance durable grâce à la hausse de la productivité globale des facteurs
Les pays ont cédé à la pression populaire en augmentant les dépenses publiques. Les salaires des fonctionnaires sont en hausse, mais les déficits se creusent au point de représenter 10% du PIB de l‘Égypte en 2011.
« La croissance est passée de 4,8% en 2010 à 3% en 2011, mais derrière cette tendance se cachent d’importantes variations d’un pays à l’autre », analyse le rapport qui pointe du doigt le manque de croissance inclusive. Seule la Turquie sort son épingle du jeu avec un taux de croissance de 8,5 % en 2011.
L’amélioration de la productivité globale des facteurs, l’innovation et une réduction de l’accumulation du capital sont les clés d’une croissance durable. Afin qu’elle ne soit pas contrariée par « les nécessités du court terme », note le Femise suggérant de poursuivre la politique d’ouverture et la mobilisation financière de la communauté internationale.
« L’Union européenne a mis à disposition 1,2 milliard d’euros, sur les 5,7 mds € prévus dans le cadre des subventions de la politique européenne de voisinage sur la période 2011- 2013 », la BERD s’apprête à « engager jusqu’à 2,5 mds € d’investissements publics et privés dans la région par an », indique le rapport. À l’heure du resserrement des budgets européens, l’accompagnement des pays du Sud ne doit pas faillir.
Photo : NBC-Econostrum
Article de Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum. www.econostrum.info. Newsletter d’econostrum : http://www.econostrum.info/subscription/