Les pays développés et en développement, y compris les pays en transition vers l’économie de marché, reconnaissent aujourd’hui que la privatisation est un élément majeur du développement économique. La privatisation des entreprises publiques est l’un des axes de la réforme introduite par les plans d’ajustement structurels préconisés par la Banque Mondiale à la suite de la crise de l’endettement qu’à connu certains pays en développement. Ces réformes d’inspiration libérale visent l’ouverture de l’économie à la concurrence à la fois interne et externe, le renforcement du secteur privé, l’accroissement de l’épargne nationale et le désengagement de l’Etat des secteurs de la production et des services.Les débats politiques relatif à la privatisation se sont plutôt recentrés sur les aspects suivants : (i) les mécanismes de transfert des actifs au secteur privé, (ii) ce qui doit être privatisées, (iii) qui a droit d’acquérir les actifs, et (iv) la vitesse avec laquelle la privatisation devrait s’opérer. Toutefois, la question de savoir s’il faut privatiser ou non a été passée sous silence. Les décideurs politiques se sont engagés dans un processus de transition en douceur en arguant que ce qui était considéré comme une politique macro-économique appropriée sera ipso facto appropriée pour la réduction de la pauvreté. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, l’impact potentiel de la privatisation sur l’emploi et les inégalités a été malheureusement négligé. D’ailleurs, les études qui tentent d’évaluer à l’échelle macroéconomique l’impact social de la privatisation sont quasi-inexistantes.Cette étude a pour objet de combler ces lacunes. Plus précisément, l’étude vise à jauger l’impact social de la privatisation à travers ses effets sur l’emploi et les inégalités. Elle vise également à évaluer l’impact de la privatisation sur la taille et la liquidité des marchés boursiers. Cette étude est composée de deux grandes parties. Une première partie a trait à l’impact de la privatisation sur le développement du marché boursier. Dans une première section, l’accent est focalisé sur les effets micro et macro de la privatisation ainsi que sur la relation entre la privatisation et la croissance tout en s’attardant sur les fondements théoriques de la relation entre la privatisation et le développement du marché boursier. La deuxième section étudie empiriquement la dynamique entre la privatisation et le développement du marché boursier. A cette fin, la méthodologie de l’économétrie des données de panel est utilisée sur un échantillon de pays appartenant à quatre régions, à savoir l’Afrique, l’Asie, l’Amérique Latine et la région MENA. La deuxième partie de l’étude étudie l’impact social de la privatisation. Sa première section procède en deux étapes. Dans un premier temps, l’effet de la privatisation sur l’emploi est analysé tandis que dans un second temps, l’impact de la privatisation sur l’inégalité est étudié. La deuxième section, quant à elle, quantifie et analyse empiriquement l’impact social de la privatisation avec ses deux aspects, inégalité et emploi. La dernière partie propose les principales implications politiques.Les résultats empiriques avancés dans cette étude indiquent que les effets de la privatisation sur les inégalités sociales sont plus ambigüs et dépendent de surcroit de la région et de la métrique utilisée. Il a été trouvé que les recettes de la privatisation ont un effet négatif sur l’inégalité lorsqu’il s’agit des pays africains ou ceux d’Amérique Latine. Leurs effets sur les pays européens ou asiatiques sont plutôt positifs. S’agissant des effets de la privatisation sur l’inégalité dans le cas des pays de la zone MENA, les résultats se sont révélés plutôt non concluants. De surcroît, ils ont montré que la privatisation est un des déterminants de la dynamique au niveau du marché de l’emploi. Il a été montré que, en moyenne, les recettes de la privatisation contribuent à baisser le niveau de chômage juste une année après la date à laquelle la privatisation a lieu. Mieux encore, les recettes générées à partir de la privatisation via le marché boursier semblent affecter négativement le marché de l’emploi et ses effets sont distribués sur les années qui suivent l’année de la privatisation.De manière générale, les résultats empiriques témoignent d’un effet positif de la privatisation sur le développement du marché boursier, car ils soulignent l’engagement des gouvernements à adopter des politiques moins risquées favorisant le libre jeu des marchés. Il convient de souligner que ces résultats doivent être interprétés en tenant compte de la méthode de privatisation suivie. Par exemple, ce n’est que très récemment que les pays africains et ceux de la zone MENA ont-ils commencé à privatiser à grande échelle. De même, la plupart des transactions effectuées étaient des ventes directes aux investisseurs, et par conséquent un nombre limité de firmes privatisées étaient réellement cotées en bourse. En revanche, dans les pays asiatiques, la privatisation a commencé depuis les années 1980, relativement plus tôt que dans n’importe quelle autre région. Par conséquent, l’effet de la privatisation sur développement du marché boursier met du temps pour se matérialiser.Les résultats empiriques ont montré également que le mode de privatisation par offre publique (OPA) n’a pas d’effets significatifs sur le développement des marchés boursiers dans toutes les régions, à l’exception de l’Asie. Ces résultats s’expliquent par le fait que les pays asiatiques ont privatisé de manière intensive par OPA contrairement à ceux d’Amérique Latine où la privatisation s’est surtout opérée via les ventes privées à des investisseurs privés ou via une combinaison de ventes privées et publiques pour la même entreprise. En Afrique, la privatisation a souvent eu lieu par OPA, mais la faible capacité d’absorption et la faible liquidité des marchés africains n’ont pas contribué à renforcer la confiance des investisseurs. La région MENA, en revanche, a misé sur une combinaison des offres de privatisation et des ventes privées, ce qui a conduit à l’émergence de plusieurs grandes entreprises dans divers secteurs.En dépit du fait que les progrès en matière de privatisation ont été perçus comme un signal clair de l’engagement des gouvernements envers les politiques axées sur le marché, les investisseurs dans bon nombre de pays et notamment ceux en voie de développement, hésitent à investir massivement dans le marché boursier. La mise en confiance des investisseurs nécessite un environnement institutionnel propice. Il convient aussi de souligner l’importance pour les gouvernements de bien choisir et respecter la séquence des réformes à entreprendre ; car, si tel n’est pas le cas, le risque que les résultats attendus soient retardés est grand.Par ailleurs, un marché boursier sous-développé conjugué à un cadre institutionnel peu propice ne facilite pas la mise en ?uvre et la réussite des OPA. L’expérience des pays asiatiques est informative à plus d’un égard. Ces pays ont réussi à mettre en place les réformes économiques nécessaires, et se sont par la suite lancés à réformer leur environnement institutionnel, et à réglementer leurs marchés boursiers. Ce n’est que lorsque les conditions nécessaires au lancement de la privatisation étaient réunies, qu’ils ont commencé à vendre des actifs publics. En somme, les conditions économiques, institutionnelles et sociales en Asie ont contribué à faire de la politique de privatisation une réussite. Mais, tel n’était pas le cas de bon nombre de pays d’Amérique Latine, à l’instar du Chili, qui se sont lancés au début des années 1980 dans de vastes programmes de privatisation. D’ailleurs, contrairement aux pays asiatiques, les pays d’Amérique Latine n’ont pas cherché à dérèglementer, à modifier les lois relatives à la compétitivité, à renforcer la protection des investisseurs ou à accroître la transparence du fonctionnement des marchés.S’agissant de la dimension sociale de la privatisation, les résultats empiriques indiquent que l’impact de la privatisation sur l’emploi (ou le chômage) dépend étroitement de la mesure de la privatisation utilisée. De surcroît, cet impact est perçu de manière différente selon les régions. Plus spécifiquement, cette étude a montré que l’accroissement des recettes de la privatisation réduit le chômage, et que l’effet du nombre de privatisations sur le taux de chômage est plutôt différé dans le temps. En moyenne, une augmentation du nombre de privatisations induit une baisse assez significative du taux de chômage dans presque toutes les régions à l’exception de l’Europe.L’un des résultats les plus importants auquel cette étude a abouti est que la méthode de privatisation semble également constituer un déterminant fondamental de la dynamique de l’emploi. En effet, utiliser la bourse comme un instrument de privatisation s’est révélé être contreproductif en termes d’emploi. Par conséquent, si l’objectif est de réduire le taux de chômage, alors la privatisation par OPA ne semble pas être la bonne méthode à suivre en dépit du fait qu’elle permet de réduire le chômage durant l’année du lancement, mais, celui-ci tend à s’accroitre les années suivantes. Un tel résultat est particulièrement vrai pour les pays africains et vient corroborer les résultats avancés par d’autres études. Par exemple, il a été montré qu’après la privatisation, les conditions nécessaires pour améliorer l’efficience et la compétitivité de la firme souvent contraignent les nouveaux propriétaires à licencier davantage. Le problème du sureffectif, souvent considéré comme le dénominateur commun à tous les pays en développement où la majorité des firmes sont spécialisées dans des domaines non techniques, pourrait expliquer dans une large mesure l’augmentation du chômage durant les années suivant l’année d’émission.Afin d’atténuer les effets négatifs de la privatisation sur l’emploi, l’Etat qui envisage de privatiser devrait mettre en place les relais nécessaires et réaliser une sélection des objectifs. Des politiques d’accompagnement telles que la création de fonds de provisions spéciales visant à dédommager les travailleurs licenciés doivent être utilisées sans pour autant générer trop de pression politique et sans accroitre la dominance fiscale. L’Etat doit mettre en place des mesures d’accompagnement pour réduire autant que possible les coûts (social et politique) associés à la privatisation (mesures de réinsertion, indemnités,?). D’autres mesures d’accompagnement peuvent être envisagées; l’Etat pourraient entreprendre des politiques d’incitations consistant à encourager la participation volontaire au lieu de supprimer des emplois; il peut également créer des fonds spéciaux pour couvrir les coûts liés aux retraites anticipées ou au transfert des employés des postes redondants; ces fonds devraient être utilisés afin de couvrir les coûts liés à la formation professionnelle et à la mise à niveau technique des travailleurs licenciés qui souhaitent monter leurs propres affaires.Du côté de l’inégalité, l’analyse a permis de montrer que les recettes de la privatisation contribuent à réduire les inégalités seulement lorsque les conditions institutionnelles sont propices et que le niveau des inégalités est aussi faible que ceux des pays de l’Europe ou de l’Asie. Gérer les recettes de la privatisation de manière efficiente et efficace est une condition nécessaire, mais loin d’être suffisante pour limiter les effets négatifs de la privatisation sur aussi bien les finances publiques que sur la croissance et l’inégalité des revenus.Les efforts des responsables politiques doivent être recentrés sur la réduction des inégalités car des inégalités larges sont synonymes de taux de pauvreté élevés que la croissance, si élevée soit-elle, se trouve dans l’impossibilité de réduire. Par exemple, une partie des recettes de la privatisation pourrait être consacrée à combattre la pauvreté. Cela permettra justement de réduire les inégalités. Mieux encore, afin de réduire davantage les inégalités, le secteur financier devrait être développé, l’épargne et l’investissement devraient être soutenus, et l’ouverture des échanges devrait être renforcée. Les résultats empiriques présentés dans cette étude indiquent clairement que la qualité des institutions contribue à réduire considérablement l’inégalité, et qu’un degré élevé de corruption contribue à l’accroitre. Par conséquent, afin de tirer le meilleur parti de la privatisation et de réduire les inégalités, il convient d’améliorer la qualité des institutions et d’éradiquer la corruption.Résumé exécutifLes pays développés et en développement, y compris les pays en transition vers l’économie de marché, reconnaissent aujourd’hui que la privatisation est un élément majeur du développement économique. La privatisation des entreprises publiques est l’un des axes de la réforme introduite par les plans d’ajustement structurels préconisés par la Banque Mondiale à la suite de la crise de l’endettement qu’à connu certains pays en développement. Ces réformes d’inspiration libérale visent l’ouverture de l’économie à la concurrence à la fois interne et externe, le renforcement du secteur privé, l’accroissement de l’épargne nationale et le désengagement de l’Etat des secteurs de la production et des services.Résumé exécutifLes pays développés et en développement, y compris les pays en transition vers l’économie de marché, reconnaissent aujourd’hui que la privatisation est un élément majeur du développement économique. La privatisation des entreprises publiques est l’un des axes de la réforme introduite par les plans d’ajustement structurels préconisés par la Banque Mondiale à la suite de la crise de l’endettement qu’à connu certains pays en développement. Ces réformes d’inspiration libérale visent l’ouverture de l’économie à la concurrence à la fois interne et externe, le renforcement du secteur privé, l’accroissement de l’épargne nationale et le désengagement de l’Etat des secteurs de la production et des services.Les débats politiques relatif à la privatisation se sont plutôt recentrés sur les aspects suivants : (i) les mécanismes de transfert des actifs au secteur privé, (ii) ce qui doit être privatisées, (iii) qui a droit d’acquérir les actifs, et (iv) la vitesse avec laquelle la privatisation devrait s’opérer. Toutefois, la question de savoir s’il faut privatiser ou non a été passée sous silence. Les décideurs politiques se sont engagés dans un processus de transition en douceur en arguant que ce qui était considéré comme une politique macro-économique appropriée sera ipso facto appropriée pour la réduction de la pauvreté. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, l’impact potentiel de la privatisation sur l’emploi et les inégalités a été malheureusement négligé. D’ailleurs, les études qui tentent d’évaluer à l’échelle macroéconomique l’impact social de la privatisation sont quasi-inexistantes.Cette étude a pour objet de combler ces lacunes. Plus précisément, l’étude vise à jauger l’impact social de la privatisation à travers ses effets sur l’emploi et les inégalités. Elle vise également à évaluer l’impact de la privatisation sur la taille et la liquidité des marchés boursiers. Cette étude est composée de deux grandes parties. Une première partie a trait à l’impact de la privatisation sur le développement du marché boursier. Dans une première section, l’accent est focalisé sur les effets micro et macro de la privatisation ainsi que sur la relation entre la privatisation et la croissance tout en s’attardant sur les fondements théoriques de la relation entre la privatisation et le développement du marché boursier. La deuxième section étudie empiriquement la dynamique entre la privatisation et le développement du marché boursier. A cette fin, la méthodologie de l’économétrie des données de panel est utilisée sur un échantillon de pays appartenant à quatre régions, à savoir l’Afrique, l’Asie, l’Amérique Latine et la région MENA. La deuxième partie de l’étude étudie l’impact social de la privatisation. Sa première section procède en deux étapes. Dans un premier temps, l’effet de la privatisation sur l’emploi est analysé tandis que dans un second temps, l’impact de la privatisation sur l’inégalité est étudié. La deuxième section, quant à elle, quantifie et analyse empiriquement l’impact social de la privatisation avec ses deux aspects, inégalité et emploi. La dernière partie propose les principales implications politiques.Les résultats empiriques avancés dans cette étude indiquent que les effets de la privatisation sur les inégalités sociales sont plus ambigüs et dépendent de surcroit de la région et de la métrique utilisée. Il a été trouvé que les recettes de la privatisation ont un effet négatif sur l’inégalité lorsqu’il s’agit des pays africains ou ceux d’Amérique Latine. Leurs effets sur les pays européens ou asiatiques sont plutôt positifs. S’agissant des effets de la privatisation sur l’inégalité dans le cas des pays de la zone MENA, les résultats se sont révélés plutôt non concluants. De surcroît, ils ont montré que la privatisation est un des déterminants de la dynamique au niveau du marché de l’emploi. Il a été montré que, en moyenne, les recettes de la privatisation contribuent à baisser le niveau de chômage juste une année après la date à laquelle la privatisation a lieu. Mieux encore, les recettes générées à partir de la privatisation via le marché boursier semblent affecter négativement le marché de l’emploi et ses effets sont distribués sur les années qui suivent l’année de la privatisation.De manière générale, les résultats empiriques témoignent d’un effet positif de la privatisation sur le développement du marché boursier, car ils soulignent l’engagement des gouvernements à adopter des politiques moins risquées favorisant le libre jeu des marchés. Il convient de souligner que ces résultats doivent être interprétés en tenant compte de la méthode de privatisation suivie. Par exemple, ce n’est que très récemment que les pays africains et ceux de la zone MENA ont-ils commencé à privatiser à grande échelle. De même, la plupart des transactions effectuées étaient des ventes directes aux investisseurs, et par conséquent un nombre limité de firmes privatisées étaient réellement cotées en bourse. En revanche, dans les pays asiatiques, la privatisation a commencé depuis les années 1980, relativement plus tôt que dans n’importe quelle autre région. Par conséquent, l’effet de la privatisation sur développement du marché boursier met du temps pour se matérialiser.Les résultats empiriques ont montré également que le mode de privatisation par offre publique (OPA) n’a pas d’effets significatifs sur le développement des marchés boursiers dans toutes les régions, à l’exception de l’Asie. Ces résultats s’expliquent par le fait que les pays asiatiques ont privatisé de manière intensive par OPA contrairement à ceux d’Amérique Latine où la privatisation s’est surtout opérée via les ventes privées à des investisseurs privés ou via une combinaison de ventes privées et publiques pour la même entreprise. En Afrique, la privatisation a souvent eu lieu par OPA, mais la faible capacité d’absorption et la faible liquidité des marchés africains n’ont pas contribué à renforcer la confiance des investisseurs. La région MENA, en revanche, a misé sur une combinaison des offres de privatisation et des ventes privées, ce qui a conduit à l’émergence de plusieurs grandes entreprises dans divers secteurs.En dépit du fait que les progrès en matière de privatisation ont été perçus comme un signal clair de l’engagement des gouvernements envers les politiques axées sur le marché, les investisseurs dans bon nombre de pays et notamment ceux en voie de développement, hésitent à investir massivement dans le marché boursier. La mise en confiance des investisseurs nécessite un environnement institutionnel propice. Il convient aussi de souligner l’importance pour les gouvernements de bien choisir et respecter la séquence des réformes à entreprendre ; car, si tel n’est pas le cas, le risque que les résultats attendus soient retardés est grand.Par ailleurs, un marché boursier sous-développé conjugué à un cadre institutionnel peu propice ne facilite pas la mise en ?uvre et la réussite des OPA. L’expérience des pays asiatiques est informative à plus d’un égard. Ces pays ont réussi à mettre en place les réformes économiques nécessaires, et se sont par la suite lancés à réformer leur environnement institutionnel, et à réglementer leurs marchés boursiers. Ce n’est que lorsque les conditions nécessaires au lancement de la privatisation étaient réunies, qu’ils ont commencé à vendre des actifs publics. En somme, les conditions économiques, institutionnelles et sociales en Asie ont contribué à faire de la politique de privatisation une réussite. Mais, tel n’était pas le cas de bon nombre de pays d’Amérique Latine, à l’instar du Chili, qui se sont lancés au début des années 1980 dans de vastes programmes de privatisation. D’ailleurs, contrairement aux pays asiatiques, les pays d’Amérique Latine n’ont pas cherché à dérèglementer, à modifier les lois relatives à la compétitivité, à renforcer la protection des investisseurs ou à accroître la transparence du fonctionnement des marchés.S’agissant de la dimension sociale de la privatisation, les résultats empiriques indiquent que l’impact de la privatisation sur l’emploi (ou le chômage) dépend étroitement de la mesure de la privatisation utilisée. De surcroît, cet impact est perçu de manière différente selon les régions. Plus spécifiquement, cette étude a montré que l’accroissement des recettes de la privatisation réduit le chômage, et que l’effet du nombre de privatisations sur le taux de chômage est plutôt différé dans le temps. En moyenne, une augmentation du nombre de privatisations induit une baisse assez significative du taux de chômage dans presque toutes les régions à l’exception de l’Europe.L’un des résultats les plus importants auquel cette étude a abouti est que la méthode de privatisation semble également constituer un déterminant fondamental de la dynamique de l’emploi. En effet, utiliser la bourse comme un instrument de privatisation s’est révélé être contreproductif en termes d’emploi. Par conséquent, si l’objectif est de réduire le taux de chômage, alors la privatisation par OPA ne semble pas être la bonne méthode à suivre en dépit du fait qu’elle permet de réduire le chômage durant l’année du lancement, mais, celui-ci tend à s’accroitre les années suivantes. Un tel résultat est particulièrement vrai pour les pays africains et vient corroborer les résultats avancés par d’autres études. Par exemple, il a été montré qu’après la privatisation, les conditions nécessaires pour améliorer l’efficience et la compétitivité de la firme souvent contraignent les nouveaux propriétaires à licencier davantage. Le problème du sureffectif, souvent considéré comme le dénominateur commun à tous les pays en développement où la majorité des firmes sont spécialisées dans des domaines non techniques, pourrait expliquer dans une large mesure l’augmentation du chômage durant les années suivant l’année d’émission.Afin d’atténuer les effets négatifs de la privatisation sur l’emploi, l’Etat qui envisage de privatiser devrait mettre en place les relais nécessaires et réaliser une sélection des objectifs. Des politiques d’accompagnement telles que la création de fonds de provisions spéciales visant à dédommager les travailleurs licenciés doivent être utilisées sans pour autant générer trop de pression politique et sans accroitre la dominance fiscale. L’Etat doit mettre en place des mesures d’accompagnement pour réduire autant que possible les coûts (social et politique) associés à la privatisation (mesures de réinsertion, indemnités,?). D’autres mesures d’accompagnement peuvent être envisagées; l’Etat pourraient entreprendre des politiques d’incitations consistant à encourager la participation volontaire au lieu de supprimer des emplois; il peut également créer des fonds spéciaux pour couvrir les coûts liés aux retraites anticipées ou au transfert des employés des postes redondants; ces fonds devraient être utilisés afin de couvrir les coûts liés à la formation professionnelle et à la mise à niveau technique des travailleurs licenciés qui souhaitent monter leurs propres affaires.Du côté de l’inégalité, l’analyse a permis de montrer que les recettes de la privatisation contribuent à réduire les inégalités seulement lorsque les conditions institutionnelles sont propices et que le niveau des inégalités est aussi faible que ceux des pays de l’Europe ou de l’Asie. Gérer les recettes de la privatisation de manière efficiente et efficace est une condition nécessaire, mais loin d’être suffisante pour limiter les effets négatifs de la privatisation sur aussi bien les finances publiques que sur la croissance et l’inégalité des revenus.Les efforts des responsables politiques doivent être recentrés sur la réduction des inégalités car des inégalités larges sont synonymes de taux de pauvreté élevés que la croissance, si élevée soit-elle, se trouve dans l’impossibilité de réduire. Par exemple, une partie des recettes de la privatisation pourrait être consacrée à combattre la pauvreté. Cela permettra justement de réduire les inégalités. Mieux encore, afin de réduire davantage les inégalités, le secteur financier devrait être développé, l’épargne et l’investissement devraient être soutenus, et l’ouverture des échanges devrait être renforcée. Les résultats empiriques présentés dans cette étude indiquent clairement que la qualité des institutions contribue à réduire considérablement l’inégalité, et qu’un degré élevé de corruption contribue à l’accroitre. Par conséquent, afin de tirer le meilleur parti de la privatisation et de réduire les inégalités, il convient d’améliorer la qualité des institutions et d’éradiquer la corruption.Résumé exécutifLes pays développés et en développement, y compris les pays en transition vers l’économie de marché, reconnaissent aujourd’hui que la privatisation est un élément majeur du développement économique. La privatisation des entreprises publiques est l’un des axes de la réforme introduite par les plans d’ajustement structurels préconisés par la Banque Mondiale à la suite de la crise de l’endettement qu’à connu certains pays en développement. Ces réformes d’inspiration libérale visent l’ouverture de l’économie à la concurrence à la fois interne et externe, le renforcement du secteur privé, l’accroissement de l’épargne nationale et le désengagement de l’Etat des secteurs de la production et des services.Les débats politiques relatif à la privatisation se sont plutôt recentrés sur les aspects suivants : (i) les mécanismes de transfert des actifs au secteur privé, (ii) ce qui doit être privatisées, (iii) qui a droit d’acquérir les actifs, et (iv) la vitesse avec laquelle la privatisation devrait s’opérer. Toutefois, la question de savoir s’il faut privatiser ou non a été passée sous silence. Les décideurs politiques se sont engagés dans un processus de transition en douceur en arguant que ce qui était considéré comme une politique macro-économique appropriée sera ipso facto appropriée pour la réduction de la pauvreté. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, l’impact potentiel de la privatisation sur l’emploi et les inégalités a été malheureusement négligé. D’ailleurs, les études qui tentent d’évaluer à l’échelle macroéconomique l’impact social de la privatisation sont quasi-inexistantes.Cette étude a pour objet de combler ces lacunes. Plus précisément, l’étude vise à jauger l’impact social de la privatisation à travers ses effets sur l’emploi et les inégalités. Elle vise également à évaluer l’impact de la privatisation sur la taille et la liquidité des marchés boursiers. Cette étude est composée de deux grandes parties. Une première partie a trait à l’impact de la privatisation sur le développement du marché boursier. Dans une première section, l’accent est focalisé sur les effets micro et macro de la privatisation ainsi que sur la relation entre la privatisation et la croissance tout en s’attardant sur les fondements théoriques de la relation entre la privatisation et le développement du marché boursier. La deuxième section étudie empiriquement la dynamique entre la privatisation et le développement du marché boursier. A cette fin, la méthodologie de l’économétrie des données de panel est utilisée sur un échantillon de pays appartenant à quatre régions, à savoir l’Afrique, l’Asie, l’Amérique Latine et la région MENA. La deuxième partie de l’étude étudie l’impact social de la privatisation. Sa première section procède en deux étapes. Dans un premier temps, l’effet de la privatisation sur l’emploi est analysé tandis que dans un second temps, l’impact de la privatisation sur l’inégalité est étudié. La deuxième section, quant à elle, quantifie et analyse empiriquement l’impact social de la privatisation avec ses deux aspects, inégalité et emploi. La dernière partie propose les principales implications politiques.Les résultats empiriques avancés dans cette étude indiquent que les effets de la privatisation sur les inégalités sociales sont plus ambigüs et dépendent de surcroit de la région et de la métrique utilisée. Il a été trouvé que les recettes de la privatisation ont un effet négatif sur l’inégalité lorsqu’il s’agit des pays africains ou ceux d’Amérique Latine. Leurs effets sur les pays européens ou asiatiques sont plutôt positifs. S’agissant des effets de la privatisation sur l’inégalité dans le cas des pays de la zone MENA, les résultats se sont révélés plutôt non concluants. De surcroît, ils ont montré que la privatisation est un des déterminants de la dynamique au niveau du marché de l’emploi. Il a été montré que, en moyenne, les recettes de la privatisation contribuent à baisser le niveau de chômage juste une année après la date à laquelle la privatisation a lieu. Mieux encore, les recettes générées à partir de la privatisation via le marché boursier semblent affecter négativement le marché de l’emploi et ses effets sont distribués sur les années qui suivent l’année de la privatisation.De manière générale, les résultats empiriques témoignent d’un effet positif de la privatisation sur le développement du marché boursier, car ils soulignent l’engagement des gouvernements à adopter des politiques moins risquées favorisant le libre jeu des marchés. Il convient de souligner que ces résultats doivent être interprétés en tenant compte de la méthode de privatisation suivie. Par exemple, ce n’est que très récemment que les pays africains et ceux de la zone MENA ont-ils commencé à privatiser à grande échelle. De même, la plupart des transactions effectuées étaient des ventes directes aux investisseurs, et par conséquent un nombre limité de firmes privatisées étaient réellement cotées en bourse. En revanche, dans les pays asiatiques, la privatisation a commencé depuis les années 1980, relativement plus tôt que dans n’importe quelle autre région. Par conséquent, l’effet de la privatisation sur développement du marché boursier met du temps pour se matérialiser.Les résultats empiriques ont montré également que le mode de privatisation par offre publique (OPA) n’a pas d’effets significatifs sur le développement des marchés boursiers dans toutes les régions, à l’exception de l’Asie. Ces résultats s’expliquent par le fait que les pays asiatiques ont privatisé de manière intensive par OPA contrairement à ceux d’Amérique Latine où la privatisation s’est surtout opérée via les ventes privées à des investisseurs privés ou via une combinaison de ventes privées et publiques pour la même entreprise. En Afrique, la privatisation a souvent eu lieu par OPA, mais la faible capacité d’absorption et la faible liquidité des marchés africains n’ont pas contribué à renforcer la confiance des investisseurs. La région MENA, en revanche, a misé sur une combinaison des offres de privatisation et des ventes privées, ce qui a conduit à l’émergence de plusieurs grandes entreprises dans divers secteurs.En dépit du fait que les progrès en matière de privatisation ont été perçus comme un signal clair de l’engagement des gouvernements envers les politiques axées sur le marché, les investisseurs dans bon nombre de pays et notamment ceux en voie de développement, hésitent à investir massivement dans le marché boursier. La mise en confiance des investisseurs nécessite un environnement institutionnel propice. Il convient aussi de souligner l’importance pour les gouvernements de bien choisir et respecter la séquence des réformes à entreprendre ; car, si tel n’est pas le cas, le risque que les résultats attendus soient retardés est grand.Par ailleurs, un marché boursier sous-développé conjugué à un cadre institutionnel peu propice ne facilite pas la mise en ?uvre et la réussite des OPA. L’expérience des pays asiatiques est informative à plus d’un égard. Ces pays ont réussi à mettre en place les réformes économiques nécessaires, et se sont par la suite lancés à réformer leur environnement institutionnel, et à réglementer leurs marchés boursiers. Ce n’est que lorsque les conditions nécessaires au lancement de la privatisation étaient réunies, qu’ils ont commencé à vendre des actifs publics. En somme, les conditions économiques, institutionnelles et sociales en Asie ont contribué à faire de la politique de privatisation une réussite. Mais, tel n’était pas le cas de bon nombre de pays d’Amérique Latine, à l’instar du Chili, qui se sont lancés au début des années 1980 dans de vastes programmes de privatisation. D’ailleurs, contrairement aux pays asiatiques, les pays d’Amérique Latine n’ont pas cherché à dérèglementer, à modifier les lois relatives à la compétitivité, à renforcer la protection des investisseurs ou à accroître la transparence du fonctionnement des marchés.S’agissant de la dimension sociale de la privatisation, les résultats empiriques indiquent que l’impact de la privatisation sur l’emploi (ou le chômage) dépend étroitement de la mesure de la privatisation utilisée. De surcroît, cet impact est perçu de manière différente selon les régions. Plus spécifiquement, cette étude a montré que l’accroissement des recettes de la privatisation réduit le chômage, et que l’effet du nombre de privatisations sur le taux de chômage est plutôt différé dans le temps. En moyenne, une augmentation du nombre de privatisations induit une baisse assez significative du taux de chômage dans presque toutes les régions à l’exception de l’Europe.L’un des résultats les plus importants auquel cette étude a abouti est que la méthode de privatisation semble également constituer un déterminant fondamental de la dynamique de l’emploi. En effet, utiliser la bourse comme un instrument de privatisation s’est révélé être contreproductif en termes d’emploi. Par conséquent, si l’objectif est de réduire le taux de chômage, alors la privatisation par OPA ne semble pas être la bonne méthode à suivre en dépit du fait qu’elle permet de réduire le chômage durant l’année du lancement, mais, celui-ci tend à s’accroitre les années suivantes. Un tel résultat est particulièrement vrai pour les pays africains et vient corroborer les résultats avancés par d’autres études. Par exemple, il a été montré qu’après la privatisation, les conditions nécessaires pour améliorer l’efficience et la compétitivité de la firme souvent contraignent les nouveaux propriétaires à licencier davantage. Le problème du sureffectif, souvent considéré comme le dénominateur commun à tous les pays en développement où la majorité des firmes sont spécialisées dans des domaines non techniques, pourrait expliquer dans une large mesure l’augmentation du chômage durant les années suivant l’année d’émission.Afin d’atténuer les effets négatifs de la privatisation sur l’emploi, l’Etat qui envisage de privatiser devrait mettre en place les relais nécessaires et réaliser une sélection des objectifs. Des politiques d’accompagnement telles que la création de fonds de provisions spéciales visant à dédommager les travailleurs licenciés doivent être utilisées sans pour autant générer trop de pression politique et sans accroitre la dominance fiscale. L’Etat doit mettre en place des mesures d’accompagnement pour réduire autant que possible les coûts (social et politique) associés à la privatisation (mesures de réinsertion, indemnités,?). D’autres mesures d’accompagnement peuvent être envisagées; l’Etat pourraient entreprendre des politiques d’incitations consistant à encourager la participation volontaire au lieu de supprimer des emplois; il peut également créer des fonds spéciaux pour couvrir les coûts liés aux retraites anticipées ou au transfert des employés des postes redondants; ces fonds devraient être utilisés afin de couvrir les coûts liés à la formation professionnelle et à la mise à niveau technique des travailleurs licenciés qui souhaitent monter leurs propres affaires.Du côté de l’inégalité, l’analyse a permis de montrer que les recettes de la privatisation contribuent à réduire les inégalités seulement lorsque les conditions institutionnelles sont propices et que le niveau des inégalités est aussi faible que ceux des pays de l’Europe ou de l’Asie. Gérer les recettes de la privatisation de manière efficiente et efficace est une condition nécessaire, mais loin d’être suffisante pour limiter les effets négatifs de la privatisation sur aussi bien les finances publiques que sur la croissance et l’inégalité des revenus.Les efforts des responsables politiques doivent être recentrés sur la réduction des inégalités car des inégalités larges sont synonymes de taux de pauvreté élevés que la croissance, si élevée soit-elle, se trouve dans l’impossibilité de réduire. Par exemple, une partie des recettes de la privatisation pourrait être consacrée à combattre la pauvreté. Cela permettra justement de réduire les inégalités. Mieux encore, afin de réduire davantage les inégalités, le secteur financier devrait être développé, l’épargne et l’investissement devraient être soutenus, et l’ouverture des échanges devrait être renforcée. Les résultats empiriques présentés dans cette étude indiquent clairement que la qualité des institutions contribue à réduire considérablement l’inégalité, et qu’un degré élevé de corruption contribue à l’accroitre. Par conséquent, afin de tirer le meilleur parti de la privatisation et de réduire les inégalités, il convient d’améliorer la qualité des institutions et d’éradiquer la corruptionRésumé exécutifLes pays développés et en développement, y compris les pays en transition vers l’économie de marché, reconnaissent aujourd’hui que la privatisation est un élément majeur du développement économique. La privatisation des entreprises publiques est l’un des axes de la réforme introduite par les plans d’ajustement structurels préconisés par la Banque Mondiale à la suite de la crise de l’endettement qu’à connu certains pays en développement. Ces réformes d’inspiration libérale visent l’ouverture de l’économie à la concurrence à la fois interne et externe, le renforcement du secteur privé, l’accroissement de l’épargne nationale et le désengagement de l’Etat des secteurs de la production et des services.Les débats politiques relatif à la privatisation se sont plutôt recentrés sur les aspects suivants : (i) les mécanismes de transfert des actifs au secteur privé, (ii) ce qui doit être privatisées, (iii) qui a droit d’acquérir les actifs, et (iv) la vitesse avec laquelle la privatisation devrait s’opérer. Toutefois, la question de savoir s’il faut privatiser ou non a été passée sous silence. Les décideurs politiques se sont engagés dans un processus de transition en douceur en arguant que ce qui était considéré comme une politique macro-économique appropriée sera ipso facto appropriée pour la réduction de la pauvreté. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, l’impact potentiel de la privatisation sur l’emploi et les inégalités a été malheureusement négligé. D’ailleurs, les études qui tentent d’évaluer à l’échelle macroéconomique l’impact social de la privatisation sont quasi-inexistantes.Cette étude a pour objet de combler ces lacunes. Plus précisément, l’étude vise à jauger l’impact social de la privatisation à travers ses effets sur l’emploi et les inégalités. Elle vise également à évaluer l’impact de la privatisation sur la taille et la liquidité des marchés boursiers. Cette étude est composée de deux grandes parties. Une première partie a trait à l’impact de la privatisation sur le développement du marché boursier. Dans une première section, l’accent est focalisé sur les effets micro et macro de la privatisation ainsi que sur la relation entre la privatisation et la croissance tout en s’attardant sur les fondements théoriques de la relation entre la privatisation et le développement du marché boursier. La deuxième section étudie empiriquement la dynamique entre la privatisation et le développement du marché boursier. A cette fin, la méthodologie de l’économétrie des données de panel est utilisée sur un échantillon de pays appartenant à quatre régions, à savoir l’Afrique, l’Asie, l’Amérique Latine et la région MENA. La deuxième partie de l’étude étudie l’impact social de la privatisation. Sa première section procède en deux étapes. Dans un premier temps, l’effet de la privatisation sur l’emploi est analysé tandis que dans un second temps, l’impact de la privatisation sur l’inégalité est étudié. La deuxième section, quant à elle, quantifie et analyse empiriquement l’impact social de la privatisation avec ses deux aspects, inégalité et emploi. La dernière partie propose les principales implications politiques.Les résultats empiriques avancés dans cette étude indiquent que les effets de la privatisation sur les inégalités sociales sont plus ambigüs et dépendent de surcroit de la région et de la métrique utilisée. Il a été trouvé que les recettes de la privatisation ont un effet négatif sur l’inégalité lorsqu’il s’agit des pays africains ou ceux d’Amérique Latine. Leurs effets sur les pays européens ou asiatiques sont plutôt positifs. S’agissant des effets de la privatisation sur l’inégalité dans le cas des pays de la zone MENA, les résultats se sont révélés plutôt non concluants. De surcroît, ils ont montré que la privatisation est un des déterminants de la dynamique au niveau du marché de l’emploi. Il a été montré que, en moyenne, les recettes de la privatisation contribuent à baisser le niveau de chômage juste une année après la date à laquelle la privatisation a lieu. Mieux encore, les recettes générées à partir de la privatisation via le marché boursier semblent affecter négativement le marché de l’emploi et ses effets sont distribués sur les années qui suivent l’année de la privatisation.De manière générale, les résultats empiriques témoignent d’un effet positif de la privatisation sur le développement du marché boursier, car ils soulignent l’engagement des gouvernements à adopter des politiques moins risquées favorisant le libre jeu des marchés. Il convient de souligner que ces résultats doivent être interprétés en tenant compte de la méthode de privatisation suivie. Par exemple, ce n’est que très récemment que les pays africains et ceux de la zone MENA ont-ils commencé à privatiser à grande échelle. De même, la plupart des transactions effectuées étaient des ventes directes aux investisseurs, et par conséquent un nombre limité de firmes privatisées étaient réellement cotées en bourse. En revanche, dans les pays asiatiques, la privatisation a commencé depuis les années 1980, relativement plus tôt que dans n’importe quelle autre région. Par conséquent, l’effet de la privatisation sur développement du marché boursier met du temps pour se matérialiser.Les résultats empiriques ont montré également que le mode de privatisation par offre publique (OPA) n’a pas d’effets significatifs sur le développement des marchés boursiers dans toutes les régions, à l’exception de l’Asie. Ces résultats s’expliquent par le fait que les pays asiatiques ont privatisé de manière intensive par OPA contrairement à ceux d’Amérique Latine où la privatisation s’est surtout opérée via les ventes privées à des investisseurs privés ou via une combinaison de ventes privées et publiques pour la même entreprise. En Afrique, la privatisation a souvent eu lieu par OPA, mais la faible capacité d’absorption et la faible liquidité des marchés africains n’ont pas contribué à renforcer la confiance des investisseurs. La région MENA, en revanche, a misé sur une combinaison des offres de privatisation et des ventes privées, ce qui a conduit à l’émergence de plusieurs grandes entreprises dans divers secteurs.En dépit du fait que les progrès en matière de privatisation ont été perçus comme un signal clair de l’engagement des gouvernements envers les politiques axées sur le marché, les investisseurs dans bon nombre de pays et notamment ceux en voie de développement, hésitent à investir massivement dans le marché boursier. La mise en confiance des investisseurs nécessite un environnement institutionnel propice. Il convient aussi de souligner l’importance pour les gouvernements de bien choisir et respecter la séquence des réformes à entreprendre ; car, si tel n’est pas le cas, le risque que les résultats attendus soient retardés est grand.Par ailleurs, un marché boursier sous-développé conjugué à un cadre institutionnel peu propice ne facilite pas la mise en ?uvre et la réussite des OPA. L’expérience des pays asiatiques est informative à plus d’un égard. Ces pays ont réussi à mettre en place les réformes économiques nécessaires, et se sont par la suite lancés à réformer leur environnement institutionnel, et à réglementer leurs marchés boursiers. Ce n’est que lorsque les conditions nécessaires au lancement de la privatisation étaient réunies, qu’ils ont commencé à vendre des actifs publics. En somme, les conditions économiques, institutionnelles et sociales en Asie ont contribué à faire de la politique de privatisation une réussite. Mais, tel n’était pas le cas de bon nombre de pays d’Amérique Latine, à l’instar du Chili, qui se sont lancés au début des années 1980 dans de vastes programmes de privatisation. D’ailleurs, contrairement aux pays asiatiques, les pays d’Amérique Latine n’ont pas cherché à dérèglementer, à modifier les lois relatives à la compétitivité, à renforcer la protection des investisseurs ou à accroître la transparence du fonctionnement des marchés.S’agissant de la dimension sociale de la privatisation, les résultats empiriques indiquent que l’impact de la privatisation sur l’emploi (ou le chômage) dépend étroitement de la mesure de la privatisation utilisée. De surcroît, cet impact est perçu de manière différente selon les régions. Plus spécifiquement, cette étude a montré que l’accroissement des recettes de la privatisation réduit le chômage, et que l’effet du nombre de privatisations sur le taux de chômage est plutôt différé dans le temps. En moyenne, une augmentation du nombre de privatisations induit une baisse assez significative du taux de chômage dans presque toutes les régions à l’exception de l’Europe.L’un des résultats les plus importants auquel cette étude a abouti est que la méthode de privatisation semble également constituer un déterminant fondamental de la dynamique de l’emploi. En effet, utiliser la bourse comme un instrument de privatisation s’est révélé être contreproductif en termes d’emploi. Par conséquent, si l’objectif est de réduire le taux de chômage, alors la privatisation par OPA ne semble pas être la bonne méthode à suivre en dépit du fait qu’elle permet de réduire le chômage durant l’année du lancement, mais, celui-ci tend à s’accroitre les années suivantes. Un tel résultat est particulièrement vrai pour les pays africains et vient corroborer les résultats avancés par d’autres études. Par exemple, il a été montré qu’après la privatisation, les conditions nécessaires pour améliorer l’efficience et la compétitivité de la firme souvent contraignent les nouveaux propriétaires à licencier davantage. Le problème du sureffectif, souvent considéré comme le dénominateur commun à tous les pays en développement où la majorité des firmes sont spécialisées dans des domaines non techniques, pourrait expliquer dans une large mesure l’augmentation du chômage durant les années suivant l’année d’émission.Afin d’atténuer les effets négatifs de la privatisation sur l’emploi, l’Etat qui envisage de privatiser devrait mettre en place les relais nécessaires et réaliser une sélection des objectifs. Des politiques d’accompagnement telles que la création de fonds de provisions spéciales visant à dédommager les travailleurs licenciés doivent être utilisées sans pour autant générer trop de pression politique et sans accroitre la dominance fiscale. L’Etat doit mettre en place des mesures d’accompagnement pour réduire autant que possible les coûts (social et politique) associés à la privatisation (mesures de réinsertion, indemnités,?). D’autres mesures d’accompagnement peuvent être envisagées; l’Etat pourraient entreprendre des politiques d’incitations consistant à encourager la participation volontaire au lieu de supprimer des emplois; il peut également créer des fonds spéciaux pour couvrir les coûts liés aux retraites anticipées ou au transfert des employés des postes redondants; ces fonds devraient être utilisés afin de couvrir les coûts liés à la formation professionnelle et à la mise à niveau technique des travailleurs licenciés qui souhaitent monter leurs propres affaires.Du côté de l’inégalité, l’analyse a permis de montrer que les recettes de la privatisation contribuent à réduire les inégalités seulement lorsque les conditions institutionnelles sont propices et que le niveau des inégalités est aussi faible que ceux des pays de l’Europe ou de l’Asie. Gérer les recettes de la privatisation de manière efficiente et efficace est une condition nécessaire, mais loin d’être suffisante pour limiter les effets négatifs de la privatisation sur aussi bien les finances publiques que sur la croissance et l’inégalité des revenus.Les efforts des responsables politiques doivent être recentrés sur la réduction des inégalités car des inégalités larges sont synonymes de taux de pauvreté élevés que la croissance, si élevée soit-elle, se trouve dans l’impossibilité de réduire. Par exemple, une partie des recettes de la privatisation pourrait être consacrée à combattre la pauvreté. Cela permettra justement de réduire les inégalités. Mieux encore, afin de réduire davantage les inégalités, le secteur financier devrait être développé, l’épargne et l’investissement devraient être soutenus, et l’ouverture des échanges devrait être renforcée. Les résultats empiriques présentés dans cette étude indiquent clairement que la qualité des institutions contribue à réduire considérablement l’inégalité, et qu’un degré élevé de corruption contribue à l’accroitre. Par conséquent, afin de tirer le meilleur parti de la privatisation et de réduire les inégalités, il convient d’améliorer la qualité des institutions et d’éradiquer la corruption.