Papier de Conférence no.2: Améliorer la Création de l’Emplois Décents et l’Accès au Financement pour les Jeunes : Formalisation de l’Emploi et l’Inclusion Financière Favorisent la Croissance dans les pays MENA

FEMConfPaper2-2024 | Août 2024

Titre

« FEMISE Conference paper No2. Enhancing Decent Jobs Creation and Access to Funding for Youth: Employment Formalisation and Financial Inclusion Foster Growth in MENA Countries »

Par

Philippe Adair, ERUDITE Fellow, Emeritus Professor of Economics, University Paris-Est Créteil, France; Imène Berguiga, IHEC, Associate Professor of Finance, University of Sousse, Tunisia; and Adrien Frontenaud, Statistical Office expert, France

Contributeurs

Note :

Ce document a été soumis et accepté pour présentation à la conférence annuelle FEMISE 2023, « Shifting Paradigms : Opportunities for a Deeper EU-Mediterranean Integration in a Changing World », Barcelone, Espagne, 27-29 septembre 2023 sous le thème : Une zone euro-méditerranéenne mieux intégrée. Le document a été évalué et examiné par des experts, dont les contributions sont grandement appréciées. La version révisée a été acceptée pour publication dans la série FEMISE Conference Paper. Les opinions et le contenu de ce document engagent la seule responsabilité des auteurs et ne peuvent en aucun cas être considérés comme reflétant la position du FEMISE, de l'IEMed ou de l'AECID.

Résumé :

L’emploi informel (informalité) et l’exclusion financière sont liés et nuisent à la croissance inclusive. L’informalité se traduit par une faible productivité, qui entrave la croissance et détériore le bien-être des travailleurs. L’exclusion financière ralentit l’épargne et la consommation des ménages, détériore le bien-être et freine la croissance des microentreprises (informelles) en raison du manque de fonds de roulement. Par conséquent, promouvoir la formalisation et l’inclusion financière sont deux moyens conjoints de favoriser l’autonomisation économique des jeunes, en particulier des femmes.

Dans les pays de la région MENA où l’informalité dépasse 50% de la population active, 24% de la population est âgée de 15 à 29 ans et le chômage est le plus élevé au monde, tandis que la participation des femmes à la population active est la plus faible. Deux jeunes sur trois sont financièrement exclus.

Cette note examine les trois questions suivantes qui sont liées concernant la croissance inclusive des jeunes de la région MENA. Pourquoi les jeunes (i) sont-ils confrontés à l’emploi informel et au chômage omniprésents, et (ii) manquent d’inclusion financière? (iii) Quelles sont les politiques pertinentes pour formaliser l’informalité et promouvoir l’inclusion financière ?

La première section traite de la dynamique de l’emploi en termes de transitions entre emploi, chômage et inactivité en Égypte et en Jordanie des jeunes âgés de 15-34 ans. Les catégories d’emploi comprennent l’emploi salarié formel/informel et l’emploi non-salarié formel/informel. Les régressions logistiques portent sur les caractéristiques individuelles (genre et éducation) et les secteurs ; elles abordent la qualité de l’emploi. En Égypte, les emplois informels et la faible mobilité professionnelle sont persistants, tandis que les mouvements vers la formalité, l’emploi non salarié, le chômage et l’inactivité dépendent du sexe. En Jordanie, la dynamique du marché du travail est fortement affectée par l’inactivité féminine.

La deuxième section est consacrée à l’inclusion financière des jeunes de 15-34 ans en Égypte, Jordanie et Tunisie pour 2014, 2017 et 2021. Deux régressions probit portent sur l’inclusion financière relative à la détention de comptes et l’utilisation de services numériques (fintechs). Selon les résultats, avant la pandémie, les jeunes salariés et les entrepreneurs sont financièrement inclus. Pendant la pandémie, l’écart entre les sexes sur le plan financier diminue, tandis qu’il n’y a pas d’écart d’âge pour l’utilisation des technologies financières. Cependant, les variables de genre et de pays diminuent la détention de comptes par les jeunes entrepreneurs, tandis que les revenus moyens et le faible niveau d’éducation réduisent l’utilisation des fintechs.

Dans la troisième section, la segmentation persistante du marché du travail est mise en évidence par les écarts de revenu concernant le sexe et la situation d’emploi. Les politiques de formalisation recouvrent celles qui exercent une influence (stratégies de croissance et d’éducation) par rapport à celles qui poursuivent des objectifs de formalisation explicites, utilisant des vecteurs transversaux (application des réglementations du travail et protection sociale), ciblant des catégories (microentreprises), et plaçant les travailleurs dans le champ d’application des réglementations du travail (jeunes entrepreneurs, travailleuses). Les dispositifs incluent des incitations relatives à la protection sociale, la formation professionnelle et les services financiers qui s’avèrent efficaces, ainsi que l’application de la loi et de la réglementation. L’évaluation d’impact affiche des résultats plutôt modestes. L’UE peut apporter son aide à divers égards.

Il faut observer que cette note utilise à la fois des ensembles de données de panel représentatifs de l’Égypte (2012-2018) et la Jordanie (2010-2016) ainsi que des enquêtes transversales représentatives des deux pays susmentionnés, et de la Tunisie, qui a visé les mêmes catégories de jeunes dans une période similaire au cours des années 2010.

Mots-clés : entrepreneuriat, évaluation d’impact, genre, inclusion financière, mobilité professionnelle, politiques de formalisation, régressions logistiques, régressions probits, segmentation du marché du travail.