De la nécessité de valoriser la formation professionnelle en Egypte

L’université, considérée comme la voie royale en Egypte, a contribué à former ces dernières années bien trop d’étudiants par rapport aux besoins du marché de l’emploi. L’enseignement technique souffre d’un déficit d’image et n’attire pas les jeunes. Pourtant, selon le dernier rapport du Femise, il mériterait d’être valorisé au regard de sa pertinence sur le marché du travail.

a refonte de l’enseignement technique pourrait contribuer à promouvoir la mobilité sociale et l’équité.

Sur 90 millions d’habitants, l’Egypte compte actuellement 2,5 millions d’étudiants. Sur les bancs de l’université, les effectifs ont bondi de 20% en quatre ans. Le budget consacré à l’enseignement supérieur est passé de 18 mds de livres en 2013/2014 à 21mds en 2015/2016 (soit un milliard d’euros).

Certes, l’enseignement supérieur joue un rôle clé dans les pays en voie de développement. Mais faut-il pour autant tout miser sur l’université quand c’est d’ouvriers qualifiés dont manque l’Egypte ? La formation professionnelle ne constitue-t-elle pas elle aussi un facteur de réduction des inégalités ?

Le Femise pose ces questions dans son tout denier rapport (FEM 42-10) publié en mars 2018 et intitulé « Inégalité et croissance inclusive : L’éducation et l’innovation favorisent-elles la performance des entreprises et le bien-être ? » en trois volets. Le premier, coordonné par  l’économiste Inmaculada Martinez-Zarzoso (Universités Jaume I en Espagne ) en collaboration avec Javier Ordonez de la même Université et Dr. Mona Said de l’université Américaine du Caire, analyse l’enseignement secondaire professionnel et technique en Egypte en 1998, 2006 et 2012.

Le Femise part d’un constat : « La fracture de l’enseignement professionnel général résulte d’un phénomène de lutte de classe. L’élite relègue les membres de la «classe inférieure» aux écoles techniques ». Dans l’industrie, la pénurie de techniciens freine le développement des entreprises.

 

Faire coller la formation professionnelle aux besoins des entreprises

Malgré l’effort du gouvernement pour encourager l’éducation technique, le nombre d’étudiants a baissé de 3% en 2012. Selon l’étude, ce phénomène s’explique par le  niveau assez bas du rendement de l’éducation technique, qui continue à baisser comparé aux rendements de l’éducation universitaire (surtout pour les hommes dans le secteur public). Pour les femmes, le rendement de l’éducation est encore plus bas dans le secteur public et le secteur privé quelle que soit leur éducation. A noter cependant un écart moindre homme-femme dans le secteur privé.

La refonte de l’enseignement technique pourrait contribuer à promouvoir la mobilité sociale et l’équité. « La qualité et la pertinence de l’enseignement professionnel sont  les clés d’une réforme efficace. Le marché du travail manque d’ouvriers qualifiés. Les parcours techniques souffrent d’une stigmatisation sociale », souligne le rapport. Il est grand temps de revaloriser l’image de l’enseignement professionnel, estime le Femise. Les apprentis, peu considérés, sont généralement mal payés. Le projet de développement des compétences, grâce à l’appui de la Banque mondiale, fait directement bénéficier les entreprises égyptiennes de plans de formation professionnelle.
Le Femise suggère de resserrer les partenariats entre les établissements de formation et les entreprises grâce au soutien financier de l’Union européenne. Mais, « encourager les entreprises privées à investir dans l’enseignement professionnel ne sera d’aucune utilité si les stagiaires sont toujours confrontés à la stigmatisation sociale », prévient de Femise.

Accédez au rapport FEMISE en cliquant ici .

Article réalisé par en partenariat avec Econostrum 

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