Les investisseurs internationaux ont tendance à privilégier les territoires dans lesquels l’investissement local est déjà élevé, montre une étude du Femise. Or dans les pays du Sud de la Méditerranée, l’investissement intérieur reste faible. L’explication est à chercher du côté de la qualité institutionnelle.
Dans les pays du Sud de la Méditerrané les investissements directs étrangers (IDE) restent faibles. Pour l’expliquer, des chercheurs de l’université Paris-XII, du Centre d’économie de Paris-Nord (CEPN), du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), du Centre de recherche en économie appliquée au développement (CREAD) à Alger et de la Faculté de sciences économiques et de gestion El Manar à Tunis se sont penchés sur l’articulation des IDE avec l’investissement intérieur privé, dans une étude réalisée sous l’égide du Femise (FEM31-20 à télécharger ici).
Les investisseurs internationaux ont tendance à privilégier les territoires dans lesquels l’investissement local est déjà élevé, affirment les chercheurs. S’appuyant sur un modèle économétrique portant sur 68 PED (pays émergents et en développement), ils constatent que la dynamique de l’investissement intérieur exerce « un effet d’entraînement significatif et particulièrement robuste sur les IDE », au même titre que le risque pays et le stock d’IDE existant. Les investisseurs étrangers recherchent en effet le même environnement que celui qui a entraîné les investissements locaux, « celui qui offre des perspectives de croissance et de profit suffisantes ».
La qualité institutionnelle accroit l’investissement domestique
D’où l’idée de privilégier les politiques de stimulation de l’investissement intérieur, qui reste relativement faible dans les pays du Sud de la Méditerranée. Les chercheurs expliquent cette situation par l’influence des facteurs institutionnels. Selon eux, une meilleure qualité institutionnelle engendre plus d’investissement domestique, de croissance et de stabilité économique.
L’étude cite l’exemple de l’Algérie qui, malgré sa rente pétrolière, reste pénalisée dans sa croissance par le retard pris par les réformes des institutions et son « climat des affaires « . A l’inverse, en Tunisie, pays caractérisé par « la stabilité politique et sociale, les performances économiques et l’amélioration de l’environnement des affaires », les IDE représentent 10 % des investissements productifs, génèrent le tiers des exportations et engendrent de 15% des emplois.
« Pour résumer, un pays plus consensuel, ayant une meilleure gouvernance publique, faiblement corrompu, plus ouvert internationalement et ayant des institutions financières développées, sera, toutes choses égales par ailleurs, un pays avec un investissement national élevé », conclue l’étude.
Reste à savoir quelles institutions devraient être aménagées pour favoriser, encore plus, l’investissement domestique dans les pays émergents et en développement. L’étude laisse la question ouverte.
(photo DR/Econostrum)
Article de Marie-Pierre Vega, Econostrum. L’article fait partie d’une série d’articles conjoints réalisés dans le cadre d’un partenariat entre Femise et Econostrum pour l’année 2010, qui alimenteront également la rubrique « Réflexion Méditerranéenne » du site d’information Econostrum. Vous pouvez retrouver cette rubrique et toutes les informations à l’adresse suivante : www.econostrum.info. L’inscription à la newsletter d’econostrum est accessible par : http://www.econostrum.info/subscription/