Quelles ont été les avancées depuis le processus de Barcelone engagé voici quinze ans et de quelles marges disposent les pays signataires ? L’étude du Femise intitulée « Le partenariat Euro-Méditerranéen à la croisée des chemins », passe tous les pays concernés au crible.
Où en sommes-nous ? Quinze ans après le processus de Barcelone, les tarifs douaniers des biens européens importés sur la rive Sud restent toujours aussi élevés, alors que l’Europe n’ouvre toujours pas ses frontières aux fruits et légumes cultivés dans les pays du Maghreb.
La libéralisation des services n’est pas au rendez-vous et de grandes marges de progrès existent dans le domaine de l’économie de la connaissance. Le premier chapitre du «Partenariat Euro-Méditerranéen à la croisée des chemins», dernier ouvrage du Femise publié en novembre 2010, pointe du doigt le manque de transparence de la gouvernance. Le soulèvement du peuple tunisien à l’encontre du président Ben Ali et de la famille Trabelsi vient justement étayer cette thèse.
Améliorer le système de santé et l’éducation
Les économistes du Femise se sont également penchés sur les flux de capitaux entre 2004 et 2009. Investissements directs étrangers (IDE) et flux de capitaux apparaissent très limités en raison justement de cette corruption de la gouvernance, de l’instabilité politique.
« Le secteur financier doit faire l’objet de réformes. Les établissements bancaires jouent un rôle crucial pour le développement économique car il s’agit de la principale source de financement du secteur privé », écrivent les économistes du Femise. Ils prônent la nécessité d’une intégration financière dans la région Euromed pour faciliter la mobilité des flux. « Les banques centrales de Méditerranée doivent renforcer la coordination de leur politique monétaire », ajoutent-ils.
De plus, l’absence de places boursières constitue un frein au développement, à la croissance. Impossible de lever des fonds dans ces conditions.
Avant la crise tunisienne, les experts prédisaient pour 2011 une baisse des exportations, une chute des dépôts et un fort ralentissement des IDE. A présent, s’ajoute le risque de voir les investisseurs rapatrier leurs capitaux si la contagion gagne les autres pays du Maghreb.
En matière de mobilité de la main d’œuvre, les économistes du Femise dressent un constat d’échec et avancent les stratégies à mettre en place pour favoriser cette mobilité entre les pays méditerranéens. « Il faut intégrer les politiques migratoires au sein des stratégies de développement (…) et reconnaître les qualifications et les compétences », souligne le rapport.
Dans son dernier chapitre, le document dresse une cartographie détaillée de la pauvreté en Méditerranée (Egypte, Algérie, Tunisie, Liban, Israël, Turquie, Syrie, Maroc), des forces et des faiblesses de chaque Etat. Si certains de ces pays ont engagé des réformes importantes, il reste à résorber des foyers de pauvreté dans les zones rurales. L’amélioration du système de santé et de l’éducation pourraient les sortir de l’impasse tout comme l’amélioration de la productivité de l’agriculture.
Le “Rapport annuel du FEMISE sur le Partenariat Euroméditerranéen”, édition 2010, est disponible sur le site du Femise.
Article de Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum. L’article fait partie d’une série d’articles conjoints réalisés dans le cadre d’un partenariat entre Femise et Econostrum pour l’année 2011, qui alimentent également la rubrique « Grand Angle» du site d’information Econostrum. Vous pouvez retrouver cette rubrique et toutes les informations à l’adresse suivante : www.econostrum.info. L’inscription à la newsletter d’econostrum est accessible par :http://www.econostrum.info/subscription/