Quels effets génèrent les Investissements directs étrangers (IDE) sur la viabilité des entreprises locales et sur l’emploi ? Au terme d’une analyse de l’incidence des IDE en Turquie et en Italie, les chercheurs du Forum euroméditerranéen des instituts de Sciences économiques soulignent l’importance du secteur d’activité, de la période et du cadre institutionnel pour les entreprises bénéficiaires.
Printemps arabe et crise financière internationale ont freiné les investissements directs étrangers dans le bassin méditerranéen et accru leur volatilité. Cette réduction incite plus que jamais à mesurer leurs incidences réelles sur la dynamique des entreprises domestiques, la création d’emploi, leur productivité et leur survie afin de définir avec finesse les politiques industrielles des pays et les mécanismes d’aides aux investissements à mettre en œuvre.
Les chercheurs du Femise ont procédé à une analyse détaillée en Italie et en Turquie. Les conclusions tordent le cou à certaines idées reçues :
«Les conséquences de l’accroissement des IDE sont complexes et loin d’être exclusivement positives pour les firmes locales», nuance le rapport Femise FEM34-12, coordonné par Anna Ferragina du centre de l’économie du travail et de politique économique de Salerne (CELPE) en partenariat avec la Faculté de Sciences économiques d’Ankara (Metu).
Importance de l’intensité technologique et des réformes institutionnelles
En Turquie, les entreprises étrangères adoptent des technologies à plus forte intensité de capital, mais se désengagent plus fréquemment que les entreprises locales. En analysant deux périodes de l’économie turque (1983-2001 et 2003-2009), les chercheurs mettent en exergue l’importance du cadre institutionnel. « La première décennie, définie par certains analystes comme la « décennie perdue » est caractérisée par une extrême incertitude et des cycles en dents de scie, tandis que l’économie turque atteint une croissance élevée et stable le long des années 2000. Durant la période plus tranquille des années 2000, les avantages des firmes étrangères ont eu un impact sur la probabilité de survie ».
Dans le cas de l’Italie, la sortie du marché se révèle plus probable pour les multinationales étrangères, en particulier dans les secteurs moins intensifs en technologies et savoirs.
« L’interaction entre la présence des entreprises étrangères et la survie des entreprises domestiques est largement affectée par l’environnement technologique qui détermine la capacité d’absorption des entreprises domestiques », souligne l’étude.
« La survie des entreprises domestiques est conditionnée positivement par l’accroissement de la présence des entreprises étrangères dans la même industrie. Être un client d’une entreprise étrangère influe de manière positive sur la productivité des entreprises domestiques, et donc les entreprises italiennes peuvent bénéficier de l’acquisition de produits et service de multinationales dans les secteurs en amont, mais seulement si elles ont une forte capacité d’absorption », souligne l’étude Femise.
Pour les chercheurs, « les entreprises à faible niveau technologique n’auraient pas les moyens d’absorber les bénéfices des retombées des IDE ».
Photo : ADMI-Econostrum
Article de Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum. www.econostrum.info. Newsletter d’econostrum : http://www.econostrum.info/subscription/