Plus les investissements nationaux se développent dans un pays, plus les investisseurs étrangers sont incités à miser sur ces territoires. Une théorie avérée dans les pays du Sud de la Méditerranée selon des chercheurs du FEMISE.
Quelle est l’influence de l’investissement domestique sur les investissements directs étrangers (IDE) dans les pays du Sud de la Méditerranée ? « L’effet d’attraction de l’investissement intérieur sur l’IDE entrant est direct et robuste », expliquent Marc Lautier et François Moreau, dans un rapport (FEM31-20) remis au Femise et intitulé « Les boucles d’investissement intérieur –Investissement étranger et la croissance des pays méditerranéens ».
Dans ce rapport, les deux chercheurs établissent que l’attraction des IDE dépend de trois variables : le risque pays, le stock d’IDE existants et la dynamique d’investissement intérieure. « Les investisseurs étrangers cherchent le même environnement leurs homologues locaux, celui qui offre des perspectives de croissance et de profit suffisantes », notent les chercheurs précisant que les travaux spécifiques sur l’influence de l’investissement intérieur sur les IDE sont rares.
Effet moteur des politiques nationales
Les capitaux vont donc dans les territoires où l’investissement domestique est déjà élevé. Car il « favorise aussi la baisse des coûts de transaction, la diffusion technologique, l’intensification de la division du travail et l’élargissement du potentiel de complémentarités inter-firmes,… donc, in fine, le rendement », analysent Marc Lautier et François Moreau. Dans les pays du Sud de la Méditerranée, l’investissement intérieur est faible et guère stimulé par les politiques nationales. Pourtant, la stratégie industrielle d’un gouvernement et les mesures fiscales incitatives ont un effet moteur. Ce manque d’attractivité structurelle se reflète dans la faiblesse de l’investissement intérieur dans les pays en développement (PED) et dans les pays MEDA. « La priorité accordée dans de nombreux PED aux politiques destinées à attirer les entreprises étrangères devient peu pertinente, car les déterminants de la localisation des IDE dans les PED suggèrent que la notion d’attractivité est une tautologie. Les territoires les plus attractifs sont en effet ceux qui ont les économies les plus dynamiques. L’attractivité des IDE ne peut donc constituer une stratégie de développement puisqu’elle repose sur le dynamisme préalable de l’investissement intérieur : « les IDE suivent le développement économique », souligne l’étude. Aide-toi et le ciel t’aidera…
Le rapport FEM31-20 est disponible sur le site du Femise.
Photo by NBC, Econostrum.
Article de Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum. L’article fait partie d’une série d’articles conjoints réalisés dans le cadre d’un partenariat entre Femise et Econostrum pour l’année 2010, qui alimentent également la rubrique « Grand Angle» du site d’information Econostrum. Vous pouvez retrouver cette rubrique et toutes les informations à l’adresse suivante : www.econostrum.info. L’inscription à la newsletter d’econostrum est accessible par :http://www.econostrum.info/subscription/