Principal moteur de l’économie palestinienne, les transferts de fonds effectués par les travailleurs émigrés ont creusé l’écart entre PIB et PNB et accentué la dépendance du pays aux ressources extérieures. L’enjeu pour les autorités palestiniennes est de canaliser ces transferts vers l’investissement plutôt que la consommation afin de développer l’activité et l’emploi dans le pays.
TERRITOIRES PALESTINIENS. Pour la période allant de 1968 à 2007, les transferts d’argent effectués par les Palestiniens travaillant à l’extérieur, essentiellement en Israël et dans les états du Golfe Persique, vers leur pays d’origine ont représenté en moyenne 20% du PIB. Et encore ce n’est qu’une moyenne, selon les années, ce pourcentage a été bien plus élevé pour atteindre jusqu’à 35% du PIB au milieu des années 80, bien plus que dans d’autres pays de la région, Liban et Jordanie exceptés.
Dans un rapport publié par le FEMISE (FEM33-16), Mahmoud Eljafari de Al-Quds University of Jerusalem, explique cette situation par les liens de dépendance qui se sont développés au fil des années entre l’économie palestinienne et son voisin israélien, dépendance accentuée par les restrictions et contraintes imposées par Israël pour des raisons de sécurité.
Depuis le début des années 70, rappelle le professeur Mahmoud Eljafari, le niveau des salaires et la politique de change ont joué un rôle au détriment des territoires palestiniens poussant plus d’un tiers de la population active palestinienne à chercher un emploi en Israël. En outre, la concurrence des produits israéliens, souvent moins chers, en particulier dans le secteur agricole en raison des subventions accordées par l’état, ont conduit les Palestiniens à privilégier les produits importés aux productions locales.
C’est ainsi que les activités de production ont régulièrement baissé dans les territoires palestiniens au profit des seules activités de service, réduisant d’autant les possibilités de création d’emplois sur place. La part de l’agriculture, de l’industrie et du bâtiment qui représentait 50% du PIB en 1990 était descendue à 20%, en 2009, d’où un écart croissant entre PIB et PNB.
Une manne aux effets pervers
Cette situation d’une «union douanière à sens unique » de fait, conjuguée à la mobilité des travailleurs, explique la détérioration du marché de l’emploi et l’importance prise par les transferts de fonds devenus le principal moteur de l’économie palestinienne.
Cette manne, observe Mahmoud Eljafari, a eu des effets pervers. Concentrée pour l’essentiel sur le soutien à la consommation et aux dépenses de santé elle n’a pas contribué à développer les investissements productifs du secteur privé dans les territoires palestiniens.
Le retrait des Israéliens de la Bande de Gaza, en 2005, et les restrictions à la mobilité qui ont été imposées depuis ont changé la donne.
Si moins de Palestiniens travaillent aujourd’hui en Israël, ils sont nombreux à émigrer dans les pays du Golfe pour trouver un emploi.
Le problème de la volatilité des transferts demeure. L’enjeu désormais pour les autorités palestiniennes est de promouvoir un nouveau modèle économique basé sur des relations plus équilibrées avec Israël et ses autres partenaires. Cela passe par une profonde mutation de l’économie palestinienne et une nécessaire réforme du secteur public avec pour objectif de favoriser le développement d’une économie de production mettant les transferts au service de l’investissement.
Photo : Econostrum
Article de Christiane Navas, Econostrum. L’article fait partie d’une série d’articles conjoints réalisés dans le cadre d’un partenariat entre Femise et Econostrum pour l’année 2012, qui alimentent également la rubrique «Grand Angle» du site d’information Econostrum. Vous pouvez retrouver cette rubrique et toutes les informations à l’adresse suivante : http://www.econostrum.info/
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