Les conditions de vie dans les pays du bassin méditerranéen se sont-elles améliorées depuis dix ans ? Qu’en est-il de la gouvernance, de l’éducation et de la place des femmes ? La dernière publication du Femise démontre les effets positifs du processus de Barcelone. Pas seulement du point de vue strictement économique.
A l’évidence, de façon théorique et empirique, le processus de Barcelone (1995) a impacté de façon positive le commerce, les investissements directs étrangers et de manière générale les conditions de vie des habitants des pays du bassin Méditerranéen.
Au delà de ces simples considérations, les économistes du Forum euroméditerranéen des Instituts de sciences économiques (FEMISE), ont voulu approfondir l’analyse. Selon eux, les bénéfices du processus de Barcelone sont contrastés. Ils diffèrent selon les domaines.
Intitulée « Convergence au delà de la sphère économique : Effets de l’intégration euro-méditerranéenne », l’étude FEM34-21 menée par les professeurs Bernd Lucke, Selim Cagatay et Suleyman Degirmen s’inscrit dans la lignée d’un précédent rapport Femise sur le même thème publié en 2007 par Lucke et Nathanson.
Si une amélioration de la condition des femmes devient perceptible dans certains pays (Algérie, Jordanie, Liban, Tunisie), en revanche, dans d’autres Etats comme le Maroc ou la Syrie, des progrès restent à accomplir. En Egypte, la condition des femmes marque un net recul avec la multiplication des cas de harcèlement sexuel.
Main d’oeuvre peu qualifiée et scolarité des garçons en retrait
Autre phénomène inquiétant, la scolarité des garçons diminue depuis une dizaine d’années. Les auteurs expliquent cette tendance par les effets collatéraux de la libéralisation du commerce.
Les pays du Maghreb et du Moyen-Orient se sont spécialisés dans la production de biens employant une main d’œuvre peu qualifiée. Parallèlement, les pays européens font de plus en plus appel à des ouvriers qualifiés. Le Femise juge cette divergence inquiétante.
Les auteurs affirment que le processus de Barcelone n’a pas eu d’effet sur la hausse du PIB. Celui-ci augmente de manière générale dans les pays du bassin méditerranéen, induisant une baisse du taux de mortalité. L’évolution et l’amélioration des conditions de vie et de santé a une incidence sur l’évolution du commerce.
Les pays du Maghreb et du Moyen-Orient seraient sensibilisés aux préoccupations environnementales même si le lien avec Barcelone reste à établir. Du point de vue financier, le Femise note une amélioration de l’accès au crédit et une hausse des prêts au secteur privé depuis une dizaine d’années. La Turquie constitue en ce sens un modèle du genre.
Il apparaît clairement établi que la migration vers les Etats européens contribue à raffermir les importations comme les exportations du pays d’origine. Une hausse de la migration stimulerait donc le commerce.
Photo : Econostrum
Article de Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum. L’article fait partie d’une série d’articles conjoints réalisés dans le cadre d’un partenariat entre Femise et Econostrum pour l’année 2012, qui alimentent également la rubrique « Grand Angle» du site d’information Econostrum. Vous pouvez retrouver cette rubrique et toutes les informations à l’adresse suivante : www.econostrum.info. L’inscription à la newsletter d’econostrum est accessible par : http://www.econostrum.info/subscription/