Simon Neaime : « Réduire la sphère publique pour préserver les équilibres macroéconomiques »

Le rapport a été présenté en avant première en juin 2017 à Casablanca lors du séminaire Femise. ©NBC

Professeur d’économie à l’Université américaine de Beyrouth au Liban, Simon Naime, a coordonné le dernier rapport Femise sur les « Déficits jumeaux et la viabilité des politiques macroéconomiques dans les pays méditerranéens ». L’ouvrage suggère une réduction de la sphère publique et invite les Etats à repenser les politiques fiscales et monétaires. Analyse des causes d’un double phénomène: déficit public et déficit de la balance des paiements.

Le rapport Femise s’intitule « Déficits jumeaux et viabilité des politiques macroéconomiques dans une sélection de pays européens et méditerranéens : post crises financières et crises de la dette ». Quels pays sont affectés par les déficits jumeaux ? : La Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Italie et l’Espagne ont accumulé des déficits budgétaires de 5 à 10 % du produit intérieur brut (PIB) en moyenne, se traduisant par une dette publique dépassant en moyenne 120 pourcent du PIB total en 2016. La situation est quasi similaire en Méditerranée où les tensions sociales, politiques et militaires ont aggravé l’environnement macroéconomique déjà dégradé. Alors que la balance commerciale semble contribuer au déficit budgétaire dans les pays méditerranéens, la relation apparait inversée pour les pays européens, où le solde budgétaire semble influencer le compte courant.Le rapport Femise  évalue l’introduction des programmes de stabilisation macroéconomiques  afin de proposer de nouvelles combinaisons de politiques monétaires et fiscales. Des politiques viables et conduisant à la croissance, au développement, et la réduction de la dette et du budget.
Le Femise recommande une meilleure coordination des politiques macroéconomiques entre les pays de l’UE et ceux de la rive sud de la Méditerranée. Concrètement sur quelles pistes doivent travailler les Etats des deux zones ? :  Les gouvernements européens et méditerranéens devront d’abord réduire leurs dépenses mais aussi la taille du secteur public en faveur du secteur privé. Ils devront également canaliser les liquidités par des prêts et encourager les investissements d’entreprises productives. Compte tenu de la dépendance commerciale des pays Méditerranéens vis-à-vis de l’Union européenne et du fait que la plupart des Etats Membres ont mis en œuvre des politiques d’austérité, nous considérons que la baisse des recettes d’exportation qui en a découlée dans les pays méditerranéens a accru le déficit budgétaire de ces pays. Nous appelons donc à une meilleure coordination des politiques macroéconomiques entre l’UE et ces partenaires du Sud de la Méditerranée.

Privilégier le passage à un taux de change flexible

Vous recommandez une restriction du périmètre public et, en parallèle, vous encouragez ce même secteur à jouer un rôle central dans les équilibres macroéconomiques. N’est-ce pas paradoxal ? : Nous préconisons de réduire la taille du secteur public en faveur du secteur privé et de jouer un rôle central sur le maintien des équilibres macroéconomiques et la réduction de la dette via les politiques économiques. Ce n’est pas paradoxal mais complémentaire. Les politiques monétaires resteront sans effet tant que les attentes du secteur privé ne seront pas comblées et que le secteur bancaire restera en mauvaise santé, tout particulièrement les banques italiennes et grecques.
Comment parvenir à rééquilibrer la balance commerciale ? : Une première solution serait, pour les pays méditerranéens, de privilégier le passage d’un taux de change fixe à un taux de change flexible comme l’a déjà fait l’Egypte. Le taux de change flexible permet d’absorber les chocs externes et de limiter l’inflation. L’Egypte a pu améliorer l’efficacité de sa politique monétaire pour faire face aux chocs externes grâce à ce choix stratégique. La Tunisie et le Maroc semblent également suivre cette direction. Une autre solution consisterait pour les pays européens à envisager une baisse des tarifs douaniers sur quelques produits ciblés et d’aller vers encore plus d’intégration avec la région MENA. Il faut améliorer les accords commerciaux euro-méditerranéens pour rendre les produits méditerranéens plus compétitifs en Europe.

Cliquez sur ce lien pour lire l’intégralité du rapport Femise

Interview réalisé par en partenariat avec Econostrum 

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