ERF et FEMISE ont organisé une réunion d’experts le 18 Janvier 2016 au Caire (Egypte) sur le thème «Innovation: Vers un programme de recherche pour débloquer les potentiels Sud Méditerranéens ».
L’objectif de cette réunion ERF-FEMISE etait de mieux comprendre les multiples facettes de l’innovation, d’identifier les facteurs qui la favorisent et de mettre en valeur les potentiels et les défis des pays du sud de la Méditerranée.
Dans son introduction, Dr. Ahmed Galal (President du FEMISE et Directeur Général de l’ERF) a posé quelques questions clés aux experts pour mieux orienter la discussion. Comment un pays peut-il devenir meilleur innovateur? Quels sont les moteurs de l’innovation? Les théories peuvent nous aider à mieux prédire l’avenir; mais avons-nous les bonnes théories pour nous guider dans l’innovation?
La réunion a pris la forme d’une grande séance de brainstorming, permettant d’aboutir à des questions de recherche intéressantes sur le thème de l’innovation et qui pourraient faire partie du futur programme de recherche FEMISE pour déverrouiller les potentiels du sud de la Méditerranée.
Les participants ont d’abord échangé sur l’importance de bien définir et mesurer l’innovation. Le Prof. Jean-Eric Aubert (ancien spécialiste à la Banque mondiale et l’OCDE, Fondateur et Président, SIGN-Institut France) a souligné que l’innovation peut être définie comme la diffusion d’une (modeste) nouveauté dans l’économie sous forme de nouveaux produits, de nouveaux processus, de nouveaux services, de nouvelles structures organisationnelles, etc. Il a également souligné l’importance du contexte de l’innovation, précisant que pour les pays à revenu moyen, les systèmes d’innovation sont hétérogènes tandis que dans les pays à faible revenu, l’innovation est considérée comme « modeste ».
La nécessité d’établir une politique de PI réussie pour les universités et les instituts de recherche a également été un des points de discussion. Dr. Anton Habjanič (Directeur, TechnoCenter à l’Université de Maribor, Slovenie) a souligné que la politique de propriété intellectuelle (PI) est un outil indispensable. Pour améliorer l’esprit d’entreprise et stimuler l’innovation dans les universités et instituts de recherche un écosystème correspondant est nécessaire (par exemple organisé en conformité avec le principe « one stop shop »). En outre, une politique de PI qui encourage et fournit des incitations aux chercheurs est nécessaire. La Politique de PI doit être adaptée de façon à ce que l’institution soit en mesure d’identifier efficacement les inventions émergentes, d’évaluer et gérer les inventions divulguées d’une manière systématique, et d’aborder les grands défis.
Pour une méditerranéenne innovante, les participants ont aussi souligné qu’il est nécessaire de promouvoir la coopération dans la recherche et l’innovation entre la Méditerranée du Sud et l’Union européenne. Mrs. Heba Gaber (spécialiste de la recherche et de l’innovation, délégation de l’Union européenne en Egypte) a précisé qu’il existe une multitude de stratégies et feuilles de route en matière de coopération dans la recherche et l’innovation. L’UE a récemment publié une stratégie de coopération internationale en accord avec le programme Horizon 2020. Grâce à l’initiative de co-financement PRIMA, l’UE cherchera également à favoriser la coopération entre le Sud-Med et l’UE dans la recherche et les innovations dans des secteurs tels que la «disponibilité et gestion des eaux et la sécurité alimentaire « , » Les énergies renouvelables et l’efficience » parmi d’autres.
Un autre point qui a été accentué est en rapport avec le lien Innovation – Institutions dans la région MENA. Mr. Tamer Taha PhD Fellow à UNU-MERIT, et fondateur de LLC Istebdaa ‘. & Yomken.com) a expliqué que les pays du sud de la Méditerranée sont dans une situation jugée spéciale avec des institutions et un cadre institutionnel bien spécifique. Ils souffrent de contraintes informelles et d’une approche rentière, ainsi la recherche et la performance de l’innovation sont faibles dans la région par rapport à d’autres pays ayant le même niveau de développement humain. M. Taha a présenté sa start-up qui cherche à résoudre les défis de l’innovation. « Yomken » est un modèle sensé résoudre cet écart entre besoins et exigences de l’innovation.
Mr. Mohammed El Jafari (IPCO, Royal Scientific Society, Jordanie) a également présenté un modèle pour l’établissement d’un système national de transfert de technologie qui se positionne comme catalyseur de création de valeur de l’innovation. Il a souligné combien iPark, projet spécifique au sein de la Royal Scientific Society (RSS), cherche à créer des emplois en soutenant les entrepreneurs et les innovateurs. Il s’agit de fournir un soutien à l’innovation grâce à IPCO (qui a fait ses débuts comme un bureau de gestion des actifs de propriété intellectuelle au sein de la RSS) qui contient un incubateur qui est iPark et qui s’occupe des questions d’entreprenariat. Depuis 2003, 13 mille emplois ont été créés avec très peu de financement. Si iPark était une société, elle aurait fait partie des 10 plus grandes entreprises en Jordanie.
Par ailleurs, Mrs. Helena Schweiger (économiste principale de la BERD, Royaume-Uni) a présenté les conclusions d’une récente étude au niveau de l’entreprise (WBG-EBRD-EIB MENA Enterprise Survey) qui a pour objectif de comprendre l’environnement dans lequel les entreprises opèrent dans les pays de la région MENA. Les diverses questions sur la capacité des entreprises à introduire de nouvelles méthodes ou de nouveaux produits, des procédés sensiblement améliorés, des méthodes d’organisation ou de marketing ou le niveau de dépenses en R & D dans les trois dernières années, ont montré que la plupart des innovations dans ces entreprises ne sont pas révolutionnaires. Les résultats ont également montré que, bien que les secteurs à faible intensité technologique en Sud-Med sont moins susceptibles d’acquérir des connaissances par rapport à leurs pairs en Europe et en Asie centrale (ECA), les secteurs Sud-Med de moyenne et haute technologie ont un niveau plutôt bon comparés à ceux de l’ECA.
Mme Schweiger a ensuite fait quelques propositions sur les Implications Politiques soulignant que :
- Les entreprises devraient bénéficier d’une plus grande ouverture au commerce international, et notamment d’une plus grande efficacité des douanes et des réglementations commerciales, à la fois lors de l’exportation et de l’importation,
- Les gouvernements devraient faciliter l’amélioration des compétences de la main-d’œuvre et
- Les restrictions à l’entrée et à la sortie des firmes et les restrictions qui offrent aux entreprises en place un avantage indu devraient être retirées.
Les panélistes ont ensuite procédé à des discussions approfondies sur toutes ces questions. Enfin, une table ronde a permis de poser les bases vers un programme de recherche sur l’innovation dans les pays sud de la Méditerranée, chaque paneliste identifiant des questions de recherche sur le thème de l’innovation pertinentes pour la région.
Pour un aperçu plus détaillé des discussions entre les participants veuillez cliquer ici pour le procès-verbal de la réunion du groupe d’experts ERF-FEMISE (en anglais).
Par ailleurs, les présentations des participants sont disponibles ici:
Jean-Eric Aubert Former Lead Specialist at The World Bank and the OECD, Founder and President, SIGN Institute France |
Anton Habjanič Director, TechnoCenter at University of Maribor, Slovenija |
Heba Gaber Research and Innovation officer, Delegation of the European Union to Egypt |
Tamer Taha PhD Fellow (UNU-MERIT), & Founder of Istebdaa’ LLC. & Yomken.com |
Helena Schweiger Senior Economist, EBRD, UK |
Mohamed Al-Jafari Royal Scientific Society, Jordan
This event received financial support from the European Union and from the Economic Research Forum through the FEMISE project on “Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership”. |