Thème : Transformation structurelle dans les Partenaires Méditerranéens
Lieu : Rome, Italie
Date : Du 24 au 25 novembre 2010
Les partenaires méditerranéens réfléchissent à leur modèle de développement
Réunis en conférence annuelle, les membres du Forum euroméditerranéen des instituts de sciences économiques (FEMISE) ont évoqué l’avenir des économies méditerranéennes, courtisées par l’Europe et les grandes puissances mondiales.
Les pays méditerranéens peuvent-ils faire l’économie de changements structurels majeurs, assortis d’une véritable politique industrielle ? C’est la question que se sont posés les membres du FEMISE, lors de leur Conférence Annuelle à Rome, les 24 et 25 novembre 2010. Pour Mustapha Nabli, ancien vice-président de la Banque mondiale, en charge du développement économique, et récemment nommé gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, il suffit d’observer les exemples les plus récents de développement des pays émergents pour s’en convaincre. De la Malaisie à la Corée, sans oublier la Chine, le développement asiatique s’est appuyé sur des choix économiques forts. « Le type de partenariat que propose l’Europe n’a pas produit d’effets significatifs dans les pays méditerranéens, assène Mustapha Nabli. La littérature économique converge aujourd’hui pour affirmer que les Etats ne doivent pas concentrer leurs initiatives sur la croissance. Il leur faut investir dans le secteur industriel et soutenir les efforts du privé pour pallier ses échecs sur les nouveaux marchés et aider les entreprises à mieux travailler ». Mustapha Nabli se montre donc convaincu que les pays MENA doivent poursuivre leurs efforts, en s’appuyant sur les exemples qui ont fonctionné.
Illustrant ce propos, le président du Science and Technology Policy Institute (STPI), Suk Joon Kim, a mis en exergue la stratégie qui a permis à la Corée du Sud d’atteindre le niveau de développement qu’elle connaît aujourd’hui. « Le PIB coréen n’a pas cessé d’augmenter, depuis les années 60, constate Suk Joon Kim. Mon pays porte une très grande attention au commerce international et c’est dans ce domaine qu’il a trouvé les premières clés de son développement ». Les Coréens ont parié sur l’industrie et l’innovation pour construire leur économie. « Nous avons évolué de l’industrie lourde vers le high-tech au fil des ans, explique-t-il. Désormais, nous parions sur la croissance verte, avec des objectifs ambitieux à court terme ». Une démonstration implacable, mais à replacer dans un contexte économique mondial beaucoup moins contraignant qu’en 2010.
Les Turcs, s’ils sont parvenus à équilibrer la répartition sectorielle de leur économie, doivent résoudre des problèmes majeurs : « Notre PIB par tête a peu évolué depuis les années 80, regrette Esen Caglar, de la Fondation pour la recherche en politique économique de Turquie (TEPAV). En outre, nos PME ne se développent pas de façon satisfaisante. Enfin, le taux de chômage demeure trop important et parallèlement, la fuite des cerveaux nous prive de compétences essentielles ».
Quels outils peuvent alors être utilisés pour développer les économies méditerranéennes ? Simon Neaime, de l’Université américaine de Beyrouth, suggère d’agir sur la politique monétaire qui a permis à l’Egypte de bien résister à la crise. Jean-Louis Reiffers, de son côté, rappelle que les gouvernements sont toujours impliqués dans les grandes réussites économiques. « Il n’est plus question de choisir entre ouverture et politique industrielle, estime le président du comité scientifique du FEMISE. L’avenir est dans le développement des partenariats public-privé (PPP). Parallèlement, des solutions doivent être étudiées du côté des politiques financières et de la productivité du travail ».
Représentant la Commission européenne, Pierre Deusy, vante le modèle de développement que l’Europe propose aux pays du sud : «il s’agit de dépasser les mesures économiques pour mettre en place un modèle global de société, avance-t-il. Cette convergence sociétale, contraignante pour les pays du sud, est à la base de notre partenariat».
Présentations disponibles en téléchargement:
Mustapha K. Nabli: New Thinking on Structural Transformation, Diversification and Industrial Policy, and the Euro-Med Partnership
Suk Joon KIM: Korean Industrial Policy and the Role of Science and Technology (fichier PPT)
Esen Caglar: Structural transformation in Turkey: With or without industrial policy?
Simon Neaime: Implications of the Global Financial Crisis on MPCs
Mohamed Chafiki: Un Maroc en devenir: des transformations et une ambition arrimée aux changements du monde
Khalid Sekkat: Industrial Policy: The Experience of Developed Countries (fichier PPT)
Michael Gasiorek: Crisis and Recovery Measures: Trade and the Med countries
Des pistes de réponses à ces questions décisives pour l’avenir de la Méditerranée sont par ailleurs étudiées dans le rapport du FEMISE, « crise et voies de sortie de crise dans les pays partenaires méditerranéens de la FEMIP ».