Thème : Firmes, échanges et Développement
Lieu : Aix-en-Provence, France
Date : Du 04 au 05 juillet 2011
3ième Workshop International sur
Firmes, échanges et Développement
4-5 Juillet 2011,
Aix-en-Provence, France
Le Forum Euro-méditerranéen des Instituts de sciences économiques (FEMISE) a organisé en collaboration avec le DEFI (Université de la Méditerranée d’Aix Marseille), le GDR-CNRS (économie du développement et de la transition) et le CARIS (Université de Sussex, Brighton) un second workshop « Firmes, échanges et développement» à Aix en Provence les 4 et 5 juillet 2011. Le thème central de ce workshop, qui a réuni plusieurs des meilleurs spécialistes du domaine, visait à examiner à quelles conditions l’ouverture internationale pouvait produire un saut de compétitivité des entreprises dans les pays méditerranéens.
Ce séminaire, qui contenait six sessions ainsi qu’une session de clôture, aborde à la fois les problématiques du comportement des entreprises en lien avec les échanges internationaux, et les questions de développement. L’hétérogénéité des entreprises est un élément fondamental dans la compréhension des gains escomptés du commerce international. Ce sujet nous permet de voir dans quelle mesure ce phénomène d’accroissement des échanges représente à la fois des opportunités mais aussi des menaces pour ces entreprises. Six questions ont été développées durant ce séminaire : (i) le rôle du climat des investissements sur la dynamique entrepreneuriale, (ii) l’utilisation des facteurs de production et des flux de connaissances comme moyen d’augmenter la productivité, (iii) les conditions de réussite des exportateurs africains et le rôle de la fonction d’apprentissage à l’export ainsi que ses effets d’entrainement, (iv) les performances des exportations et stratégies des entreprises des pays méditerranéens , (vi) les qualifications et la pertinence des politiques de promotion et de soutien à l’exportation. Le séminaire s’est terminé par une table ronde qui a tenté de tirer les enseignements stratégiques des travaux présentés et a, plus généralement, débattu du bien fondé et des limites des politiques d’ouverture suivies dans la région.
Dans un premier temps, le rôle des facteurs institutionnels sur le dynamisme des entrepreneurs, celui des difficultés d’accès au financement et l’importance de l’environnement des affaires, ont été particulièrement étudiés. J Hanoteau et V. Vial ont tout d’abord examiné l’incidence de la corruption sur l’entreprenariat en Indonésie, pour expliquer de quelles façons les institutions peuvent affecter les comportements des entrepreneurs. Ils réaffirment l’importance du développement des politiques publiques visant à développer l’entreprenariat dans un contexte corrompu et rappellent toute la nécessité de disposer d’institutions de bonne qualité. Une bonne gouvernance de la réglementation et du système fiscal doit donner une motivation pour entreprendre des activités productives. Messieurs Chaffai, Landivar et Plane rappellent quant à eux dans une analyse commune sur les contraintes financières qui pèsent sur les performances des entreprises, que la difficulté d’accès au financement est un argument courant qui pourrait expliquer le chainon manquant des PME au Maroc. Une étude sur le secteur du textile qui représente 60% de l’emploi sectoriel du pays, met en évidence les liens entre contraintes financières et productivité des entreprises. La difficulté d’accès au financement externe représente un obstacle à la croissance et le coût du financement a un impact négatif sur l’efficacité technique. Enfin cette session conclut sur le lien entre environnement d’affaires et productivité des entreprises : en quoi l’environnement d’affaires dans lequel opèrent les entreprises impacte leurs performances ? Quelles relations y a-t-il entre conditions économiques et institutionnelles et quel est l’impact sur la croissance ? P. Augier, M. Dovis et M. Gasiorek à travers cette étude mettent l’accent sur le rôle de l’environnement d’affaires et de l’investissement dans la compréhension des différences de performances des entreprises marocaines.
L’utilisation des facteurs de production et les flux de connaissances des entreprises ont été traités à travers de nombreux travaux. L’étude des entreprises manufacturières en Inde met en évidence la contribution puissante des réformes politiques dans les services sur développement de ce secteur. Ces recherches suggèrent un lien fort et significatif entre progrès dans les réformes règlementaires des services, et productivité dans ces industries manufacturières. A la question de la promotion des exportations et des connaissances, plusieurs évaluations et analyses ont été présentées : en Tunisie pour l’évaluation des programmes de promotion des exportations par O. Cadot ou au Maroc à travers l’étude de l’investissement dans le capital humain à travers la formation des travailleurs. La formation est un outil puissant, tout particulièrement pour les PME, qui doit, pour K. Sekkat, leur permettre de relever le défi de la mondialisation. Étant donné l’importance de ces entreprises dans les pays en développement, et au Maroc où grâce à l’évolution de la politique industrielle les PME sont leader pour les innovations, les résultats de cette étude montrent qu’il faut soutenir les efforts du gouvernement pour favoriser la formation des travailleurs, mais impliquent également que ces efforts doivent cibler les PME en particulier.
En clôture de session de ce deuxième séminaire sur le thème « Firmes, échanges et développement », et au regard des récents évènements dans la région nos experts ont prescris des recommandations pour le futur agenda de recherches et ses orientations majeures.
Pour Mr Safadi (OCDE) le temps est venu de définir un agenda qui tienne compte des évènements de la région. Il préconise pour relever les défis du Printemps Arabe au niveau économique et social, de définir les besoins en terme d’emploi, et d’identifier les opportunités et les barrières de création d’emplois dans la région. Il relève également l’importance du secteur des services. L’agenda de recherche doit se concentrer sur les services et leur potentiel à créer des emplois rapidement.
« Les pays les plus avancés connaissent le rôle majeur des services ».
Une réponse rapide aux aspirations de ces populations doit être donnée pour éviter que la situation n’empire et la priorité au développement d’activités dans des secteurs comme l’ingénierie, les avocats (etc), activités qui génèrent de l’emploi rapidement, non pas avec un retour sur investissement de dix à quinze ans comme dans l’Industrie. La colonne vertébrale d’une bonne intégration se constitue des secteurs financiers, du transport et de l’assurance. Le résumé de cette session pour Mr Safadi est de bien définir le chemin à suivre, l’aspect le plus important étant la performance dans les services et la création d’emplois en très peu de temps.
Afin de répondre aux attentes et de créer des emplois nous avons besoin d’efficacité économique étroitement liée à l’exportation, elle même largement conditionnée à dégager des gains de productivité dans le temps fonction des mécanismes d’organisation interne, des infrastructures, de la gouvernance ou bien encore des conditions environnementales. Les conditions indispensables sont selon P. Plane du Cerdi, un choix de productivité pour une intégration mondiale, et la recherche de la diversification.
Pour L Liacovone il faut comprendre les besoins mais ne pas se précipiter, le problème de la recherche est de savoir comment générer des reformes qui font bouger les sociétés. Mr Lerderman ajoute en ce sens, que la recherche doit être bien orientée et très rigoureuse car l’enjeu est élevé et si nous commettons une erreur, nous n’auront probablement pas d’autre chance.
Les recommandations de Mr Sekkat pour la Méditerranée et son développement : prendre en compte la réalité de ces pays, s’assurer que les institutions tiennent compte des micromarchés des entreprises. Beaucoup d’opportunités ne sont pas relevées, il y a beaucoup de travail sur la concurrence et la compétitivité et un agenda doit être préparé sur la prise de risque, la qualité des institutions et les incitations à mettre en place.
« Ces défis sont à placer très haut dans nos agendas »
Mr JL Reiffers conclut sur les questions stratégiques et politiques qui se posent aujourd’hui dans la région. Il faut avant tout connaître les attentes des populations des pays du printemps arabe. Après avoir ouvert une zone de libre échange et privatisé les télécoms, l’Europe travaille pour faire entrer les directives de l’Union bien que la dilatation de l’espace social reste préoccupante : plus personne ne parle des gagnants et des perdants ou comment les politiques permettent de compenser ou de réinsérer les perdants. L’Union Européenne fait un excédent commercial qui doit être compensé par les migrants et le tourisme, hors cette équation de transfert est sous évaluée : cette relation doit être poursuivie, elle est déséquilibrée et asymétrique.
Au regard des recommandations Sud/Sud il faut également être très prudent, on demande aux pays méditerranéens de s’ouvrir aux échanges et aux services alors que nous leur imposons des politiques structurelles et que nous rajoutons des normes. La mode est l’ouverture aux services, pour les services facteurs c’est évident, mais pour les services sociétaux tels que la distribution c’est plus dangereux, notamment pour le petit commerce. Quand on voit l’effet qu’elle a eu sur les petits commerces en Europe on peut craindre certaines difficultés. Notre discours devra donc être plus nuancé et crédible, tenant plus compte de la réalité.
« Les équilibres territoriaux sont à maintenir, il faut compenser les perdants et produire de nouveaux avantages comparatifs »
Si l’on ne sait pas aider les pays à définir des stratégies en ce sens, on risque de favoriser le nationalisme et le protectionnisme. Nous devons offrir un discours intelligent en leur demandant d’ouvrir leurs économies tout en définissant des équilibres territoriaux et des politiques structurelles adaptées avec des avantages comparatifs : s’attaquer au services télécoms, transports mais pas à la distribution, et c’est à nous de le dire. Pour éviter le développement d’une politique protectionniste, nous devons être crédible et pour cela ne pas nous contenter de donner les mêmes recommandations qu’il y a deux ou trois ans.
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