La récente crise financière a de nouveau placé au centre du débat politique les standards et normes bancaires internationales dans les pays développés. Le débat est loin d’être récent, et ne concerne pas exclusivement les pays développés, puisqu’un système financier solide où les règlements sont correctement appliqués peut aider les économies en développement à mieux canaliser leurs ressources financières vers l’investissement. Pour les économies ouvertes, un tel système financier peut également agir comme rempart, facteur aujourd’hui important face à la volatilité des marchés.Avec ceci en toile de fond, cette étude analyse l’impact des réglementations bancaires sur l’efficacité du système bancaire et la croissance économique dans 4 pays du Sud de la Méditerranée : Algérie, Egypte, Maroc et Tunisie tout en explorant le niveau de convergence des pratiques réglementaires et de l’efficacité bancaire par rapport aux standards Euro-Méditerranéens.Premièrement, l’étude compare les secteurs bancaires de l’Algérie, de l’Egypte, du Maroc, de la Tunisie et leurs réglementations respectives par rapport aux standards internationaux. Pour ce faire, des mesures de l’adéquation des pratiques de supervision et de régulation sont utilisées. Deuxièmement, l’efficacité bancaire et le niveau de convergence sont étudiés en utilisant l’Analyse d’Enveloppement de Données (AED).L’analyse est complétée par le recours aux méthodes de Meta Frontière, Beta et Sigma convergence.Troisièmement, en utilisant les méthodes de mesure des pratiques de réglementation et de supervision, l’impact de l’environnement légal sur l’efficacité des banques est étudié. L’étude prend en compte non seulement le détail des différentes réglementations mais aussi les caractéristiques légales et institutionnelles des pays du Sud de la Méditerranée. Quatrièmement, l’étude analyse comment l’adhésion à ces normes et standards pourrait influencer le potentiel de croissance de chaque pays.Le Chapitre 1 est une analyse descriptive des secteurs bancaires de ces quatre pays. Le Chapitre 2 développe ensuite des mesures d’adéquation réglementaire dans plusieurs domaines et compare les pays du Sud de la Méditerranée avec l’UE-MED. Le Chapitre 3 résume l’analyse de l’efficacité et de la convergence entre le Sud de la Méditerranée et l’UE-MED. Le Chapitre 4 propose une analyse empirique des déterminants de l’efficacité bancaire qui se concentre particulièrement sur les mesures d’adéquation réglementaire préalablement développées. Le Chapitre 5 développe une analyse similaire pour la croissance économique.Le dernier Chapitre conclue et présente les principales recommandations politiques émanant des résultats de l’étude.Chapitre 1 : Aperçu des secteurs bancaires d’Afrique du NordCe chapitre fournit une analyse descriptive des systèmes financiers dans les quatre pays Sud-Méditerranéens considérés. Les rôles du secteur public et du cadre légal sont évalués qualitativement afin de souligner les principales déficiences du secteur bancaire de chaque pays, ces déficiences allant de la structure des marchés bancaires aux détails des bilans agrégés des banques, en passant par les indicateurs de sûreté financière.L’analyse révèle plusieurs points communs entre les secteurs bancaires des pays du Sud de la Méditerranée.Au cours des dernières années, les autorités bancaires des pays étudiés se sont engagées dans une série de réformes visant à moderniser leurs secteurs bancaires. Celles-ci incluent la restructuration et la privatisation des banques publiques, la mise en place de législations prudentielles et de systèmes de gestion des risques ainsi que le renforcement des prérogatives de supervision. Le Maroc et l’Egypte ont amélioré la disponibilité et le partage d’informations relatives au crédit. Ces réformes se sont traduites par la croissance durable du crédit au secteur privé.L’analyse montre qu’une des explications potentielles du sous développement financier réside dans le haut degré d’intervention de l’Etat. Cet interventionnisme est aussi bien direct qu’indirect : il se manifeste par la présence de banques détenues par capitaux publics, ainsi que par l’exposition à la dette publique des portefeuilles des banques. Au cours des dernières années pour lesquelles les données sont disponibles (200809) la part de marché des banques publiques oscille entre un quart du total des actifs bancaires au Maroc; 67 et 90% en Egypte et en Algérie respectivement. La structure de propriété des banques ainsi que des conditions sous-jacentes comme les rendements élevés sur la dette publique en Egypte excluent vraisemblablement le crédit aux entreprises privées. En effet, la dette publique et les prêts (y compris aux entreprises publiques inclus) représentent à peu près un tiers des du total du bilan des banques Algériennes et Egyptiennes, dépassant ainsi la part des crédits au secteur privé.Mis à part l’exclusion du secteur privé du marché du crédit et les contraintes sur le développement financier, le rôle dominant de l’Etat dans le secteur bancaire semble avoir un impact négatif important sur la qualité même des crédits. En effet, les ratios de créances douteuses sur les créances totales dans le Sud de la Méditerranée sont parmi les plus élevés du monde. Grâce à un interventionnisme moindre le Maroc reste une exception avec le ratio de créances douteuses le plus bas parmi les pays étudiés. De plus, les quatre pays étudiés ont mis en place des politiques visant à améliorer la qualité des créances comme de meilleures dispositions dans la privatisation des systèmes d’information de crédit, des programmes de rachat des crédits, ainsi que d’autres plans d’assainissement des bilans. Malgré cela, la qualité des crédits dans les pays du Sud de la Méditerranée est la plus mauvaise parmi les pays de la régionLa persistance de créances douteuses et de systèmes financiers sous développés conduit à se poser la question de l’adéquation des réformes réglementaires des systèmes bancaires des quatre pays étudiés.Comme il a été noté ci-dessus, la prépondérance des banques publiques pourrait bien être la racine du problème. Toutefois, les défaillances des régimes légaux et de supervision pourraient aussi avoir leur importance.Chapitre 2 : Convergence des réglementations des systèmes bancairesLe chapitre précédent a montré que tous les quatre pays ont mis en place des réformes de leurs secteurs financiers lors des dernières années. Dans ce chapitre, grâce aux informations publiquement disponibles ainsi qu’à des enquêtes sur les réglementations bancaires conduites depuis 2000 dans un grand échantillon de pays, plusieurs indices sont développés pour évaluer et suivre l’évolution ainsi que l’adéquation des réglementations bancaires. Afin de permettre des comparaisons dans l’ensemble des pays Méditerranéens, les indices sont calculés pour un total de 11 pays Méditerranéens : 5 pays Sud Méditerranéens (Algérie, Egypte, Israël, Maroc et Tunisie) et 6 pays UE-MED (Chypre, Espagne, Grèce, Italie, Malte et Portugal).Le but de ce chapitre et de fournir des mesures quantitatives des évolutions réglementaires qui pourraient servir d’indicateurs dans les exercices empiriques à suivre. Grâce à l’utilisation de différentes sources de données, les sept domaines réglementaires suivants sont couverts afin d’en évaluer l’adéquation : la définition de l’activité bancaire, les obligations liées à l’octroi d’une licence, les exigences en capital, l’indépendance et le pouvoir du superviseur bancaire, la présence de filets de sécurité, la diffusion et la disponibilité d’informations sur le crédit. Bien que ces domaines donnent une vue d’ensemble des réglementations, plusieurs autres axes comme les systèmes de paiement et de compensation, les schémas de garantie, et l’inclusion financière pour ne citer que ceux la, ont été exclus pour cause de manque de données comparables entre pays.Dans ce chapitre, la qualité de la réglementation et de supervision des pays Sud Méditerranéens ainsi que leur convergence vers les standards UE-MED sont revues. L’évaluation a été conduite sur sept dimensions y compris l’étendue de l’activité bancaire, les barrières à l’entrée, la sévérité des exigences en capital, le pouvoir et l’indépendance de l’organe de supervision, les incitations fournies par les régimes d’assurance des dépôts, la surveillance privée, le droit des créditeurs et l’accès à l’information.L’évaluation collective de la convergence des structures de réglementation et de supervision des les pays du Sud de la Méditerranée vers les standards de l’UE-MED présente un bilan mitigé. Malgré quelques améliorations, des faiblesses persistent dans le cadre de l’assurance des dépôts, les barrières à l’entrée et l’information sur le crédit. Par ailleurs, des disparités se sont manifestées récemment, particulièrement pour ce qui est de la rigueur des normes prudentielles, du potentiel d’intervention politique et de la surveillance par des acteurs privés.L’indice d’assurance des dépôts ne s’est pas amélioré car ni les autorités Egyptiennes ni les Tunisiennes n’ont mis en place un régime formel d’assurance des dépôts. Comme il a été souligné précédemment, les garanties implicites peuvent favoriser la prise de risques grâce à une garantie couverte du gouvernement pour les prêteurs. Par ailleurs, même en Algérie et au Maroc aucun effort n’a été fait pour aligner les incitations des banques par la mise en place de primes gagées sur le risque ou de systèmes de co-assurance, ce qui permettrait pourtant d’internaliser certains des coûts dus à une prise de risque excessive et encourus par les régimes d’assurance des dépôts.Les pays du Sud de la Méditerranée ont mis en place un certain nombre de réformes destinées à améliorer la disponibilité et l’utilisation des informations sur le crédit par les institutions financières. L’Egypte et plus récemment le Maroc ont mis en place des registres de crédit ou « credit bureaus » respectivement en 2006 et 2009, mais les différences entre le Nord et le Sud de la Méditerranée ne se sont pas résorbées. L’Algérie et la Tunisie continuent de se baser sur les registres publics, les deux pays restreignent l’accès aux historiques de crédit des emprunteurs, et aucun ne collecte ni ne distribue de données détaillées émanant de sources non bancaires comme les commerces de détail ou les services publics. Bien que la littérature ne donne que peu d’indications, les registres de crédit privés bénéficient d’un meilleur accès à de nouvelles technologies et savoirs faires afin de s’assurer du fonctionnement correct des mécanismes de partage de l’information. Les pays de la région devraient ainsi continuer à surveiller le développement de systèmes d’information à la pointe, afin d’utiliser le stock de données déjà construit par les autorités publiques.Un autre domaine qui demeure une faiblesse majeure des systèmes de réglementation de la région est celui des barrières à l’entrée. Bien que les exigences pour l’octroi de licences se ressemblent de part et d’autre de la Méditerranée, d’autres indicateurs font état de d’importantes barrières à l’entrée. La présence du gouvernent dans les structures de propriété du système bancaire, très répandue dans la région, donne des avantages injustifiés aux banques concernées et restreint les incitations à entrer sur le marché. Au Maroc, la part des banques détenues par capitaux publics dans le total des activités bancaires est en déclin dans le total des activités bancaires, tandis qu’en Algérie en Egypte et dans une certaine mesure en Tunisie la présence du gouvernement perdure. Bien que la présence du gouvernement puisse donner lieu à des avantages indirects, les autorités doivent en revanche s’assurer que les rôles soient bien définis et que la présence des banques publiques ne représente pas un obstacle pour le développement du système financier3. Le taux de refus auxquels ont été sujettes les banques étrangères sont très élevés, ce qui renforce l’idée de barrières à l’entrée et d’avantages concurrentiels dont bénéficient les banques domestiques.En sus de ces trois faiblesses majeures, en 2007 l’enquête a révélé 3 nouvelles sources préoccupantes de défaillances. Les exigences en capital qui en 2003 étaient alignées sur les standards Européens se sont détériorées selon la dernière édition de BRSS. Il existe quelques exceptions comme l’Algérie et dans une moindre mesure la Tunisie. Toutefois, en Egypte et au Maroc, les exigences en capital et les règles comptables sont devenues plus flexibles et moins sensibles au risque. De mauvaises pratiques comptables ont également contribué à davantage de disparité dans les indices de surveillance privée.Enfin, les quatre pays se caractérisent par un potentiel élevé d’ingérence politique dans le système bancaire nuisant ainsi aux autorités de supervision et renforçant le contrôle direct du gouvernement ?une source de préoccupation supplémentaire pour la compétitivité et l’efficacité du secteur bancaire. Comme en témoignent les soulèvements de 2011 en Egypte et en Tunisie, les gouvernements de la région ont essayé de garder, peut être pendant trop longtemps, un contrôle étroit sur leurs systèmes politiques et économiques, or ce sont précisément ces formes d’ingérence qui pourraient entrer en conflit avec les objectifs des autorités financières et de la concurrence.Chapitre 3 : Analyse de l’efficacité et de la convergence Cette partie de l’étude tente d’apporter un peu de lumière sur ces sujets en examinant l’effet des réformes financières sur l’efficacité du secteur bancaire dans 11 pays de la région Méditerranée (MED-11) pour la période 1995-2008: Chypre (CY), Algérie (DZ), Egypte (EG), Espagne (ES), Grèce (GR), Israël (IL), Italie (IT), Malte (M), Maroc (MA), Portugal (PT) et Tunisie (TN). La deuxième partie de l’analyse vise à contribuer au débat actuel sur la dynamisation de l’intégration dans la région Méditerranée. Suite aux travaux de Casu & Girardone (2010), nous utilisons les concepts de ?-convergence et ?-convergence ainsi qu’une analyse dynamique des données de panel pour évaluer la vitesse d’intégration des marchés financiers dans la région.Nos résultats indiquent une amélioration de l’efficacité bancaire dans la région, plus particulièrement dans la dernière partie de la période étudiée. L’efficacité bancaire moyenne augmente, poussée par les développements technologiques et la convergence des banques aux meilleures pratiques. Les banques espagnoles dominent la région aussi bien pour ce qui est de l’efficacité totale que pour les ratios de métatechnologie.Néanmoins, lors de la période étudiée, le ratio moyen de méta-technologie pour la région est lui aussi en augmentation, indiquant ainsi une capacité des banques de la région à s’approprier les meilleures technologies disponibles sur le marché.Ces résultats sont appuyés par les estimations de la beta-convergence et de la sigma-convergence. La beta-convergence est toujours négative et statistiquement significative indiquant ainsi l’existence d’une convergence des scores d’efficacité dans la région MED-11. De plus, les résultats de la sigma-convergence suggèrent une augmentation de la vitesse de convergence dans la mesure où le coefficient ? est toujours négatif et statistiquement significatif.Chapitre 4 : Impact des réglementations bancaires sur l’efficacité Ce chapitre pose une question très spécifique: l’efficacité-coût des banques Méditerranéennes est elle plus importante dans les pays caractérisés par de meilleures conditions réglementaires et de supervision ? Les résultats font écho aux dernières découvertes relayées par la littérature. Certains aspects de la réglementation comme les obligations de divulgation, la disponibilité d’informations sur le crédit et les barrières à l’entrée sont très importantes. L’existence d’un régime formel d’assurance des dépôts peut aussi renforcer l’efficacité en attirant l’attention sur le besoin d’améliorer la confiance des déposants. Les autres résultats sont moins clairs et appellent à une étude plus approfondie. Par exemple, bien que les restrictions sur les activités portent atteinte à l’efficacité, il est possible qu’elles conduisent simultanément à des risques plus importants.Les résultats de ce chapitre montrent clairement que les banques opérant dans des pays à meilleure structure de réglementation sont les plus efficaces. Particulièrement, l’existence d’un régime formel d’assurance des dépôts, les obligations de divulgation qui facilitent la surveillance par les acteurs privés ainsi que la disponibilité d’informations sur le crédit améliorent l’efficacité des banques. Dans une moindre mesure, les résultats pointent vers un impact positif de la rigueur des exigences en capital sur l’efficacité des banques.Par contre, selon nos résultats, il est possible d’autoriser les banques à étendre leurs activités en démantelant les barrières à l’entrée du secteur. L’indépendance de l’organe de supervision semble ne pas avoir d’impact sur l’efficacité coût des banques, un résultat vraisemblablement dû à un effet de compensation trouvant son origine dans les risques élevés émanant de la centralisation du pouvoir politique.En somme, nos résultats supportent le troisième pilier de Bâle II avec un plus faible support pour les exigences en capital. Le déploiement rapide de registres du crédit privés, probablement calqués sur le modèle marocain est également un facteur important de l’efficacité bancaire. Toutefois, aucun de ces facteurs ne devait être traité isolément. La qualité institutionnelle, mesurée ici par une l’agrégation d’un ensemble de facteurs politiques et de gouvernance est une caractéristique d’importance capitale. Enfin, la stabilité macroéconomique contribue également de manière importante à l’efficacité des banques.Il doit aussi être souligné que les résultats de ce chapitre ont également évalué l’importance des pratiques de régulation et de supervision dans l’amélioration de l’efficacité bancaire. D’autres sujets devraient également être considérés pour faire une évaluation plus large de la pertinence et l’adéquation de certaines règles et standards.Chapitre 5 : Impacts des réglementations bancaires sur la croissance Ce chapitre se tourne vers une investigation plus profonde des bénéfices économiques émanant des pratiques de réglementation et de supervision. La principale question est de savoir si les réglementations et pratiques bancaires ont un impact sur la croissance. Plusieurs canaux par lesquels la relation peut opérer sont ici considérés, y compris l’impact des réglementations sur l’efficacité-coûts du système bancaire, l’octroi de crédit au secteur privé et l’activité sur les marchés de capitaux. L’analyse empirique prend également en compte d’autres canaux intermédiaires qui ne sont pas considérés.Selon nos spécifications, les réglementations financières ont un impact direct relativement limité sur la croissance économique. Parmi les sept domaines réglementaires considérés, seul le contrôle par le gouvernement ? proxy des barrières à l’entrée et des conditions de marché ? semble avoir un effet négatif et régulier sur la croissance économique. De plus, les preuves de l’impact du développement financier sur le développement économique sont limitées. Bien que l’efficacité et la rotation sur le marché des actions semblent avoir un effet positif sur le taux de croissance du revenu par tête, le crédit au secteur privé apparait comme ayant seulement un impact limité (et possiblement négatif) sur la croissance.Les résultats montrent que les réglementations exercent un impact sur la croissance principalement à travers des variables financières. Sur la base des résultats revus dans cette section, il apparaît que les facteurs de réglementation examinés ici n’exercent au mieux qu’un impact indirect sur la croissance par le biais du développement financier. De plus, l’absence de corruption a un impact clair sur la croissance ce qui souligne son importance comme condition préalable à la croissance.À ce stade plusieurs faiblesses techniques doivent être soulignées. Premièrement, la petite taille de l’échantillon ne permettait pas une analyse en panel. Deuxièmement, les similarités entre les pays étudiés ont pu se traduire par des biais d’échantillonnage, ce qui implique que les résultats doivent être interprétés avec précaution et doivent faire l’objet d’une réévaluation avant d’être transposés à d’autres régions.Troisièmement, la similarité entre les pays étudiés rend difficile la recherche d’indicateurs forts dans la mesure où la variation inter-pays est limitée. Ceci est en effet l’une des principales causes de la faiblesse apparente des instruments choisis pour la part du crédit au secteur privé rapportée au PIB. Enfin, on a assumé que les variables de réglementation ne changeaient pas sur la longue période. Bien que cette hypothèse ne conduise vraisemblablement pas à d’importants biais, elle est une source additionnelle d’homogénéité.ConclusionsCette étude met en lumière les changements dans les cadres réglementaires de quatre pays Méditerranéens : Algérie, Egypte, Maroc et Tunisie. Lors des deux dernières décennies, les quatre pays ont conduit d’importantes réformes du secteur financier de différente ampleur en termes de profondeur, engagement et succès. Dans le cas du Maroc par exemple, la suppression des subventions et des contrôles des taux d’intérêt ; le renforcement des rôles et mandats des superviseurs bancaires ; l’amélioration des pratiques de gestion du risque et leur alignement sur les pratiques les plus récentes ; la mise en place réussie d’un régime d’assurance des dépôts et la création d’un système d’information sur le crédit ont permis de construire le système financier le plus développé parmi les pays ici étudiés et peuvent très bien servir d’exemple de bonnes pratiques pour d’autres systèmes financiers en développement.Les autres pays Sud Méditerranéens examinés ici ont moins bien réussi à mettre en place des réformes clés. Comme le montrent les ratios élevés de créances douteuses, les banques des trois autres pays ont des actifs de moins bonne qualité. Les politiques mises en place pour répondre à la mauvaise qualité des actifs se sont traduites soit par de maigres améliorations, soit par un assèchement du crédit, voire par les deux. Les efforts de privatisation n’ont été que partiellement réussis. Parfois, ces efforts ne sont pas traduits par une amélioration des conditions de marché et de développement financier. En Algérie, les banques publiques continuent de dominer le secteur bancaire et comptent pour 90% des actifs totaux du secteur bancaire. En Egypte, bien que les efforts de privatisation aient été partiellement couronnés de succès, les prêts au secteur public et la dette représentent une fraction importante des portefeuilles bancaires, grevant ainsi les possibilités de développement financier ainsi que les opportunités de croissance. En Tunisie, la plupart des grandes banques du pays sont détenues par capitaux publics.Les comparaisons entre les pays UE-MED présentent des déficiences particulières. Malgré quelques améliorations récentes, les barrières à l’entrée sont encore monnaie courante dans les pays Sud Méditerranéens. Elles trouvent leur origine dans les taux élevés de refus d’octroi de licences aux banques étrangères, eux-mêmes intimement liés à la part dominante de l’Etat dans le secteur bancaire. Les exigences en capital sont moins rigoureuses dans les pays Sud Méditerranéens considérés, de plus en plus à cause des disparités dans la sensibilité au risque des exigences en capital minimum. Les régimes d’assurance des dépôts existants ? c.à.d. ceux de l’Algérie et du Maroc ? créent des incitations adverses et peuvent augmenter les risques d’aléa moral. En Egypte et en Tunisie, les garanties implicites du gouvernement pourraient également aggraver les problèmes d’aléa moral. Bien que la surveillance privée et les exigences de transparence semblent alignées sur les standards UE-MED, les pratiques comptables sont de plus en plus mauvaises dans le Sud de la Méditerranée. Enfin, malgré quelques améliorations récentes, la disponibilité d’informations sur le crédit est plutôt mauvaise dans la région.En ce qui concerne l’analyse de l’efficacité-coûts, les résultats indiquent une amélioration globale des niveaux d’efficacité aussi bien dans les pays UE-MED que dans le Sud de la Méditerranée depuis 2005 (exception faite de l’Egypte). Pour le Sud de la Méditerranée, si cette amélioration est particulièrement flagrante pour les banques Algériennes et Marocaines, elle résulte de facteurs différents. L’efficacité moyenne globale des banques du Sud de la Méditerranée s’améliore, encore une fois poussée par les améliorations dans les bonnes pratiques. Les banques UE-MED et en particulier les banques espagnoles dominent la région avec des scores d’efficacité de l’ordre de 80.4% contre une moyenne régionale de 63.5%. Les banques espagnoles possèdent également les ratios de méta-technologies les plus élevés de la région avec une augmentation constante de ces derniers. Ceci indique que les banques espagnoles ont constamment amélioré leur technologie bancaire devenant un exemple de bonnes pratiques. Toutefois, durant la période analysée le ratio moyen de méta-technologie est en augmentation ce qui indique que les banques de tous les pays considérés sont capables de s’approprier la meilleure technologie disponible.
Ces résultats sont confirmés par l’estimation de la beta-convergence. Le coefficient beta est toujours négatif est statistiquement significatif, indiquant ainsi qu’une convergence dans les scores d’efficacité des pays de la région a bien eu lieu. Par ailleurs, les résultats de la sigma-convergence suggèrent une augmentation de la vitesse de convergence car le coefficient ? est toujours négatif et statistiquement significatif. Ceci montre que si l’écart technologique est encore élevé, il tend à se réduire plus rapidement.En examinant l’impact des pratiques de réglementation et de supervision sur l’efficacité coûts des banques, les résultats montrent clairement qu’une bonne structure de réglementation contribue de manière importante à l’efficacité du système bancaire. A cet égard, le cas du Maroc est instructif. En particulier, les régimes d’assurance des dépôts, d’adéquates obligations de divulgation de l’information ainsi que la disponibilité d’informations sur le crédit semblent améliorer l’efficacité des systèmes bancaires. Une définition plus large du marché bancaire résultant de barrières à l’entrée moins importantes ainsi que de restrictions moindres dans l’activité des banques améliore aussi l’efficacité des banques, mais à un degré moindre toutefois. Le déploiement rapide des bureaux de crédit, vraisemblablement basés sur les meilleures pratiques régionales améliore également l’efficacité comme le montre le nouveau système Marocain.Enfin, l’impact positif sur la croissance de l’adéquation réglementaire semble opérer principalement à travers son impact sur le développement financier. L’étude montre également que la présence du gouvernement dans le système bancaire nuit à la croissance, et ce, même en dehors du cadre du développement financier et d’autres variables financières. De plus, des obligations de divulgation plus exigeantes ainsi que des exigences en capital plus rigoureuses et des limitations moindres de l’activité bancaire ont également des impacts positifs sur la croissance en améliorant le développement financier.Il est aussi important de noter que les pratiques de régulation et les facteurs d’adéquation ne doivent pas être traités séparément. La qualité institutionnelle mesurée ici par un ensemble de facteurs liés à la gouvernance et à la politique est un facteur important dans toutes les régressions. Le contrôle de la corruption et la présence d’institutions démocratiques sont aussi des facteurs importants qui doivent être appréhendés parallèlement aux conditions de réglementation.En somme, l’étude met en lumière certaines des déficiences les plus importantes des réglementations bancaires du Sud de la Méditerranée. Il apparaît que quelques uns des standards les plus nouveaux comme les exigences en capital de Bale II ont été conçues pour les pays développés et ne semblent guère appropriées à d’autres pays en développement à cause de nombreuses déficiences dans le partage de l’information, dans les exigences de divulgation et plus globalement dans le cadre institutionnel. Un des objectifs clés des prochaines réformes devrait être de trouver des moyens pour réduire l’emprise du gouvernement sur le système bancaire tout en s’assurant que le cadre réglementaire et le développement institutionnel qui en émanent répondent correctement aux imperfections du marché.