Le point de départ de cette analyse est la confrontation de deux résultats mis en évidence par la littérature concernant l’impact de la libéralisation commerciale sur l’efficacité productive. D’une part, plusieurs études montrent qu’en dépit de plus de 20 années de libéralisation commerciale, le secteur manufacturier en Jordanie, Maroc et Tunisie demeure marqué par une grande inefficience et une forte spécialisation productives. D’autre part, la littérature traitant de plusieurs autres pays en développement montre que the canal le plus important par lequel la libéralisation commerciale affecte l’efficacité productive est un processus de sélection ‘naturelle’ entre firmes : Les moins efficaces restructurent ou quittent le marche tandis que de plus productives entrent sur le marche. Il est, des lors, important d’examiner dans quelle mesure un processus similaire s’est enclenché dans les trois pays susmentionnés. Etant donnée, ses similarités (niveau de développement, culture, région, et libéralisation) et ses différences (principalement ses meilleures performances économiques) avec ces trois pays, la Turquie est analysée dans un but comparatif.
Notre analyse montre que, en effet, le processus d’entrée et de sorties des firmes a contribué à l’amélioration de l’efficacité productive dans les trois pays. Cette amélioration a été réalisée à la fois à travers la sortie des firmes les moins productives et l’entrée d’autres plus performantes. L’effet positive sur la productivité du secteur est du à l’impact propre des entrées et sorties et non a l’impact à travers la productivité des survivants. La sortie semble ‘nettoyer’ le secteur des entreprises les moins productives alors que l’entrée permet de les remplacer par de plus productives. Il apparait que l’amélioration de la productivité est du aussi à d’autres facteurs tells que l’accès aux facteurs de productions (le capital en particulier) et le degré de concurrence sur le marche.
Bien que le processus d’entre/sortie des firmes ait eu un impact positif sur la productivité dans les trois pays considérés et que cet impact soit similaire à celui dans d’autres pays émergents, la question demeure concernant la persistance de l’inefficacité productive dans ces trois pays. La réponse est à trouver dans l’intensité du processus.
La comparaison de l’intensité de ce processus dans les 3 pays montre qu’elle est de loin plus faible qu’en Turquie ou dans d’autres pays émergents. Il semble, dès lors, que si le processus d’entrées/sorties des firmes permet d’améliorer la productivité en Jordanie, Maroc et Tunisie, l’impact final est limité par l’intensité du processus lui même. En conséquence, l’analyse des déterminants de l’intensité du processus entrées/sorties est nécessaire afin de fournir des recommandations utiles.
L’examen des déterminants de l’intensité du processus entrées/sorties montre que l’entrée est supérieure dans les industries offrant des opportunités de marché. Elle est plus faible dans les industries connaissant des barrières naturelles (intensité du capital requis) ou stratégiques (concentration élevée) à l’entrée. La sortie des firmes est moindre dans les marchés en expansion, nécessitant du capital spécifique ou faisant face à une faible concurrence interne et externe.
Ces résultats, en ligne avec littérature, suggèrent les recommandations de politiques économiques suivantes. Primo, le degré de concurrence sur le marché apparaissant comme facilitateur du processus entrée/sortie, une application rigoureuse, notamment en Jordanie et au Maroc, de la politique de la concurrence est nécessaire. Secundo, un meilleur accès au capital a émergé comme un autre déterminant favorisant les entrées/sorties. Le cout du capital ne se limite pas aux taux d’intérêt mais dépend aussi l’accès au crédit, la protection du droit de propriété, la taxation, le respect des contrats etc. Selon différents indicateurs internationaux, le classement des trois pays est assez médiocre de ce point de vue.
Tertio, l’existence d’opportunités de marche a un effet net positif sur le processus d’entrée/sortie et sur son impact sur la productivité. Abstraction faite de la demande intérieure, qui est un problème plus macroéconomique, ce résultat suggère que l’amélioration de la productivité peut aussi passer par une plus grande orientation à l’exportation.