Le papier développe un modèle pour analyser l’effet de l’ouverture sur le comportement des firmes localisées dans un pays en développement.La spécificité du modèle est d’introduire une hétérogénéité entre les firmes qui repose sur les difficultés d’accès aux marchés des capitaux. On suppose en effet que les coûts liés au financement de l’investissement des entreprises sont élevés (soit parce que les taux d’intérêt sont hauts, soit parce qu’il existe des obstacles à l’obtention de crédits), ce qui conduit à considérer la coexistence dans le pays en développement de deux types d’entreprises : les unes font le choix d’investir dans les coûts fixes et produisent avec des coûts marginaux bas, les autres produisent avec des coûts fixes nuls et des coûts marginaux élevés.Dans ce cadre théorique, on trouve que la réforme commerciale peut inciter les entreprises à investir seulement si la libéralisation des droits de douane ne concerne que les biens intermédiaires ou si cette libéralisation des tarifs est symétrique, autrement dit si elle se double d’une ouverture équivalente aux marchés à l’exportation pour les pays en développement.Dans le cas d’une libéralisation asymétrique qui porte à la fois sur les biens intermédiaires et sur les biens finals, le modèle montre que l’on ne peut pas être assuré que les entreprises sont incitées à investir et donc à améliorer leur productivité.La mise en perspective des prédictions théoriques et de la vérification empirique de l’effet d’une baisse des droits de douane sur l’incitation à investir, apporte des éléments de compréhension des processus en cours dans les pays méditerranéens. D’un point de vue de la politique économique, ce modèle théorique a le mérite de montrer que les pays méditerranéens ne doivent pas miser sur le seul démantèlement tarifaire prévu dans les Accords d’Association Euro-Méditerranéen pour dynamiser leur système productif. Nos résultats montrent bien au contraire que sans politique d’accompagnement et notamment sans une modification en profondeur des conditions d’accès aux moyens de financement, en particulier pour les petites et moyennes entreprises, la réforme commerciale en cours pourrait constituer un frein à la mise à niveau et à la croissance de l’industrie.