Cette étude représente une analyse détaillée des systèmes financiers des partenaires méditerranéens. Dans une première partie l’étude décrira les fonctions majeures et les traits des systèmes financiers des partenaires méditerranéens, puis elle fera le point sur une analyse des liens quantitatifs et qualitatifs entre systèmes financiers et croissance économique des partenaires méditerranéens. Les profiles des pays seront présentés pour exposer les grandes lignes des caractéristiques clés des systèmes financiers actuels dans 7 des économies des partenaires méditerranéens. Par ailleurs les règlementations et pratiques du secteur financier des partenaires méditerranéens comparées aux normes internationales seront évaluées pour mettre en exergue le décalage qui existe entre les normes appliquées par les systèmes financiers des partenaires méditerranéens relativement aux normes de l’UE et aux normes internationales de même. De plus l’étude surlignera les règlementations prudentielles (Bale II par exemple) ainsi que les mécanismes de contrôle et d’efficacité informationnelle, de même que la profitabilité des banques des pays-Med et la contribution du système bancaire en termes d’offre de crédits au secteur privé et en termes de mobilisation des capitaux pour de nouveaux projets d’investissements. En plus l’étude mettra en évidence une évaluation des risques de crédits ainsi que les pratiques de gestion des risques de crédits. En outre des recommandations pour le développement du cadre règlementaire pour les marchés financier des partenaires méditerranéens en question seront présentées dans le but de servir les objectifs interconnectés de croissance économique et d’intégration et libéralisation financière. Le problème d’efficience des marchés boursiers des Pays-Med sera exploré pour voir si les fonds sont entrain d’être alloué efficacement envers des investissements productifs. Quant au problème de l’intégration des marchés boursiers dans la région méditerranéenne il sera étudié dans le but de conclure si ces marchés sont intégrés dans la région. Par ailleurs une analyse économétrique plus formelle sera conduite pour mieux comprendre les principaux déterminants de croissance économique et développements financiers dans la région MED tout en surlignant le rôle des instruments financiers dans le développement économique des partenaires méditerranéens.
Les principaux résultats et recommandations auxquels a aboutit cette étude sont les suivants :
1. Bien que les systèmes bancaires des pays-Med jouent toujours un rôle important et majeur dans la canalisation des fonds vers les différents secteurs économiques, ces systèmes n’offrent toujours pas les services et produits financiers qui sont cruciaux pour garantir la durabilité de la croissance économique.
2. Les banques des pays-Med ont besoin d’introduire de nouveaux produits financiers pour développer leurs marchés de crédit
3. L’efficience informationnelle des marchés des crédits dans la région-Med est inférieure à la moyenne des autres économies émergentes dans le monde. Ceci est un facteur qui limite et empêche l’expansion des marchés de crédits dans cette région.
4. Le système bancaire des pays-Med souffre de l’insuffisance des moyens d’évaluation des projets d’investissements ainsi que pour l’évaluation des directeurs des banques. Dans la plupart des cas les fonds ne sont pas canalisés vers les projets d’investissements les plus productifs alors que les coûts de financement de ces projets sont souvent plus élevés que ceux qui existent dans des économies plus développées.
5. Il est exigé de la part des banques des pays-Med d’établir de nombreuses préparations pour qu’elles puissent bénéficier de l’accord de Bale II. Il est requis de ses banques de remettre en question leurs procédures de crédits actuelles, elles devraient de même varier la gamme de leurs fonctions de gestion de crédits, tout en développant l’importance de ces fonctions, et de rénover leurs systèmes d’information et de technologie (IT)
6. Les marchés financiers des pays-Med devraient être plus transparents. La divulgation proactive des informations financières est toujours faible et parfois même absente. C’est une raison parmi d’autre qui fait que les marchés boursiers des pays-Med ne sont toujours pas capables de canaliser efficacement les fonds vers des investissements productifs. Le système bancaire de ses pays est toujours la source majeure des fonds qui vont vers la majorité des projets entrepris dans ses pays.
7. Les pays-Med sont entrain de dévouer de véritables efforts pour développer leurs systèmes de comptabilité pour aboutir à plus de transparence et pour une meilleure divulgation d’informations. A l’exception de l’Egypte et du Maroc, les engagements extérieurs nets du secteur financier des pays-Med sont relativement bas, ceci est dû au niveau élevé des restrictions imposées par les pays-Med sur les flux de capitaux dans cette région.
8. A l’exception de l’Egypte, du Maroc et de la Tunisie, les systèmes de taux de changes dans la région-Med sont soit fixés au dollar Américain soit à un panier de devises. Ceci constituera un problème au cas où le compte de capital est libéralisé rapidement. Si c’est effectivement le cas alors le flux de capital à court-terme entrant et sortant de la région se fera à un rythme très rapide qui causera une dépréciation de la monnaie ainsi qu’une perturbation du système financier et une perte des réserves en devises étrangères.
9. Les marchés de capitaux des pays-Med montrent récemment signe de performance positive en termes de croissance, liquidité et transparence. De plus en plus d’investissements sont attirés vers la région et les marchés ont tendance à devenir plus ouverts. Malgré cela il reste encore beaucoup d’efforts à faire afin de parvenir à une libéralisation totale des capitaux.
10. Les marchés boursiers des pays-Med ont une forme d’efficience informationnelle faible. Une efficience forte aurait aidé à réduire les coûts d’information et aurait permis de surmonter les problèmes d’asymétrie de l’information et d’améliorer l’allocation des ressources ainsi que de développer la croissance tout en garantissant que les capitaux sont alloués à des projets qui ont le potentiel d’avoir un taux de rendement élevé. Les marchés financiers des pays-Med ont encore besoin d’être plus transparents. La divulgation des informations financières est toujours faible et parfois même totalement absente. C’est une raison parmi d’autre qui fait que les marchés boursiers des pays-Med ne sont toujours pas capables de canaliser efficacement les fonds vers des investissements productifs
11. Le système bancaire des pays-Med est toujours la source majeure des fonds de plusieurs projets entrepris par ces pays. De plus nous étions capables de prouver que la région MED est en procès de maturation et qu’elle est sur le point de devenir la prochaine « région émergente ». Nos résultats ont également mis en doute jusqu’à quel point les marchés des pays-Med sont régionalement intégrés. Bien que cela entrave le flux de capitaux intra-régional ainsi que la croissance dans la région-Med, mais au cas où une crise éclate dans un des marchés financiers de la région ses effets seront rapidement diminués et les pertes financières seront minimisées.
12. Nous avons montré de même que l’Egypte, la Jordanie, la Grèce et la Turquie ont un développement modéré de leurs marchés de capitaux avec un taux de liquidité faible ainsi qu’un faible taux de roulement d’une part, et d’autre part une propriété concentrée des marchés avec une limitation des genres d’instruments financiers échangés. Cependant notre échantillon représentatif a témoigné une amélioration significative dans le secteur financier durant les deux dernières décennies. Cette amélioration comprend l’augmentation du nombre des titres cotés en bourse, le capital échangé, la capitalisation boursière des actions et obligations ainsi que l’introduction de nouveaux produits tels que les fonds communs de placements, les instruments dérivés pour la partie Nord de notre échantillon.
13. Les modèles de régression Panel de notre base de données, dans lesquels la variable dépendante était la croissance économique, ont montré que la profondeur financière contribue amplement à la croissance du PIB dans la région-Med. Ce résultat est conforme avec les résultats de King et Levine (1993) qui avaient trouvé qu’il existait une relation positive entre développement des marchés financiers et croissance économique dans un contexte intra-pays. Les résultats ont montré de même que l’épargne nationale avait un coefficient positif et que ce dernier était significatif et robuste. Ceci représente clairement une évidence que malgré le fait que 7 des pays-Med génèrent suffisamment d’épargne au point qu’elle permette une contribution positive a la croissance, mais ces pays n’ont pas réussi à utiliser ces épargnes a travers un marché financier efficace qui puisse stimuler encore plus d’investissement et conséquemment stimuler la croissance économique.
14. D’autres résultats empiriques montrent que les coefficients des variables d’investissement et d’inflation sont négatifs ce qui n’est pas conforme avec nos expectations ni avec notre partie conceptuelle. L’estimateur du coefficient de la part de la dette externe dans le PIB est révélé être négatif et statistiquement insignifiant, ce qui signifie que le poids de la dette externe pourrait avoir contribué négativement au ralentissement observé de la croissance économique dans les pays de la région MENA. Les obligations de la dette absorbent une fraction importante des ressources qui auraient pu être mobilisées pour des investissements. Quant aux résultats observés pour les autres variables, ils doivent être interprétés avec une prudence extrême à cause de l’hétérogénéité qui puisse exister entre les types de croissance des sept pays étudiés.
15. Des réformes des marchés financiers sont entrain d’être implémentées à un rythme lent dans la région-Med. Néanmoins, à cause des comptes de capitaux qui sont relativement protégés, les réformes financières peuvent prendre place sans une crise financière imminente de l’horizon. La levée des barrières existantes sur les flux de capitaux doit se faire petit à petit afin d’être en parallèle et sur le même rythme avec les reformes financières.
Il est prévu que la région-Med aille vite sur les réformes financières, ce qui lui permettra d’être ouverte pour les capitaux étrangers, ce qui est un élément essentiel pour une intégration plus approfondie avec l’UE ainsi que pour une croissance soutenable. Ceci se fera au moment où l’émergente région-Med prendra la tète en ce qui concerne l’attraction du capital International Européen, un capital qui avait déjà reçu plusieurs coups a la veille de la crise dans l’Est de l’Asie, le Japon, la Russie et l’Amérique Latine, ainsi qu’après les événements du 11 Septembre aux EU et suite à la dernière crise financière qui a récemment déclenché aux EU.