Deux décennies après Barcelone, les Membres du FEMISE repensent le Partenariat euro-méditerranéen: Compte-rendu Conférence Annuelle FEMISE 2016

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Participants à la Conférence Annuelle FEMISE 2016. 13-14 Fevrier, 2016- Athènes, Grèce

Conférence Annuelle du FEMISE 2016 sur: « Deux décennies après Barcelone: Repenser le partenariat UE-Med »

Compte-rendus des Sessions plénières

Faut-il repenser le Partenariat euro-méditerranéen ?

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De gauche à droite : Senén Florensa (IEMed), Ahmed Galal (FEMISE, ERF) Patricia Augier (FEMISE, IM) et Sergio Alessandrini (Université de Modène)

Vingt ans après la signature du processus de Barcelone qui jetait les bases d’une coopération euro-méditerranéenne, le bilan semble mitigé. Le rapprochement des deux rives doit composer avec l’instabilité au Maghreb et au Moyen-Orient. De l’illusion à la désillusion…

Le Printemps Arabe a balayé les timides avancées engagées en 1995 en faveur d’un rapprochement des rives sud et nord de la Méditerranée.

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Ahmed Galal (FEMISE, ERF)

« Jusque-là, l’Union européenne traitait avec les gouvernements des pays. Elle n’avait pas d’autre choix que de négocier avec ces dictateurs qui ne représentaient pas les peuples », constate Ahmed Galal, président et coordinateur du Femise et directeur général de l’ERF. Selon lui, la superficialité des accords d’association bilatéraux ne permettait pas de répondre aux attentes des populations, les efforts ayant seulement porté sur l’activité industrielle sans se soucier de la montée en puissance des services.

« Les résultats sont médiocres. Le temps est venu de repenser la politique de voisinage en adoptant des mesures concrètes en faveur du commerce, des mouvements de capitaux et de la circulation de la main-d’œuvre », fait valoir Ahmed Galal.

L’Europe entre optimisme et naïveté

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Sergio Alessandrini (Université de Modène)

Le processus de Barcelone reflétait un véritable élan d’optimisme de la part de l’Europe. La chute du mur de Berlin marquait la fin d’une ère, les Européens imaginaient vivre dans un monde en paix. « Nous sommes passées de l’idéalisme au réalisme », lâche Sergio Alessandrini, professeur à l’université de Modène qui préconise non pas une mais différentes politiques européennes de voisinage (PEV). (pour en lire plus sur l’intervention de Pr. Alessandrini: Rethinking the Euromed Partnership: Fine-Tuning or Reinvention? (Pr. Sergio Alessandrini, ppt)

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Senén Florensa (IEMed)

Crise économique et crise des migrants ont ébranlé la cohésion des États membres. La priorité est à la stabilité des flux migratoires dans un contexte de gel du budget de 15 mds € alloué à la coopération. « Les perspectives financières sont figées jusqu’en 2020. Or l’Europe vient d’allouer 3 mds € à la Turquie pour contenir le flot de migrants. Nous avons été naïfs de croire que nous pourrions appliquer aux pays méditerranéens la même approche que celle engagée lors de la création du marché unique européen, s’étonne Senén Florensa, président exécutif de l’Institut Européen de la Méditerranée (IEMed). Au cours des 20 dernières années, le Maroc a enregistré une croissance économique de 5 à 6% par an en moyenne. Au même moment l’économie tunisienne stagnait tandis que la Libye et la Syrie rejetaient le processus de convergence avec l’Europe ».

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Elisabeth Johansson-Nogués (IEI-Barcelone)

L’UPM de Nicolas Sarkozy se résumait à des projets concrets délaissant le volet politique. Or, au même moment, les peuples en quête de démocratie descendaient dans la rue. « Comment satisfaire les gouvernements et les aspirations des peuples ? », s’interroge Elisabeth Johansson-Nogués, chercheur en économie à l’Institut d’Etudes internationales de Barcelone. Selon elle, la PEV doit intégrer cette donnée faute de quoi la vulnérabilité des pays sera encore plus grande sur le long terme.

Vers un nouveau paradigme pour un bénéfice mutuel du partenariat Europe-Méditerranée

L’intégration des pays arabes dans la chaîne de valeur globale et mondialisée permettrait de parvenir à la convergence des deux rives. Le nouveau paradigme des relations prospères euro-méditerranéennes repose sur l’innovation politique, l’accélération des réformes douanières et sur une approche multilatérale.

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Peter Young (DG TRADE, EU)

« 20 ans après Barcelone, certains objectifs restent d’actualité. Nous devons œuvrer pour améliorer la prospérité partagée sur la base des relations nord-sud et sud-sud. L’Europe demeure la première partenaire commerciale des pays méditerranéens avec 314 mds € de volumes d’échanges en 2014 contre 279 mds € dix ans plus tôt. Le printemps arabe a renforcé la nécessité de travailler ensemble pour parvenir à une croissance économique et durable », averti Peter Young, directeur de l’unité Trade E.3 au sein de la Commission européenne.

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Conférence Annuelle FEMISE 2016

Selon lui, l’absence de stabilité politique et de sécurité risquent d’avoir un impact sur le commerce. Il préconise d’accélérer les réformes douanières afin de soutenir les entreprises. « Les politiques commerciales doivent tenir compte de l’émergence d’une chaîne de valeur globale », ajoute Peter Young citant l’exemple du Maroc. Le pays a su s’intégrer dans la chaîne de valeur ajoutée dans les secteurs automobile et aéronautique. En Tunisie, il évoque la performance dans l’ingénierie mécanique et électrique.

« Les pays du sud n’ont pas fait leur devoir »

Ce sont d’ailleurs les deux seuls pays avec lesquels la Commission européenne est parvenue à entamer en octobre 2015 des pourparlers autour d’un accord de libre échange (ALECA).

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Patricia Augier (FEMISE, IM)

En pleine révision de la politique européenne de voisinage, Patricia Augier, présidente du Comité scientifique et coordinateur du Femise, regrette l’insuffisance d’études sur l’impact des mesures non tarifaires. « Si les pays méditerranéens adoptent une harmonisation pour répondre aux critères européens en matière de barrières non tarifaires, il faut se poser alors la question du renchérissement des coûts de production.

Les pays méditerranéens sont-ils prêts à se couper de certains marchés ? » questionne l’économiste. « Recherche-t-on l’intégration ou la convergence ? La confusion a été entretenue durant des décennies car l’Europe employait les outils de l’intégration. La politique européenne de voisinage a tendance à établir des relatons bilatérales or nous devons redynamiser la dimension régionale ».

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Raed Safadi (OCDE)

L’Europe est-elle responsable de l’échec du processus de Barcelone ? Ancien directeur du commerce et de l’agriculture à l’OCDE, Raed Safadi, pointe du doigt les pays arabes qui ne sont pas parvenus au cours des vingt dernières années à s’intégrer correctement à la chaîne de valeur globale. « Les exportations depuis les pays arabes vers l’Europe ne sont pas dynamiques. Les pays du sud n’ont pas fait leur devoir ».

De son côté, Vassilis Monastiriotis, professeur associé et directeur de l’unité de recherche à la London School of Economics (LSE) en Grande-Bretagne sur l’Europe du Sud et de l’Est évoque l’innovation politique comme nouveau paradigme au partenariat euro-méditerranéen. Pour en lire plus sur l’intervention de Pr. Monastiriotis : On the “new EU paradigm” The transformative power of the EU re-loaded? (Vassilis Monastiriotis)

L’Union européenne face aux défis de court terme

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Frédérica Zardo (Université de Turin)

La crise des réfugiés a relégué la construction économique euro-méditerranéenne au second plan. La politique à court terme d’aide aux migrants ampute les budgets alloués au développement économique des pays méditerranéens.

L’ampleur du phénomène migratoire auquel l’Europe assiste dépasse largement les déplacements de populations durant la seconde guerre mondiale. « Le premier naufrage de grande ampleur au large de Lampedusa en octobre 2013 a été vite oublié », fait remarquer Frédérica Zardo, chercheur au sein du département culture, politiques et société à l’université de Turin. La prise de conscience intervient seulement en avril 2015, lorsqu’un chalutier chavire au large de la Libye avec 800 migrants à bord.

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De gauche à droite: Panayotis J. Tsakonas (Université d’Egée), Javier Albarracin (IEMed), Henry Marty-Gauquié (BEI), Frédérica Zardo (Université de Turin)

« Sur les 300 000 réfugiés comptabilisés au cours des huit premiers mois de 2015, un flot de 200 000 migrants a rejoint la Grèce. Le phénomène continue avec 67 000 migrants enregistrés sur le seul mois de janvier 2016 », explique Panayotis J. Tsakonas, professeur des relations internationales, études sécuritaires et analyse de la Politique étrangère à l’université d’Egée. Il déplore le refus de certains États d’accepter les migrants. À ce jour, seulement 500 personnes ont bénéficié du dispositif de relocalisation. Pour en lire plus sur l’intervention de Pr. Tsakonas The Migration/Refugee Crisis  in the Mediterranean: EU Perspectives and Strategies (Pr. Panayotis Tsakonas)

L’Europe divisée assiste à la montée de l’extrême droite. « La nouvelle politique de voisinage consacre une perte d’ambition collective et un rétrécissement de la vision régionale. La Méditerranée a disparu des écrans radar. Le projet euro-méditerranéen ne fait plus rêver les gouvernements. L’effet corrosif de la crise nous contraint à des arbitrages, à gérer des peurs sur le court terme », constate Henry Marty-Gauquié, directeur de la Banque européenne d’Investissement en France.

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Conférence Annuelle FEMISE 2016

Ni don ni aide aux camps de refugiés, la marge de manœuvre de la BEI est serrée. « Elle s’est engagée dans des actions de court terme en finançant par exemple la construction d’un hôpital turc à Gaziantep à la frontière syrienne ou un prêt à Amman pour encourager l’auto-entrepreneuriat chez les réfugiés », détaille Henry Marty-Gauquié. Selon lui, les 5 à 12 mds € consacrés à gérer l’urgence « seront pris sur les budgets consacrés aux politiques traditionnelles d’aide aux pays méditerranéens ». De fait, les pays méditerranéens seront contraints de faire des choix. « Ils doivent s’entendre sur un dénominateur commun, négocier ensemble sur des priorités », précise Javier Albarracin directeur du département Développement Socio-économique à l’Institut Européen de la Méditerranée (IEMed).

L’Europe abandonne le « mythe de 1995 » au bénéfice d’une approche pragmatique. « Désormais, nous traitons avec chaque pays en fonction de son état d’avancement. Les pays arabes doivent faire des choix de société (gestion de l’eau, de l’énergie, sécurité alimentaire…) pour converger vers une économie mondialisée et bâtir une chaîne de valeur régionale », explique le représentant de la banque européenne citant l’exemple du Maroc et de la Tunisie.

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Patricia Augier (Coordonateur FEMISE et Présidente du Comité Scientifique) et Ahmed Galal (Coordonateur FEMISE et Président du FEMISE)

Les Coordonateurs FEMISE remercient les partipants et vous donnent rendez-vous en 2017 pour la prochaine Conférence Annuelle.

Pour l’album photo de la Conférence cliquez sur ce lien.

Les présentations Powerpoint sont disponibles ci-dessous.

Sessions Thématiques

FEM41-08 Corporate performance in transition in the MENA region (Inma Martínez- Zarzoso)

FEM41-09 Spatial proximity and firm performances. Empirical evidence from Turkey, Tunisia and Italy (Anna Ferragina) 

FEM41-12 Determinants of Export Performance of Firms in Selected MENA Countries (Yan Michalek – Forthcoming)

FEM41-04 Winners and losers in the Tourism Industry along the transition process: Evidence from South and North MED countries (Doaa Salman)

FEM41-07 FDI in MENA: Impact of political and trade liberalisation process (Juliette Milgram)

FEM41-13 THE ROLE OF VICINITY LINKAGES IN THE EU- MED REGION FOR TRADE GROWTH: FOCUS ON MIGRATION, LEVEL OF EDUCATION, AND SOCIAL INTEGRATION (Andrés Artal-Tur)

FEM41-01 Inequality, Intergenerational Mobility of Women Educational Attainment and Inclusive Policies in Arab Countries (Cristina Boboç)

 

 

 

 

EU-FlagThis conference is organised with financial support from the European Union through the FEMISE project on “Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership”.