Le Femise prône une approche intégrée du Nexus Eau-Énergie-Alimentation dans la région du MENA

 

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Stress hydrique aggravé, insécurité alimentaire et crise énergétique.Les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient sont confrontés à une tension extrême sur les ressources naturelles dans un contexte de pression accrue sur l’environnement. Comment gérer de front ces défis? Engagé dans le projet WEF-CAP (Technology Transfer and Capitalization of Water Energy Food Nexus[1]), le FEMISE analyse les impacts du changement climatique en Méditerranéen Dans son deuxième policy brief, intitulé «Opportunités pour une approche intégrée du Nexus Eau-Énergie-Alimentation dans la région du MENA : Égypte, Jordanie, Liban et Tunisie», le Forum préconise une approche intégrée de la gouvernance Eau-Énergie-Alimentation (EEA) en détaillant les opportunités et les leviers d’action pour chaque pays.

Ressource limitée, l’eau devient de plus en plus rare en Jordanie, au Liban, en Tunisie et même en Égypte, au bord de la pénurie. Le Nil ne suffit plus à étancher la soif des Égyptiens compte tenu de l’explosion démographique.Pourquoi ne pas développer des unités de dessalement de l’eau de mer, utiliser les eaux usées, recycler les nutriments ? Pourquoi ne pas réhabiliter et optimiser les infrastructures d’adduction de l’eau en Tunisie, recourir à l’énergie photovoltaïque pour pomper l’eau de mer et la transformer en eau douce ? En irriguant ses cultures avec des eaux usées, en déployant un système d’irrigation intelligent, le Liban économiserait sa ressource en eau. La détection des fuites d’eau en Jordanie serait une avancée notable, tout comme le recours aux eaux usées pour arroser les cultures.

Priorité à la préservation de l’eau

Autant de pistes concrètes avancées par le Femise visant à améliorer la gestion de l’eau. Le sujet figure au cœur des préoccupations des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. Les politiques publiques, historiquement organisées en silo et marquées par une gestion des ressources fragmentées, laissent place à un nouveau paradigme. Celui de promouvoir une approche intégrée de la gouvernance du Nexus Eau-Énergie-Alimentation (EEA) qui favorise les complémentarités entre filières.

« De toute évidence, assurer une agriculture durable nécessite d’aborder les défis eau-énergie-alimentation dans une approche intégrée plutôt qu’individuellement tout en donnant la priorité à la préservation de l’eau, qui constitue une ressource limitée et irremplaçable fondamentale pour le bien-être humain », plaident Dr. Maryse Louis et Sophie Dahdouh, expertes des enjeux socio-économiques méditerranéens au sein du Femise et auteures du policy brief.

Les pays du sud de la Méditerranée et du Moyen-Orient comptent parmi les régions au monde les plus affectées par les conséquences du changement climatique et doivent mener de front le déploiement de mesures en faveur de la transition verte tout en respectant les engagements pris en 2015 lors de l’Accord de Paris. Chiffres à l’appui, le Femise détaille les conséquences dramatiques sur les populations du Maghreb et du Mashrek du changement des conditions météorologiques. Hausse des empératures, événements climatiques extrêmes et baisse de la ressource en eau affectent les récoltes avec une chute significative des rendements. « Selon la FAO, le nombre de personnes en insécurité alimentaire sévère en Afrique du Nord est passé de 21,1 millions en 2019 à 28,3 millions en 2021 », souligne le Femise.

La crise sanitaire et la guerre en Ukraine ont aggravé une situation déjà alarmante entraînant une tension sur le prix des céréales et une crise sans précédent du prix de l’énergie. « En Jordanie, plus de 97 % des besoins en céréales pour l’alimentation humaine et animale en 2022 sont satisfaits par les importations, ce qui accroît la vulnérabilité du pays aux chocs externes », analyse le Femise. Les populations se précarisent, se paupérisent. « 28 millions de personnes dans la région du MENA n’ont toujours pas accès à l’électricité, principalement dans les zones rurales », complète le policy brief.

Une approche intégrée du Nexus EEA : Un Conseil méditerranéen axé sur l’EEA

Dans le cadre d’une gouvernance intégrée du Nexus Eau-Énergie-Alimentation (EEA), la création d’un Conseil Méditerranéen adressant l’EEA contribuera à une meilleure coordination régionale. La part accrue des énergies renouvelables (éolien, solaire, hydroélectricité) dans le mix énergétique, la sensibilisation et la promotion de l’innovation et de la technologie auprès des jeunes devraient favoriser l’émergence d’une gestion plus efficace et durable des ressources et permettrait de tendre vers la souveraineté énergétique.

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[1] Transfert de technologie et capitalisation du Nexus Eau-Énergie-Alimentation