Quand les transferts de fonds améliorent les conditions de vie

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Les envois de fonds des migrants réduisent significativement le nombre de ménages pauvres vivants en milieu rural. (Photo F. Dubessy) 

Les transferts de fonds des migrants contribuent à améliorer les conditions de vie et le niveau d’éducation des familles récipiendaires. Une étude d’impact de ces migrations temporaires a été conduite par les économistes du Femise. L’Algérie et le Maroc ont fait l’objet d’une analyse approfondie.

Depuis 1995, les fonds rapatriés vers les pays en développement ont été multipliés par six pour atteindre 325 milliards de dollars en 2010. C’est dire l’importance de ce phénomène sur les économies. Raison pour laquelle le Forum Euroméditerranéen des Instituts de sciences économiques (Femise) a mené des travaux sous la houlette du professeur Mouhoud El Mouhoud, enseignant à l’Université de Paris Dauphine.Intitulée « Impact des transferts de fonds sur la pauvreté et les inégalités : les enseignements de deux nouvelles enquêtes conduites au Maroc et en Algérie», l’étude FEM33-22 s’avère riche d’enseignements.

Logement, santé et éducation, premiers postes de dépenses

« Les résultats empiriques de cette étude montrent

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Depuis 1995, les fonds rapatriés vers les pays en développement ont été multipliés par six pour atteindre 325 milliards de dollars en 2010. (Photo BL)

que les envois de fonds des migrants réduisent significativement le nombre de ménages pauvres vivants en milieu rural. Ils empêchent également les ménages vulnérables de tomber dans la pauvreté. En réalité, même si les migrants ne sont pas tous issus de familles pauvres, les fonds qu’ils envoient peuvent avoir un effet d’entraînement des dépenses », précise le rapport. Généralement, les fonds sont affectés aux dépenses de biens et de services : Logement, santé et éducation représentent les premiers postes de dépenses.

« (…) Les transferts des migrants influencent positivement la décision des parents de laisser leurs enfants poursuivre leurs études en particulier s’ils sont de sexe masculin et lorsqu’ils sont inscrits dans un lycée ou dans un établissement d’enseignement supérieur », précise le rapport FEM33-22.

Si certains migrants choisissent de quitter leur pays d’origine afin d’améliorer les conditions de vie des familles restées au pays, certains décident de ne pas transférer d’argent. Selon l’étude, les montants varient en fonctions de leurs revenus, de leur pays d’origine, du pays de destination et de la durée du séjour à l’étranger.

Globalement, les transferts de fonds s’effectuent vers des pays à faible performance économique. Ils permettraient de réduire de 9% le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté.

En Algérie, le Femise constate un écart notable entre les populations bénéficiant ou non de transferts de fonds des migrants. Des disparités sont également relevées selon les régions.  Si Nedroma se caractérise par un fort taux d’émigration et un faible taux de transfert de fonds, la Kabylie, liée au passé colonial français, est marquée par le retour des migrants au pays au moment de la retraite. Dans ce cas, le Femise note l’importance des pensions versées aux  anciens migrants.

Au Maroc, les transferts de fonds constituent la première source de devises devant les recettes touristiques. En 2011, ils représentaient quelque 351 milliards de dollars.

Si les transferts améliorent les conditions de vie, ils ne peuvent en revanche se substituer à une politique publique globale tournée vers l’inclusivité.

Interview par Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum. www.econostrum.info.

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Photos par Econostrum : photo 1 par F. Dubessy, Econostrum; photo 2 par BL