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La transition démocratique, gage de stabilité économique pour la zone euro-med

Photo CTLe traditionnel rapport annuel du FEMISE a revêtu cette année un écho tout particulier. Publié dix mois après les premières révoltes du Printemps arabe, ce rapport revient sur les facteurs ayant conduit à la révolution dans les pays méditerranéens et analyse l’impact économique de cette année de transition vers la démocratie.

Ben Ali en cavale, Hosni Moubarak malade… Les grands leaders du Maghreb sont tombés, cédant sous le poids de la clameur populaire. La flambée du prix des matières premières (farine, sucre, huile), conséquence des agissements d’une poignée de spéculateurs de Chicago, a affamé Tunisiens, Egyptiens et autres peuples voisins. Le chômage, la corruption ont eu raison de ces gouvernements autoritaires.

Dans son rapport annuel intitulé « Une nouvelle région méditerranéenne : vers la réalisation d’une transition fondamentale », le Femise fait état des relations très étroites qu’entretenaient les chef d’entreprises tunisiens et égyptiens avec le pouvoir législatif. Certains siégeaient d’ailleurs au Parlement. Près de 180 entreprises tunisiennes étaient contrôlées par le clan Ben Ali !

La transition démocratique dans la région euroméditerranéenne est en chemin avec la Tunisie comme chef de file. La deuxième République tunisienne est en marche. Au même titre que les pays de l’Est dans les années 90, ces révolutions impactent l’économie avec une production industrielle à l’arrêt durant plusieurs semaines et des exportations affaiblies alors que depuis 2008 les pays méditerranéens connaissaient des taux de croissance de près de 5%.

NÉCESSITÉ DE ROMPRE AVEC LES ANCIENNES PRATIQUES

Les premières semaines d’émeutes en Tunisie ont coûté 1,6 milliard d’euros au pays soit près de 4% du PIB. Le cas égyptien est similaire avec des pertes dans la production industrielle et un coup d’arrêt de la fréquentation touristique. Le Maroc bénéficie d’un report de la clientèle se traduisant par une hausse de 8,5 % de ses revenus touristiques en dépit du Printemps Arabe et de l’attentat de Marrakech.

Les Investissements directs étrangers (IDE) orientés à la hausse ces dernières années, accusent le coup avec une fuite des capitaux dès les premiers jours de janvier. « Les IDE ont chuté de 21% en Tunisie au début de l’année 2011 et en Egypte le recul estimé a été de 68% ! Lors de  la crise économique de 2008, nous avions noté un ralentissement des IDE et  une reprise au bout d’un an. A présent, les investisseurs ont besoin d’être convaincus que ces pays ont rompu avec les anciennes pratiques. Sur le court terme, ces Etats vont traverser une période d’instabilité. L’expérience empirique démontre que l’ouverture démocratique apporte de la stabilité sur le long terme. Il faut recréer de la confiance dans les Etats », commente Constantin Tsakas, économiste du Femise et contributeur au rapport.

Il est également urgent de résoudre la question du chômage chez les jeunes et de l’inadaptation des formations aux besoins du monde industriel. L’arrêt de la production a contraint les employeurs à licencier avec un impact non négligeable sur le nombre de chômeurs qui devrait augmenter de 6,5% dans toute la région. Ainsi, le taux de chômage  régional devrait atteindre 10,3% et avoisiner les 12,2% en Egypte et 16% en Tunisie.

Avec la rente pétrolière, l’Algérie reste un cas à part, tandis que la Jordanie et le Maroc ont su très vite « recadrer » leur régime en tenant compte de la clameur de la rue. Les efforts de ces deux pays ainsi que ceux entrepris dans le passé par la Turquie, aujourd’hui pays relativement avancé sur la « courbe en J », pourraient servir d’exemple dans la région méditerranéenne.

Afin de soutenir les Etats à stabiliser leurs économies et les aider à passer le cap de la transition économique, les Etats occidentaux ont décidé, lors du sommet de Deauville en septembre dernier, d’accorder 40 mds € à la Tunisie et à l’Egypte. Aide à laquelle le FMI est venu abonder de 40 mds € pour la région euro-med.

Lire le rapport annuel

Photo Econostrum-MPV

Article de Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum. L’article fait partie d’une série d’articles conjoints réalisés dans le cadre d’un partenariat entre Femise et Econostrum pour l’année 2011, qui alimentent également la rubrique « Grand Angle»  du site d’information Econostrum. Vous pouvez retrouver cette rubrique et toutes les informations à l’adresse suivante:www.econostrum.info. L’inscription à la newsletter d’econostrum est accessible par: http://www.econostrum.info/subscription/

Une transition difficile mais si fondamentale pour la Méditerranée

imagesL’espoir d’une vie meilleure renaît pour les habitants des pays méditerranéens. La rupture avec les anciens régimes autoritaires consommée, les États traversent à présent une phase de transition au cours de laquelle ils vont expérimenter l’ouverture démocratique et devront réduire les inégalités.

C’est inéluctable, le chômage va augmenter, le PIB et les investissements directs étrangers vont faire un bond en arrière. La phase de transition amorcée en 2011 par les pays méditerranéens du printemps arabe sera un long parcours semé d’embûches tout comme la Pologne et autres pays de l’Est l’avaient expérimenté dans les années 90 lors de l’effondrement du bloc communiste.

« Les pays du sud vont entrer dans une phase de transition et passer d’un régime captateur et autoritaire à la démocratie. Une élite d’hommes d’affaires, très proches du pouvoir politique a engendré des rentes de situation. La connivence était de mise lors des appels d’offres. La corruption s’est peu à peu généralisée jusqu’au point d’obtenir une autorisation pour exercer une activité de commerce ambulant !», explique Jean-Louis Reiffers dans le rapport annuel 2011 du forum Euroméditerranéen des Instituts de Sciences économiques (FEMISE) intitulé « Une nouvelle région méditerranéenne : vers la réalisation d’une transition fondamentale ».

Un document dans lequel, le président du Conseil scientifique de l’Institut de la Méditerranée et coordinateur du FEMISE, aux côtés d’Ahmed Galal, président du Forum de recherche économique en Égypte, pointe du doigt les déficiences des États méditerranéens et surtout en appelle à la création d’un fonds de stabilisation des prix des denrées alimentaires de base (huile, farine et sucre).

Inscrit au rang des priorités lors de la réunion du G8 à Marseille, ce fonds de compensation sera abondé par la communauté internationale qui s’est engagée à débloquer 27 mrds € pour la Tunisie, l’Égypte, le Maroc et la Jordanie d’ici 2013.

« Le prix du blé avait augmenté de 15% en trois mois. Et n’allez pas expliquer à la ménagère tunisienne que les incendies en Russie et la spéculation des acheteurs à terme du marché de Chicago sont à l’origine de cette flambée du prix du blé tendre ! », indique Jean-Louis Reiffers.

Réduire les inégalités entre les régions côtières et les campagnes

Le Femise pointe du doigt l’accroissement des inégalités entre les régions côtières, portées par le tourisme notamment, et les régions rurales où le taux de pauvreté est supérieur, comme l’analphabétisme et où un système de santé déficient se traduit par un taux de mortalité supérieur en particulier chez les petites filles. « Le modèle de croissance est non inclusif. La réduction de la pauvreté est inférieure au rythme de croissance. Celle-ci bénéficie aux gagnants marginalisant encore un peu plus les pauvres », insiste Jean-Louis Reiffers.

Le développement économique des pays méditerranéens passe donc par la mise en place de systèmes de transfert plus efficaces et la dynamisation de secteurs pourvoyeurs de main d’œuvre pour les populations pauvres.

Le Femise suggère également le soutien à la création de PME et PMI afin que les IDE puissent se diffuser dans toutes les couches de l’économie et ne pas seulement bénéficier aux grands groupes. La décentralisation intelligente favoriserait également un meilleur équilibre économique et une répartition équitable des ressources. Envisagée comme principal moyen d’action, une libéralisation des échanges supplémentaire ne pourra contribuer à régler les principaux problèmes posés par la transition en Méditerranée.

Lire le rapport

Article de Nathalie Bureau du Colombier, Econostrum. L’article fait partie d’une série d’articles conjoints réalisés dans le cadre d’un partenariat entre Femise et Econostrum pour l’année 2011, qui alimentent également la rubrique « Grand Angle»  du site d’information Econostrum. Vous pouvez retrouver cette rubrique et toutes les informations à l’adresse suivante: www.econostrum.info. L’inscription à la newsletter d’econostrum est accessible par: http://www.econostrum.info/subscription/

Santé et éducation attirent les investisseurs étrangers sur le long terme dans les pays MENA

Photo by DR/Econostrum

Le développement social de la population influence-t-il les performances économiques? Une étude du Femise, financée par l’Union européenne, met en lumière la corrélation entre libertés individuelles, degré d’ouverture au commerce et investissements directs étrangers dans les pays de la région MENA (Afrique du Nord et Moyen-Orient).

L’ouverture d’un pays sur l’extérieur et l’attrait qu’il suscite auprès des investisseurs étrangers sont des facteurs de croissance économique. Dans les pays de la région MENA, commerce et investissements directs étrangers (IDE) font bon ménage : ces pays doivent donc poursuivre leurs réformes pour s’ouvrir davantage vers l’extérieur, notent des chercheurs de l »université de Varsovie et de l »université hébraïque de Jérusalem, dans une étude réalisée sous l »égide du Femise (FEM33-11 ).

En revanche, relèvent-ils, « de gros efforts devraient être portés sur le maintien de l’élargissement du degré d’ouverture au commerce et aux libertés individuelles. Un niveau plus élevé de libertés individuelles associé à une mise en application rigoureuse des contrats et de hauts standards dans l’application de la loi promeuvent les IDE« .  A l’inverse, l’instabilité sociale et le désordre politique les repoussent.

Santé et éducation stimulent les IDE

Qu’en est-il alors des facteurs humains? Les chercheurs ont déterminé une série de critères susceptibles d »avoir un impact sur ces IDE, tels que l »espérance de vie, l »égalité des sexes et le niveau d’éducation. Ils constatent ainsi qu’une vie longue et saine et un niveau élevé d’éducation sont des facteurs clés pour stimuler les IDE. « Cela laisse penser que les investissements de santé et d’éducation contribueraient à accroître le capital humain et, par conséquent, le niveau d’exportations des pays méditerranéens se verrait lui aussi augmenté« , souligne l »étude.

Le rôle de l’éducation apparait plus prononcé lorsqu’il est couplé à une croissance positive des revenus, tandis que la distribution équitable des revenus stimulerait exportations et importations. A l’inverse, des conditions de vie décentes ne sont pas un critère important pour les investisseurs, estiment les chercheurs.

Influence sur le long terme

L »attrait exercé par le niveau de développement humain sur les investisseurs étrangers se mesure sur plusieurs années, relève par ailleurs l »étude. « Notre analyse a montré que l’Indice de développement humain influence les décisions des investisseurs étrangers sur le long terme, et non sur une année déterminée« , concluent les experts.

A travers l’indice de discrimination de genre, ils sont également arrivés au constat que le niveau d’exportation des pays méditerranéens est d’autant plus élevé qu’il règne davantage d’égalité dans la participation économique et dans la prise de décision. Sachant que la part des importations et exportations dans le PIB joue un rôle moteur dans l’attraction des investisseurs étrangers, les pays de la zone MENA vont devoir faire de gros efforts pour stabiliser leur environnement macroéconomique tout en promouvant l’égalité des sexes s’ils veulent améliorer durablement leur croissance économique.

Photo by DR/Econostrum

*L’article de Marie Pierre Vega fait partie d’une série d’articles conjoints réalisés dans le cadre d’un partenariat entre Femise et Econostrum pour l’année 2010, qui alimenteront également la rubrique « Réflexion Méditerranéenne»  du site d’information Econostrum. Vous pouvez retrouver cette rubrique et toutes les informations à l’adresse suivante : www.econostrum.info. L’inscription à la newsletter d’econostrum est accessible par : http://www.econostrum.info/subscription/