Archives du Tag : femise

Comment la migration stimule le commerce

Le tout dernier rapport des économistes membres du réseau Femise, publié en avril 2017, met en lumière l’interaction entre la migration et la densité des relations commerciales dans les pays de la région euro-méditerranéenne. La France et l’Égypte font l’objet d’une étude spécifique attestant de l’imbrication étroite entre ces deux phénomènes.

Selon l’étude, les réseaux d'immigrants ont pour effet d’augmenter de 10 % à 20 % les échanges commerciaux entre la France et l’Egypte (photo : F.Dubessy)

Selon l’étude, les réseaux d’immigrants ont pour effet d’augmenter de 10 % à 20 % les échanges commerciaux entre la France et l’Egypte (photo : F.Dubessy)

C’est indiscutable. L’analyse économétrique des experts du Femise tord le cou aux idées reçues sur la question ô combien sensible, de l’impact des migrants sur l’économie des pays hôtes.

Le tout dernier rapport FEM41-13 intitulé « Le rôle des liens de voisinage dans la région euro-méditerranéenne pour la croissance du commerce : focus sur la migration, le niveau d’éducation et l’intégration sociale » (à télécharger en cliquant ici) démontre le rôle positif de l’afflux de migrants sur l’accroissement du volume des échanges commerciaux entre le pays de départ et celui de destination.

Selon l’étude, les réseaux d’immigrants présentent une capacité qui donne lieu à de nouveaux échanges commerciaux avec des effets estimés de 10% à 20% des échanges commerciaux totaux dans le cas des deux pays objet de l’étude.
Marseille, ville cosmopolite par excellence, entretient des relations étroites et historiques avec Tunis et Alger. À Sète, l’importance de la communauté marocaine justifie l’exploitation de liaisons maritimes avec le royaume chérifien. Les migrants dupliquent leurs habitudes de consommation dans le pays qui les accueille. Ces imbrications stimulent les économies. Raison pour laquelle le Femise préconise une accentuation et une modulation de la politique commerciale des États au regard de leur stratégie migratoire.

Le rapport analyse le cas de la France et de l’Egypte. L’Hexagone, qui comptait  7,6 millions de d’immigrés en 2013, a toujours entretenu des liens historiques et étroits avec les pays voisins du Maghreb. Sur les 220 000 migrants annuels recensés en France (entre 2000 et 2013), 51% viennent d’Afrique.

« Les exportations et les importations en provenance et à destination des pays de la zone MENA3 (Algérie, Maroc et Tunisie) représentent 8% du total des échanges commerciaux de la France », souligne le document.

Mise en garde contre les politiques migratoires sélectives

73% des émigrés égyptiens choisissent de s’installer dans un pays arabe et 13% en Europe de l’Ouest (©ververidis/123RF )

73% des émigrés égyptiens choisissent de s’installer dans un pays arabe et 13% en Europe de l’Ouest (©ververidis/123RF )

S’agissant de l’Égypte, qui recense 4 millions d’immigrés dans le monde, l’étude Femise démontre l’effet bénéfique sur le commerce des pays hôtes. 73% des émigrés égyptiens choisissent de s’installer dans un pays arabe et 13% en Europe de l’Ouest.  « En choisissant de s’installer dans un pays occidental, ils recherchent à évoluer professionnellement tout en échappant à la corruption, aux préjugés sociaux très prégnants en Égypte », souligne le rapport.

Les coauteurs du rapport, Andrés Artal-Tur et Vicente Pallardó-López, professeurs à l’Université de Valence, et John Salevurakis et Mona Said professeurs à l’Université Américaine du Caire (AUC) mettent en lumière un certain nombre de variables influant sur les relations commerciales bilatérales entre pays de départ et d’arrivée.

Ainsi, le profil du migrant a un impact sur la nature et l’intensité des échanges. Son niveau d’éducation, son activité professionnelle, son niveau de compétence linguistique et ses capacités d’adaptation au pays d’accueil jouent un rôle déterminant.

Si le lien entre migration et commerce est établi, il semble légitime de s’interroger sur les incidences à terme de la montée du protectionnisme et des politiques migratoires sélectives déployées depuis quelques mois par les pays membres de l’OCDE.

 

Le rapport est disponible (en anglais), pour y accéder, merci de cliquer sur le lien.

Article réalisé en partenariat avec Econostrum.

S’inscrire à la Newsletter de Econostrum : http://www.econostrum.info/subscription/

Appel à Stagiaires IM-FEMISE

Dans le cadre de ses activités, le réseau FEMISE lance un Appel à Candidatures pour le poste de Stagiaire Economiste IM-FEMISE pour un stage d’une durée de 2 à 4 mois.

Date limite de soumission: 22 Septembre 2017

Nous recherchons un stagiaire qui aura comme mission d’accomplir les taches suivantes:

  • Récolte de données, nationales et régionales
  • Synthèse et Création d’Indicateurs
  • Elaboration de notes et participation à l’écriture des chapitres pour le rapport EUROMED – FEMISE 2017 sur le potentiel du secteur privé dans le Sud de la Méditerranée
  • Autres missions/tâches de recherche et administratives

Pour davantage d’informations, veuillez consulter la fiche de stage disponible ici.

Pierre Vimont « Chaque Etat européen doit participer à l’effort d’accueil des réfugiés de manière équitable »

Consultant à Carnegie Europe et ambassadeur de France auprès de l’Union européenne, Pierre Vimont fut l’organisateur du sommet de la Valette sur les migrations en novembre 2015. Ce spécialiste de la politique européenne de voisinage, des relations transatlantiques et de la politique étrangère française participait à la conférence annuelle du Femise, les 29 et 30 avril 2017 à Casablanca. Une centaine d’experts méditerranéens ont livré leurs analyses sur le thème de la « Migration et crise des réfugiés dans l’UE-Med: l’aube d’une ère de responsabilité partagée ? ».

Pierre Vimont est un expert de la politique européenne de voisinage, des relations transatlantiques et de la politique étrangère. ©N.B.C

Pierre Vimont est un expert de la politique européenne de voisinage, des relations transatlantiques et de la politique étrangère. ©N.B.C

Depuis 2010, les états arabes traversent une crise sans précédent. Quel est l’état des lieux ?

Ces crises ont suscité l’espoir en 2010 tant du côté des pays arabes que des États européens. Mais certains pays ont très vite rencontré des difficultés économiques. Le désenchantement a succédé aux espérances en Syrie, en Libye et au Yémen. Nous constatons une réelle difficulté à définir les actions à mener pour aider ces pays à parvenir à la stabilité politique, sécuritaire et à trouver un peu de prospérité économique.

L’immigration des réfugiés a fragmenté le territoire européen. Cette question ne représente-t-elle pas un danger pour l’Europe ?

La gestion de la crise des réfugiés suscite une profonde division au sein des États membres. Cependant, il ne faut jamais désespérer de l’Europe. La solidarité, la coopération loyale entre tous les partenaires, constituent la clé du problème. L’Italie et la Grèce, compte tenu de leur position géographique, font beaucoup plus d’efforts pour accueillir les immigrés et leur accorder le droit d’asile. En 2016, 770 000 personnes ont bénéficié du droit d’asile. Il existe trop de disparités entre les Etats. Chacun doit participer à l’effort d’accueil des réfugiés de manière équitable. Près de 450 000 résident en Allemagne, la France n’en compte que 35 000.

Comment se positionne la France ?
Pierre Vimont lors de la conférence annuelle du Femise, les 29 et 30 avril 2017 à Casablanca. ©NBC

Pierre Vimont lors de la conférence annuelle du Femise, les 29 et 30 avril 2017 à Casablanca. ©NBC

L’effort français en matière de droit d’asile reste très inférieur à l’Allemagne. Ce pays comble un déficit démographique générateur d’emplois non pourvus. La France essaie d’améliorer son système de doit d’asile, de le rendre plus performant pour que les décisions soient prises plus rapidement. Les délais avoisinent actuellement une année mais devraient se voir réduits de moitié. L’opinion publique française demeure très réservée à l’égard des réfugiés et des émigrés économiques. Les autorités françaises sont assez prudentes sur ce dossier. Beaucoup pensent que les immigrés génèrent une concurrence déloyale. Or ils occupent des postes que les Français refusent comme la collecte des ordures ménagères dans les grandes villes ou l’emploi des travailleurs saisonniers dans le domaine agricole.

Comment éviter tout risque d’amalgame entre les attentats et la montée de l’islamisme ?

Les dirigeants politiques, les intellectuels, des élites doivent faire œuvre de pédagogie. Ils doivent expliquer les phénomènes migratoires pour éviter tout risque d’amalgame. Pour cela, il faut avoir le courage de parler haut et fort et d’expliquer la réalité du terrain. Les réfugiés politiques ne sont pas des immigrés en situation illégale attirés par des employeurs peu scrupuleux. Ce sont des citoyens persécutés dans leurs pays, sans autre alternative que de fuir.

Les rapports des sessions plénières de la conférence annuelle FEMISE 2017 sont disponibles en cliquant ici.

Interview réalisé par en partenariat avec Econostrum lors de la Conference FEMISE de 2017- Photo par Nathalie Bureau du Colombier.

S’inscrire à la Newsletter de Econostrum : http://www.econostrum.info/subscript

THE NEXT SOCIETY: FEMISE participe dans le plan d’action pour soutenir l’innovation en Méditerranée

Lancement réussi en Grèce pour THE NEXT SOCIETY, un mouvement qui regroupe entrepreneurs, investisseurs, grands groupes, acteurs publics et privés de l’innovation en Europe et en Méditerranée.

Cette communauté a saisi l’occasion pour dévoiler son plan d’action mis en œuvre sur 4 ans, avec l’appui de la Commission européenne. Ses activités ambitionnent d’accompagner le changement dans la région, en plaçant le secteur privé au cœur du dialogue et des dispositifs sur l’innovation et la compétitivité. THE NEXT SOCIETY se fait l’écho d’une philosophie inclusive, basée sur la responsabilité sociale des entreprises et accompagne l’émergence de talents et de nouveaux leaders en ciblant les start-ups, les clusters et les structures de transfert technologique.

À l’occasion de l’événement, co-organisé le 16 mai à Athènes par ANIMA Investment Network et Enterprise Greece, près d’une centaine de professionnels et experts euro-méditerranéens ont échangé sur les activités mises en œuvre par l’initiative, en présence des ministres grecs M. Dimitris Papadimitriou, ministre de l’Economie et du Développement et M. Costas Fotakis, ministre délégué à l’Innovation et à la Recherche.

Pour Candace Johnson, présidente d’EBAN (The European Trade Association for Early Stage Investors) « …les solutions aux problèmes du monde d’aujourd’hui résident dans les entrepreneurs du Maghreb, du Moyen-Orient et de l’Afrique ». Vladimir Rojanski de la DG NEAR à la Commission européenne, a, quant à lui, souligné l’importance de la création d’emplois et du développement des PME et des start-ups, ainsi que la forte volonté de l’Union européenne de soutenir l’innovation au travers du développement de nouveaux mécanismes de financement dans la région.

THE NEXT SOCIETY active le changement à tous les niveaux

Le 16 mai à Athènes, THE NEXT SOCIETY a présenté un plan d’action complet soutenu par la Commission européenne, qui agira à plusieurs niveaux :

  • Améliorer les cadres réglementaires : THE NEXT SOCIETY met en place un dialogue public-privé et une analyse de la performance des écosystèmes d’innovation méditerranéens afin de définir et mettre en œuvre des feuilles de route stratégiques nationales afin d’améliorer le cadre de soutien à l’innovation.
  • Favoriser le succès des start-ups : THE NEXT SOCIETY offre un appui sur mesure aux startups méditerranéennes pour les aider à conquérir l’international et à lever des fonds grâce à des ateliers de travail et formations, des séjours d’immersion et d’incubation dans des pôles d’innovation européens, des rencontres avec investisseurs et l’accompagnement de longue durée par des mentors engagés.
  • Promouvoir et internationaliser les clusters : THE NEXT SOCIETY développe des services d’apprentissage entre pairs pour les clusters commerciaux et industriels, des partenariats étrangers et  les guide vers une démarche de gestion d’excellence du Cluster.
  • Accompagner les structures de transfert technologique : THE NEXT SOCIETY forme des managers de structures de transfert technologique comme des entrepreneurs et les aide à améliorer leurs services, à commercialiser leur portefeuille d’innovations et à rencontrer des clients potentiels.

Contribution du FEMISE à THE NEXT SOCIETY

Comme présenté par Dr Maryse Louis (General Manager FEMISE, Programs Manager Economic Research Forum) pendant l’évenement de lancement à Athènes, FEMISE et ses affiliés l’Institut de la Méditerranée et ERF contribueront essentiellement dans les deux activités décrites ci-dessous.

Dr Maryse Louis (General Manager FEMISE, Programs Manager Economic Research Forum) and Dr Constantin Tsakas (General Secretary FEMISE, General Manager Institut de la Méditerranée)

Moniteur national de l’innovation et de la compétitivité (NICM): Ici, aura lieu une analyse approfondie ainsi qu’une évaluation des définitions existantes, des tableaux de bord, des repères et des études liées à l’innovation. Cela permettra de définir de nouveaux concepts, de créer un tableau de bord sud-méditerranéen et un tableau de bord national pour chaque pays. Cela permettra également de préparer des études pays en matière d’innovation et de rédiger des Policy Briefs. La façon dont les résultats de cette activité seront communiqués sera essentielle à son succès. Cela se fera par le biais de réunions organisées tout au long du projet, de plusieurs ateliers et de conférences, ainsi que par les études pays et les Policy Briefs qui seront préparées pour chaque pays.

Analyse de la chaîne de valeur: l’objectif ici sera d’encourager les entreprises (nationales / internationales) à identifier et à utiliser les capacités technologiques et novatrices des pays MED. Un aperçu général du développement sectoriel sera fourni pour montrer comment le niveau des exportations de haute technologie par secteur ont évolué dans chacun des 7 pays. Ensuite, FEMISE se concentrera sur l’identification de produits qui ont été les mieux performants dans les exportations, ce qui soulève la question de savoir où se situent les nouveaux avantages comparatifs pour chacun des sept pays. Enfin, l’analyse des « success stories » au niveau de l’entreprise soulignera comment les entreprises ont réussi à valoriser ces nouveaux avantages comparatifs.

REJOIGNEZ OU SUIVEZ THE NEXT SOCIETY

Mail : welcome@thenextsociety.co

Twitter @TheNext_Society

Facebook THE NEXT SOCIETY

www.thenextsociety.co (à venir)

Migration et crise des réfugiés : les experts FEMISE débattent sur l’aube d’une nouvelle ère

Conférence Annuelle du FEMISE 2017 sur: « Migration et crise des réfugiés dans l’UE-Med: l’aube d’une ère de responsabilité partagée? »

Compte-rendus des Sessions plénières

Première Session : L’impact de la crise des réfugiés sur les relations de voisinage

Plusieurs millions de Syriens fuient leur pays depuis le début de la guerre en 2011. Les Etats riverains accueillent majoritairement ces populations, le Liban en tête. Quel sera l’impact économique de cette diaspora syrienne? Les réfugiés rentreront-ils dans leur pays une fois la paix retrouvée ? Ce sont les questions qui ont été posées lors de la première session plénière de la Conférence annuelle du FEMISE (Casablanca, 29-30 avril 2017)

Osama Kadi, FEMISE conference 2017

Dévastée par la guerre déclenchée en mars 2011, la Syrie a perdu plus de la moitié de sa population en six ans. Sur les 25 millions d’habitants que comptait le pays à la veille du conflit, 15 millions ont quitté le pays ou été tués, emprisonnés ou handicapés. « Près de 20 000 ingénieurs sont partis dès la première année de la guerre », précise Osama Kadi, président de la Task Force Economique Syrienne (SETF) dans son intervention a cette première session plénière. Les Syriens ne choisissent pas de quitter leur patrie. La guerre les a contraints à trouver refuge dans des pays voisins, à traverser la Méditerranée au péril de leur vie. 50 000 personnes sont mortes noyées en cherchant à fuir depuis 2011 dans des embarcations de fortune (présentation disponible ici).

Le pays est profondément fragmenté et l’économie a perdu son capital et ses ressources humaines. Les conditions de vie sont dévastatrices: plus de 85% de la population restante vit sous le seuil de pauvreté, la plupart des enfants ne sont pas scolarisés, l’espérance de vie a chuté de façon spectaculaire à 56 ans, l’accès aux soins de santé est difficile (le ratio médecins/population est inférieur à 1: 4000) et plus de deux millions de maisons ont été détruites. La plupart des ressources énergétiques ont été endommagées ou reprises par des groupes islamistes.

FEMISE conference 2017, Casablanca

Cependant, M. Kadi envoie un message d’espoir en parlant de la reconstruction post-conflit. Il soutient que celle-ci reposerait sur 4 piliers: la sécurité, la justice et la réconciliation, le bien-être social et économique et la gouvernance et participation. Au milieu des grands défis à relever, et en fonction de la façon dont le conflit sera résolu, il a suggéré quatre secteurs qui pourraient obtenir des retours rapides: le secteur de l’énergie, l’agriculture et les industries à forte intensité de main-d’œuvre. M. Kadi a également fournit certaines idées sur les plans de réformes à court et long terme, inspirées du «plan Marshall» qui a reconstruit l’Europe occidentale après la Seconde Guerre mondiale.

Un statut de réfugié pour rejoindre le secteur formel

Mohamed Ali Marouani, FEMISE conference 2017

Complétant ce panorama, Mohamed Ali Marouani, Professeur d’économie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne confirme les points saillants: « Nous sommes trop focalisés sur les aspects humanitaires et pas suffisamment sur les enjeux économiques. Au Liban, les réfugiés Syriens habitent dans des régions pauvres caractérisées par un taux de chômage élevé. Comment améliorer leur qualité de vie ? Si les réfugiés ne parviennent pas s’insérer dans le tissu économique, ils demeureront dans le secteur informel et ne pourront pas générer des échanges », analyse Mohamed Ali Marouani, qui plaide en faveur de leur intégration dans le marché de l’emploi formel lors de son discours sur l’impact économique de la crise syrienne sur les pays voisins et notamment le Liban (présentation disponible ici).

Le Liban figure en première ligne. Les réfugiés syriens représentent désormais 30% de la population libanaise. Il s’agit du taux de réfugiés syriens le plus élevé au monde. A titre de comparaison, ils ne représentent que 3% de la population turque. L’afflux massif de 1,2 million de Syriens pèse sur l’économie libanaise. Le pays fait face à une chute de 20% de ses exportations et à une hausse du taux de chômage.. Son analyse se concentre sur quatre impacts possibles: d’abord, l’impact du partage de la frontière avec la Syrie en tant que pays en conflit (qui aura un impact considérable sur son activité commerciale et son économie), en second lieu, l’impact de l’afflux massif de réfugiés entrés au Liban avec un besoin particulier d’accès au marché du travail, en troisième lieu, l’impact d’un cas extrême d’arrêt de l’aide et donc une dépendance totale sur le revenu généré par le travail et en quatrième, l’impact positif de l’augmentation de l’investissement par l’aide étrangère. Son analyse a montré que les coûts engendrés par la baisse du commerce (et du tourisme) au Liban sont élevés compte tenu de l’importance de ces secteurs pour l’économie libanaise. Les flux de réfugiés ont un impact négatif sur le chômage (en particulier pour les segments les plus bas de la main-d’œuvre libanaise). La croissance globale est plus élevée, mais si l’on tient compte des réfugiés, la croissance par capital serait inférieure. Cela s’explique principalement par l’impact négatif des chocs sur les investissements.

Ibrahim Ahmed ElBadawi, FEMISE conference 2017

Si la Turquie refuse de donner aux Syriens le statut de réfugiés, les privant de la citoyenneté turque, l’Égypte et le Soudan se révèlent exemplaires. « Les Syriens possèdent un emploi en Egypte. Leur intégration constitue un modèle à étudier », suggère Ibrahim Ahmed Elbadawi, président du Femise et Directeur de l’Economic Research Forum du Caire. « Les Syriens se sentent en sécurité en Égypte et développent des relations commerciales. Reste à savoir si à la fin de la guerre, ils retourneront en Syrie », s’interroge Osama Kadi. « Le patrimoine dont ils bénéficient dans le pays d’accueil déterminera leur choix. Ils ont tout perdu en Syrie.

Raed Safadi, FEMISE conference 2017

Comment les aider à retrouver la motivation de reconstruire leur pays en ruine », fait remarquer Raed Safadi lors de sa présentation intitulée « Impact of the refugees on Neighbors : the Good, the Not so Good .. and the Bad ». .Il préconise le fait que la population combinée de la Jordanie, de la Turquie et du Liban (pays voisins) représente 94 millions avec un PIB de 900 dollars; tandis que la population de l’UE est de 500 millions, avec un PIB de 18,4 billions de dollars et qu’aux USA la population est de 319 millions d’habitants avec un PIB de 17,4 billions de dollars. Il explique que l’impact des réfugiés pourrait être une aubaine à condition que ces derniers comblent les lacunes démographiques, s’intègrent au marché du travail et deviennent productifs et apportent davantage d’échanges et d’investissements bilatéraux. Les réfugiés pourraient constituer un fardeau s’ils entravent les services publics et privés, provoquent un surpeuplement et augmentent les conflits sociétaux. L’impact du conflit syrien a entraîné des défis macroéconomiques plus importants dans les pays voisins que le seul afflux de réfugiés syriens, bloquant des chaînes et des destinations à l’exportation, entravant le tourisme et engendrant l’insécurité régionale. Cependant, il existe des répercussions positives de ces réfugiés, notamment en Turquie ou 26% des entreprises nouvellement créées sont détenues par des Syriens. Dr. Safadi insiste sur la nécessité de prendre en considération à la fois l’aide humanitaire et l’assistance au développement (présentation disponible ici).

Deuxième Session: Unifier la vision méditerranéenne de la migration en faveur de la migration et des réfugiés

Si la première session plénière a mis en lumière une gestion disparate des réfugiés selon les pays d’accueil, la deuxième session plénière de la conférence du Femise, le 29 avril 2017 à Casablanca, s’est attachée à trouver des solutions concrètes pour apporter une vision commune. Trop de divergences existent entre la perception et la gestion des réfugiés au nord et au sud de la Méditerranée, freinant la mise en place d’une chaîne de solidarité. Menace pour les uns et opportunités pour les autres…

Hugo de Seabra, FEMISE conference 2017

Immigrés économiques, réfugiés politiques et libre circulation des personnes… 6 000 immigrés frappaient chaque jour aux portes de l’Europe en 2015, au plus fort de la crise. Devant l’ampleur du phénomène, les États improvisaient en apportant une réponse empirique. « L’Etat providence a exacerbé les divisions en Europe. Nous devons bâtir un terrain commun et développer une approche inclusive », plaide Hugo de Seabra de la Fondation Calouste Gulbenkian au Portugal, à l’initiative du sommet de Lisbonne de novembre 2016 sur « L’amélioration des réponses en Europe à la crise des réfugiés ». Il ajoute que pour unifier la vision Européenne il faudra des orientations stratégiques pour: créer la volonté politique pour une stratégie prospective de l’UE en matière de migration; développer un mécanisme cohérent et équitable pour gérer les flux migratoires, pour promouvoir une intégration axée sur le travail qui renforce l’appartenance sociale et mobilise l’ensemble de la société pour davantage d’inclusivité. Chacune de ces directions exigera des politiques bien conçues, élaborées dans son discours (présentation disponible ici).

Harmoniser les délais d’octroi d’asile en Europe

Pierre Vimont, FEMISE conference 2017

« Une vraie réflexion de fond doit être menée sur le partage du fardeau. Nous devons adopter une véritable politique de l’immigration avec des règles harmonisées notamment sur les délais d’octroi de l’asile entre les différents pays européens », suggère Pierre Vimont, Senior Fellow à Carnegie Europe. La crise des réfugiés a fissuré l’Europe, exacerbant les tensions et engendrant la montée du populisme. Il a fallu attendre 2015 pour que Bruxelles se décide à élaborer une stratégie sur l’immigration.

« L’Europe a cherché à reprendre le contrôle en fermant les frontières tout en essayant de convaincre les pays du sud de garder sur leur sol les immigrés en contrepartie d’un soutien économique et financier », analyse Pierre Vimont. Il ajoute : « L’Europe souhaiterait dupliquer l’accord trouvé avec la Turquie à la Libye, ce qui est impossible compte tenu de la situation politique et sociale ». Il suggère plusieurs pistes de travail : définir une politique rigoureuse, organiser une première étape en Afrique permettant d’entrer légalement en Europe et accroître le soutien financier au Liban, à la Turquie et à la Jordanie.

Pour autant, l’Europe n’a-t-elle pas amplifié le phénomène ? « 70 % des 6 millions de réfugiés syriens sont restés dans la région. L’Europe a accueilli seulement 1,3 million de réfugiés. Sur les 770 000 bénéficiaires du droit d’asile en 2016, 450 000 se trouvent en Allemagne et 35 000 en France », temporise Senén Florensa, président exécutif de l’IEMED à Barcelone.

FEMISE researchers debating, FEMISE conference 2017

Au fil du temps, depuis le début de la crise en 2011, de nouvelles routes se sont ouvertes, déplacées ou fermées. En 2016, 55% des réfugiés transitaient par la Grèce et 45% par l’Italie.
Terre d’accueil des immigrés économiques, l’Espagne a cessé d’être attractive lorsqu’elle fut frappée par la crise avec un marché de l’emploi saturé. De pays de transit, le Maroc a changé de statut pour devenir un pays d’accueil. Il souligne qu’il existe des stratégies qui se chevauchent en matière de gestion des migrations dans la région UE-Med: de la stratégie UE-27, à la stratégie 5 + 5 de l’union pour la Méditerranée, à l’IEVP et la conférence euro-africaine sur les migrations et le développement, tout ceci compliquant l’image. Il conclut en disant qu’il faut aller d’une situation «de plus en plus de développement pour moins de migration» vers «une meilleure migration pour plus de développement» et que les politiques de migration devraient être davantage connectées aux politiques de développement.

Troisième Session — Quelles actions sont encore nécessaires pour faire face à la crise des réfugiés?

Le conflit syrien constitue le plus important défi humanitaire à relever. Un exode de plus de cinq millions de Syriens installés en Égypte, en Irak, au Liban, en Jordanie et en Turquie. Les 13,5 millions qui font le choix de rester nécessitent une aide d’urgence. Les Nations Unies, à travers le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) et l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), tentent d’apporter des réponses concrètes en aidant les populations en détresse. Agir immédiatement tout en anticipant la paix, la reconstruction, le retour des réfugiés… Les intervenants de la dernière session de la conference Femise, livrent leur vision de l’avenir.

Charbel Nahas, FEMISE conference 2017

À l’issue de la guerre, les économistes envisagent plusieurs scénarios. « La guerre civile engendre des effets irréversibles. Faut-il intégrer les réfugiés syriens totalement ou partiellement dans les pays d’accueil ? Devons nous organiser leur rapatriement ? », s’interroge Charbel Nahas, économiste et ancien ministre du travail au Liban. Usure, lassitude voire même banalisation d’un conflit qui s’éternise… Alors que la guerre civile en Syrie entre dans sa septième année, les aides se raréfient. À ce jour, sur les 200 M USD nécessaires pour bâtir des abris et fournir de l’aide non alimentaire, seulement 7 M USD ont été reçus.

Une guerre civile est à la fois démobilisation et destruction des stocks de ressources. La population syrienne se retrouve brutalement excédentaire. Sa migration est un effet prévisible. L’équilibre entre le stock de population et le stock de capital se trouve rompu au Liban. Derrière le couple complémentarité ou substituabilité des travailleurs libanais (et autres résidents) et syriens se pose la question de la variable d’ajustement : adaptation du travail, de l’économie ou de la société. Des choix lourds de conséquences se posent : intégrer les Syriens, totalement, partiellement, avec des statuts différenciés, organiser leur sortie… Dans chaque cas, c’est le modèle institutionnel sociopolitique qui est redéfini et le contexte régional avec lui. Contrairement à la théorie économique pure, la taille des états compte, mais en termes de rapport de force relatifs. Le mouvement des biens n’est pas équivalent au mouvement des facteurs, des hommes et des ressources naturelles en particulier. Si vision commune il peut y avoir, elle doit être clairement politique. Le Femise peut sans aucun doute y jouer un rôle. Le Liban, pour son malheur a connu guerre civile et reconstruction avant la Syrie. L’expérience libanaise, parce qu’elle présente un cas d’adaptation extrême, doit impérativement être prise en compte.

Sophie Nennemacher, FEMISE conference 2017

« Lors du sommet de New York en septembre 2016, les pays avaient pris des engagements financiers concrets pour soutenir les pays en crise. Les États membres se sont aussi engagés à adopter en 2018 un pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière. Ce sommet a été un échec. Nous constatons une désaffection financière des États à mobiliser des fonds pour les réfugiés. Le HCR lance un nouvel appel de fonds et tente d’inciter de nouveau les pays à soutenir les réfugiés », explique Sophie Nennemacher, agent régional de la politique de migration de l’OIM. Elle souligne également la nécéssité d’une plus grande cohérence entre action humanitaire et planification du développement pour construire une communauté de résilience (présentation disponible ici).

Pourtant, des textes protégeant les migrants en situation de vulnérabilité existent bel et bien. « La convention des Nations Unies sur les migrants a été peu ratifiée car elle confère aux migrants beaucoup de droits », explique l’experte en migrations. Elle décrit la vulnérabilité des réfugiés qui correspond à une population «en retrait». Elle fournit des détails sur les efforts de l’OIM sur ce front et sur la «matrice de suivi des déplacements» pour suivre les mouvements des personnes déplacées.

Après les sommets de New York, de Malte, Kampala accueillera mi-mai un sommet organisé à l’initiative des États de l’Union africaine.

Les scénarios de l’après-guerre

Fin septembre, les gouvernements, les représentants de la société civile et le secteur privé se retrouveront également au Caire pour tenter de dégager un consensus et d’avancer sur la question. « Les États sont appelés à faire valoir leurs idées pour défendre la cause des migrants, lutter contre la traite des humains, ouvrir des voies légales d’immigration et instaurer des axes de coopération », ajoute Sophie Nennemacher. La représentante de l’OIM précise que des outils existent pour suivre les déplacements des migrants et pour évaluer les besoins des populations (gestion des camps de réfugiés, aide sociale et psychosociale). L’expert rappelle en outre l’effet multiplicateur des aides sur la consommation et leur effet stimulant sur l’économie.

Philippe Poinsot, coordinateur des Nations Unies et représentant du PNUD au Maroc, cite l’exemple du royaume chérifien : « L’hospitalité est très ancrée dans le monde musulman. Les réfugiés bénéficient des mêmes droits que les Marocains ».

Pour un album photo de la Conférence veuillez cliquer ici

Debates, FEMISE Conference 2017, Casablanca

From left to right: Constantin Tsakas, Jala Youssef, Ibrahim ElBadawi, Patricia Augier, Maryse Louis

flag_yellow_highThis event received financial support from the European Union through the FEMISE project on “Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership”. Any views expressed in this seminar are the sole responsibility of the speakers.

Profil des entreprises engagées sur la route de l’export

La productivité des facteurs de production et en particulier les qualifications professionnelles des employés conditionnent la performance à l’international d’une entreprise (photo : F.Dubessy)

Quels facteurs déterminent la capacité des entreprises à exporter ? L’étude comparative effectuée courant 2016 par le Femise s’avère riche d’enseignements. Intitulée « Les déterminants des performances à l’exportation des entreprises de la région MENA  », elle passe au crible huit pays : Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Tunisie, Turquie et Gaza.
La productivité des facteurs de production et en particulier les qualifications professionnelles des employés conditionnent la performance à l’international d’une entreprise. Au Moyen-Orient et au Maghreb, la productivité joue un rôle moindre qu’en Europe.
A ceci s’ajoutent d’autres facteurs pondérés selon la localisation du siège social. « En Tunisie et au Maroc, les entreprises nouvellement créées n’exportent pas. Ces start-ups tunisiennes aux capitaux étrangers sont intégrées à la chaîne de production internationale. Les entreprises traditionnelles fondées avant la transition restaient orientées vers le marché domestique », analysent Alfred Tovias, professeur en relations internationales à l’université hébraïque de Jérusalem et Jan Michalek, professeur d’économie à l’université de Varsovie.

Les  auteurs du rapport Femise avaient présenté en avant première en février 2016 les résultats préliminaires de leurs travaux lors de la conférence annuelle du Femise le 14 février 2017 à Athènes.

Startups occidentales tournées vers l’export

Pour les entreprises basées dans la région MENA, l’ancienneté, l’expérience, le savoir-faire pèsent sur la capacité à exporter. Ce n’est pas le cas des sociétés européennes, capables de se positionner à l’international dès les tout premiers mois de leur création. Les entreprises occidentales ont pris conscience ces dernières années du rôle stratégique joué par la demande des marchés étrangers, clé de voûte de leur développement. À l’inverse, le niveau technologique, le volume de licences étrangères acquises, influent sur la capacité à l’export des entreprises européennes.
Le Femise note également une spécificité inhérente aux Pme de la région MENA : « Les exportateurs indirects  (qui passent par un tiers pour exporter) peuvent se révéler moins efficaces en termes de productivité au travail, moins innovants et plus modestes que ceux qui exportent directement », note le rapport.

Par ailleurs, plus les entreprises de la région MENA développent une large gamme de produits, plus elles ont tendance à exporter. En revanche, il n’existe pas de corrélation entre la nature du capital de la société, privé ou public, et sa propension à exporter sur les deux rives de la Méditerranée.Les économistes encouragent les autorités des pays du sud de la Méditerranée à investir dans le capital humain, à moderniser le système éducatif tout en soutenant les entreprises dans leurs efforts de recherche et développement. Le rapport Femise met en lumière la nécessité pour les pays orientaux d’attirer les investissements directs étrangers.

Consultez le rapport FEM 41-12 en cliquant ici.

Article réalisé en partenariat avec Econostrum.

S’inscrire à la Newsletter de Econostrum : http://www.econostrum.info/subscript

Les déterminants des performances à l’exportation des entreprises de certains pays de la région MENA

Dans ce papier, nous étudions de façon conjointe et séparée les déterminants des performances à l’exportation des entreprises de pays de la région MENA et les comparons aux performances des entreprises des pays d’Europe centrale et orientale.

L’analyse est produite à partir d’informations sur les entreprises individuelles, contenues dans la base de données BEEPS V et couvrant la période 2011-2014. Nous estimons la probabilité des exportations en contrôlant les effets spécifiques aux pays et aux secteurs en utilisant le modèle probit. Nous constatons que, dans les deux groupes de pays, des variables similaires influent sur le rendement des exportations.

Nos résultats empiriques obtenus pour les pays MENA et CEE indiquent que la probabilité d’exporter est positivement liée au niveau de productivité, à la taille de l’entreprise, aux dépenses en recherche et développement, à la part des diplômés universitaires dans l’emploi productif et à l’internationalisation des entreprises.

L’appartenance à l’Etat et la perception de la corruption par les entreprises ne sont généralement pas statistiquement significatives. Les résultats obtenus pour les deux groupes de pays ne sont pas très statistiquement différents, mais suffisamment pour dégager des implications politiques, tandis que les résultats pour certains pays spécifiques et pour des sous-groupes de pays révèlent une grande hétérogénéité.

Ce document est organisé comme suit. Dans la section 1, la littérature existante sur les déterminants de la performance à l’exportation est examinée. Dans la section 2, notre méthodologie de recherche et l’ensemble de données sont présentées. Dans la section 3, nos résultats empiriques sont présentés. Enfin, la dernière section résume et conclut avec des recommandations politiques et des orientations de recherche futures.

Éducation et mobilité intergénérationnelle des femmes dans les pays arabes

Quelle relation existe-t-il entre les inégalités hommes/femmes en matière d’éducation et la mobilité intergénérationelle des femmes dans les pays de la rive Sud de la Méditerranée? Dans un rapport FEMISE intitulé « Inequality, Intergenerational Mobility of Women Educational Attainment and Inclusive Policies in Arab Countries», les experts du FEMISE insistent sur le lien entre les inégalités et l’immobilité sociale.

Etudiants marocains. Photo Marie Pierre Vega.

Etudiants marocains. Photo Marie Pierre Vega.

Les inégalités entre hommes et femmes dans le domaine de l’éducation et de la scolarité diminuent dans les pays de la rive Sud de la Méditerranée, même si l’amélioration du niveau de scolarisation concerne davantage les hommes que les femmes, constatent les chercheurs FEMISE de l’Université Al Akhawayn au Maroc et de l’Académie d’études économiques de Bucarest dans leur rapport (FEM41-01)« Inequality, Intergenerational Mobility of Women Educational Attainment and Inclusive Policies in Arab Countries ».

La mobilité intergénérationnelle permet à une personne de changer de position sociale par rapport à celle de ses parents. Ainsi, le rapport compare l’inégalité et la mobilité intergénérationnelle des femmes dans les pays arabes à celles des pays d’Europe Centrale et de l’Est. Les chercheurs constatent dans tous les pays un lien entre le niveau d’inégalités et l’immobilité intergénérationnelle. Un concept appelé «la courbe de Gatsby». Plus les inégalités sont élevées et plus la situation sociale reste figée d’une génération à l’autre. Peu de pays arabes voient les enfants atteindre un niveau d’éducation supérieur à celui de leurs parents.

En dépit d’une réduction des inégalités et d’une féminisation croissante dans le domaine de l’éducation, les chercheurs ne constatent pas de réelles avancées sur le marché du travail des pays arabes, en raison des rigidités pénalisant les femmes salariée ou créatrice d’entreprises.

Quelles recommandations pour favoriser la mobilité intergénérationnelle ?

« Le chômage peut devenir un vrai frein au changement », explique l’un des auteurs du rapport, Ahmed Driouchi. Ce professeur d’économie à l’université Al Akhawayn, à Ifrane au Maroc, confirme que les femmes sont plus touchées que les hommes. Les pays arabes devront créer sensiblement plus d’emplois qu’actuellement pour simplement réussir à stabiliser la courbe du chômage.

Le rapport invite les pays arabes à favoriser la mobilité intergénérationnelle, particulièrement chez les femmes. Pour y parvenir, le professeur Ahmed Driouchi indique de nombreux outils comme « la scolarisation, la lutte contre les déperditions, le transport, le logement, les cantines scolaires, les bourses étudiantes ». Il souligne que d’autres instruments comme l’évaluation en relation avec des standards internationaux (TIMSS, PISA..) ainsi que des échanges d’étudiants ou bien des activités conjointes avec des pays de l’UE peuvent permettre aux nouvelles générations d’accéder à des niveaux d’éducation plus élevés que ceux de leurs parents.

Le rapport est disponible (en anglais), pour y accéder, merci de cliquer sur le lien.

Article réalisé en partenariat avec Econostrum.

S’inscrire à la Newsletter de Econostrum : http://www.econostrum.info/subscription/

Gérard Tur

Le tourisme en Méditerranée, un secteur à deux vitesses

Depuis les Printemps arabes et la vague terroriste, les voyageurs boudent les pays du Maghreb et du Machrek au profit de destinations sécurisantes au nord de la Méditerranée. Dans leur tout dernier rapport, les économistes du Femise dressent un état des lieux et livrent des pistes pour redresser un secteur vital pour les économies du sud. Les établissements hôteliers devraient adopter de nouveaux modes de gestion et modifier leurs approches marketing. Cependant, la principale recommandation porte sur le ciblage d’une nouvelle clientèle. Et si le Maghreb devenait la nouvelle destination à la mode des Chinois ?

Plage de l'hôtel Rammada Plaza à Gammarth Tunisie (photo : F.Dubessy)

Plage de l’hôtel Rammada Plaza à Gammarth Tunisie (photo : F.Dubessy)

Avec 250 millions de touristes dépensant 200 mrds$ par an, la Méditerranée se hisse sur le podium des destinations les plus prisées au monde. Une manne répartie de manière inégale depuis les révolutions de 2011.

Si les premières années, les voyageurs ont continué à fréquenter les stations balnéaires tunisiennes, le massacre djihadiste de touristes sur les plages en 2015 a porté un coup à l’activité qui représentait 10% du PIB du pays. La richesse générée par le tourisme a fondu comme neige au soleil, ne représentant plus que 7% du PIB de la Tunisie.

« Sept millions de touristes se sont détournés d’Afrique du Nord depuis 2010. L’Égypte a perdu cinq millions de touristes et la Tunisie deux millions et demi », constate le rapport du Femise, publié en janvier 2017, coordonné par  Doaa Salman, professeure au Caire (October University for Modern Sciences and Arts, Egypt) en collaboration avec Andrés Artal-Tur professeur a Valence (Technical University of Cartagena & Institute of International Economics (IEI-UV), University of Valencia, Spain).

À l’inverse, l’Espagne, l’Italie, la Grèce et le Portugal, considérés comme des destinations refuge, enregistrent des records de fréquentation. En 2011, les tour-opérateurs ont dérouté douze millions de voyages vers l’Espagne. Début 2016, la péninsule ibérique affichait une progression record : + 13,4 % pour les Baléares, + 5,1% pour l’Espagne continentale, + 6,4% pour les Canaries, et surtout + 40% pour le Portugal.

Croissance des touristes asiatiques

L’étude analyse en profondeur les conséquences de ce report de la clientèle touristique en Tunisie et en Egypte. Un phénomène qui  fait fuir les investisseurs et aggrave le chômage.

Intitulé « Les gagnants et les perdants dans le tourisme et l’industrie hôtelière pendant la phase de transition », le rapport Femise (FEM41-04) préconise un certain nombre de pistes pour augmenter les recettes liées au tourisme.Si le retour de la stabilité politique et de la paix semble indispensable, le Femise suggère d’accentuer la politique de voisinage et de développer la formation des directeurs de complexes hôteliers au sud de la Méditerranée.Des efforts ont été engagés en Tunisie et en Égypte pour attirer des touristes internationaux, mais sans grand succès. Pour l’instant, l’Europe capte ces flux.

« La croissance du nombre de visiteurs  en provenance d’Asie et d’Amérique du Nord vers les destinations européennes se poursuivra à l’avenir. La Méditerranéenne devrait conserver un haut niveau de compétitivité », indique le rapport en conclusion.Le rapport est disponible (en anglais), pour y accéder, merci de cliquer sur le lien.

Article réalisé en partenariat avec Econostrum.

S’inscrire à la Newsletter de Econostrum : http://www.econostrum.info/subscription/

Pr. Patricia AUGIER, nouvelle Présidente du Comité Scientifique de l’IM

L’Institut de la Méditerranée (IM) est heureux d’annoncer qu’à partir de Janvier 2017, le Pr. Patricia AUGIER est la nouvelle Présidente du Comité Scientifique de l’IM. Pr AUGIER a été élue par le Conseil d’administration de IM et succède au Pr. Jean-Louis REIFFERS.

Pr AUGIER est déjà Coordinatrice et Présidente du Comité Scientifique de FEMISE depuis septembre 2015 et Professeur à l’AMU (Aix-Marseille Université) et membre de l’AMSE (Aix-Marseille School of Economics). Ses domaines d’expertise incluent les questions touchant au Développement, aux Commerce International, et à la Productivité des entreprises.

L’Institut de la Méditerranée remercie très chaleureusement  le Pr. REIFFERS pour son engagement, sa vision scientifique, et pour tout ce qu’il a apporté et réalisé au sein de l’IM pendant deux décennies. Étant toujours très intéressé et concerné par le développement de la région Euromed, son expérience, ses idées et ses compétences seront toujours pour l’IM d’une grande utilité.

Nous sommes également très heureux de confier le pilotage scientifique au Pr Patricia AUGIER qui apportera de nouvelles orientations dans cette nouvelle phase de l’IM.