Le tout dernier rapport des économistes membres du réseau Femise, publié en avril 2017, met en lumière l’interaction entre la migration et la densité des relations commerciales dans les pays de la région euro-méditerranéenne. La France et l’Égypte font l’objet d’une étude spécifique attestant de l’imbrication étroite entre ces deux phénomènes.
C’est indiscutable. L’analyse économétrique des experts du Femise tord le cou aux idées reçues sur la question ô combien sensible, de l’impact des migrants sur l’économie des pays hôtes.
Le tout dernier rapport FEM41-13 intitulé « Le rôle des liens de voisinage dans la région euro-méditerranéenne pour la croissance du commerce : focus sur la migration, le niveau d’éducation et l’intégration sociale » (à télécharger en cliquant ici) démontre le rôle positif de l’afflux de migrants sur l’accroissement du volume des échanges commerciaux entre le pays de départ et celui de destination.
Selon l’étude, les réseaux d’immigrants présentent une capacité qui donne lieu à de nouveaux échanges commerciaux avec des effets estimés de 10% à 20% des échanges commerciaux totaux dans le cas des deux pays objet de l’étude.
Marseille, ville cosmopolite par excellence, entretient des relations étroites et historiques avec Tunis et Alger. À Sète, l’importance de la communauté marocaine justifie l’exploitation de liaisons maritimes avec le royaume chérifien. Les migrants dupliquent leurs habitudes de consommation dans le pays qui les accueille. Ces imbrications stimulent les économies. Raison pour laquelle le Femise préconise une accentuation et une modulation de la politique commerciale des États au regard de leur stratégie migratoire.
Le rapport analyse le cas de la France et de l’Egypte. L’Hexagone, qui comptait 7,6 millions de d’immigrés en 2013, a toujours entretenu des liens historiques et étroits avec les pays voisins du Maghreb. Sur les 220 000 migrants annuels recensés en France (entre 2000 et 2013), 51% viennent d’Afrique.
« Les exportations et les importations en provenance et à destination des pays de la zone MENA3 (Algérie, Maroc et Tunisie) représentent 8% du total des échanges commerciaux de la France », souligne le document.
Mise en garde contre les politiques migratoires sélectives
S’agissant de l’Égypte, qui recense 4 millions d’immigrés dans le monde, l’étude Femise démontre l’effet bénéfique sur le commerce des pays hôtes. 73% des émigrés égyptiens choisissent de s’installer dans un pays arabe et 13% en Europe de l’Ouest. « En choisissant de s’installer dans un pays occidental, ils recherchent à évoluer professionnellement tout en échappant à la corruption, aux préjugés sociaux très prégnants en Égypte », souligne le rapport.
Les coauteurs du rapport, Andrés Artal-Tur et Vicente Pallardó-López, professeurs à l’Université de Valence, et John Salevurakis et Mona Said professeurs à l’Université Américaine du Caire (AUC) mettent en lumière un certain nombre de variables influant sur les relations commerciales bilatérales entre pays de départ et d’arrivée.
Ainsi, le profil du migrant a un impact sur la nature et l’intensité des échanges. Son niveau d’éducation, son activité professionnelle, son niveau de compétence linguistique et ses capacités d’adaptation au pays d’accueil jouent un rôle déterminant.
Si le lien entre migration et commerce est établi, il semble légitime de s’interroger sur les incidences à terme de la montée du protectionnisme et des politiques migratoires sélectives déployées depuis quelques mois par les pays membres de l’OCDE.
Le rapport est disponible (en anglais), pour y accéder, merci de cliquer sur le lien.
Article réalisé en partenariat avec Econostrum.