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« A la découverte des Social Change Makers » : L’entreprenariat social comme clef des problématiques en Méditerranée et en Afrique (20 Novembre, Marseille)

A l’invitation de l’Institut de la Méditerranée et de Femise, une dizaine de « Social change makers » impliqués en Méditerranée et en Afrique ont assisté à un atelier d’Emerging Valley (20 Novembre, Marseille). Leurs expériences diverses montrent l’apport de l’entreprenariat social comme vecteur d’accélération du développement socio-économiques mais aussi ses difficultés à s’imposer.

Les entreprises à impact social comme vecteur d'accélération de développement socio-économique (photo : F.Dubessy)

Les entreprises à impact social comme vecteur d’accélération de développement socio-économique (photo : F.Dubessy)

MÉDITERRANÉE / AFRIQUE. « La nécessité est mère de l’invention. Il faut donc essayer de changer les choses par la créativité. » Fondateur et CEO de Yomken.com Tamer Taha a d’emblée posé, lors de l’atelier »A la découverte des Social change makers en Méditerranée et en Afrique », la problématique d’une « région Mena en retard en matière d’innovation avec les autres pays d’un même niveau de développement.« 

Proposée par l’Institut de la Méditerranée, le Femise et l’IRD (Institut de recherche pour le développement) à l’occasion d’Emerging Valley (Marseille, 20 novembre 2018) cette rencontre visait à mettre en avant les initiatives présentes en Afrique et dans les pays méditerranéens de la rive Sud. Comme l’indique Constantin Tsakas, délégué général et secrétaire général de l’Institut de la Méditerranée-Femise, « face au chômage des jeunes, à l’économie informelle, aux inégalités et au manque de diversification économique, les entreprises à impact social ont le potentiel, faiblement exploité, d’être un accélérateur de développement socio-économique en mettant à profit des approches innovantes. »

Pour l’Egytien Tamer Taha, « les innovateurs ont besoin de plus que des fonds. Le marché a besoin de plus que de nouvelles idées. Si nous n’innovons pas, nous risquons de sortir du marché international. » Avec Yomken.com, plate-forme d’innovation ouverte pour les challenges industriels, environnementaux et sociaux, il met en relation dans cinq pays des grandes entreprises et des Tpe-Pme pour répondre à des problèmes à travers des appels à solution. Ces synergies ont, depuis 2012, débouché sur soixante-huit challenges. A l’image de cette machine allemande de découpe de légumes d’une entreprise du Caire qui ne pouvait pas traiter un légume local, l’okra (aussi appelé gombo). Pour 5 000 $, deux jeunes ingénieurs ont réussi à résoudre cette impasse.

Renforcer les start-up africaines

Hatoumata Magassa met en réseau quatre incubateurs africains (photo : F.Dubessy)

Hatoumata Magassa met en réseau quatre incubateurs africains (photo : F.Dubessy)

Shadi Atshan a co-fondé en 2017 un accélérateur pour les entreprises sociales (SEA) en Palestine. Il accueille une quarantaine de start-up et deux incubateurs. En 2018, il s’internationalise avec quatre projets en Jordanie. « Le marché étant limité, ces start-up intéressent peu les investisseurs. Nous les aidons donc aussi à lever des fonds« , explique Shadi Atshan. Hatoumata Magassa intervient elle pour « contribuer au développement économique durable, inclusif et numérique au Maroc, au Burkina-Faso, au Sénégal et au Ghana. » Coordinatrice d’AFIDBA (AFD for inclusive and digital business in Africa)- Bond’Innov (Bondy en France), elle s’occupe de ce projet financé par l’Agence France Développement (AFD) à hauteur de 2 M€ pour accompagner soixante start-up à fort impact social et un dispositif de financement alloué de 500 000 €.

« Nous structurons et renforçons un réseau d’incubateurs dans nos quatre pays d’intervention pour renforcer les start-up africaines« , commente Hatoumata Magassa.

Natalia Resimont coordonne elle le projet « Femmes du monde » de l’ONG française « Quartiers du monde », un réseau d’entrepreneures solidaires présentes au Burkina-Fasso, à Madagascar, au Maroc, au Mali et au Sénégal. « Nous créons des outils pédagogiques pour intégrer la perspective du genre. Sans elle, l’économie sociale et solidaire ne déconstruit pas les inégalités entre les genres et elle ignore en plus une série de modèles et de structures qui maintiennent, actualisent et reproduisent le système patriarcal : la division sexuelle de la gouvernance du travail, les violences faites aux femmes, les masculinités hégémoniques…« , précise-t-elle. L’ONG a publié un guide en Espagnol et en Français (et bientôt en Arabe et en Anglais), fruit de cinq ans de travail sur la question.

Créer des sociétés civiles collaboratives

« Pour mener de véritables initiatives économiques, ces femmes doivent d’abord se reconstruire. Nous intégrons cela dans notre accompagnement« , indique Natalia Resimont. Par exemple, « Femmes du monde » a créé un incubateur dans une petite commune du Mali plutôt que dans une grande ville, pour répondre au problème de mobilité des femmes.

Au Liban, Natalia Menhall de Beyond RD, un groupe d’activistes pour le développement de l’entreprenariat social, milite pour « mettre en place des systèmes de gouvernance inclusifs et inspirer des solutions politiques innovantes. » Avec comme objectif, de « créer des sociétés civiles collaboratives et des partenariats centrés sur l’humain conformément aux priorités, en mettant en place des opportunités d’apprentissage pour les personnes, les institutions et les communautés. »

Selon elle, « même si le concept est nouveau, le phénomène est déjà présent dans la région Mena grâce à une culture existante de solidarité et de conscience sociale.« 

Une fabrique à initiatives

Sihle Tshabalala et Natalia Menhall s'investissent, chacun à leur façon, dans l'élimination des obstacles au développement social (photo : F.Dubessy)

Sihle Tshabalala et Natalia Menhall s’investissent, chacun à leur façon, dans l’élimination des obstacles au développement social (photo : F.Dubessy)

« Au lieu d’attendre que les changements viennent à nous, nous avons décidé d’avoir un rôle actif« , insiste Natalia Menhall. « L’entreprenariat social est un outil qui se présente au citoyen pour proposer des solutions pouvant se généraliser« , précise-t-elle en constatant qu’après une étude dans sept pays de la région Mena, « les obstacles au développement de l’entreprenariat demeurent très proches. Soit les outils n’existent pas, soit ils ne sont pas adaptés ou concentrés dans les régions urbaines. » Beyond développe un programme de master en entreprenariat social. « Dans certains pays, les banquiers doivent passer du profit purement économique au profit aussi social« , souligne-t-elle.

Sihle Tshabalala s’intéresse à la jeunesse désavantagée née dans les township d’Afrique du Sud. Il la connaît bien pour en être issu. Durant un séjour en prison, il s’intéresse au codage informatique puis adapte une méthode d’apprentissage destinée aux universitaires pour l’enseigner à cette population illettrée et former des codeurs.

Directeur d’Inter-Made, un incubateur social dédié aux projets à impact social et environnemental basé à Marseille depuis dix-sept ans, Cédric Hamon offre des compétences, de la formation et de la mise en réseau aux start-upper. « Nous disposons également d’une fabrique à initiatives car tous les besoins sociaux ne trouvent pas de start-up pour les résoudre« , indique-t-il alors qu’il prend pied sur l’autre rive de la Méditerranée, en Tunisie. Cédric Hamon commercialise même une offre de formation sur la résolution des besoins sociétaux par l’entreprenariat. « L’obstacle c’est que vous vendez des solutions à des personnes qui n’ont pas compris qu’il y avait un problème… Donc vous créer chez eux un autre problème« , reconnaît-il tout en précisant, « Nous ne manquons pas de fonds, nous ne manquons pas de projets, nous manquons de projets financés. » Reste, comme l’indique Constantin Tsakas, qu' »un projet social demeure difficile à vendre.« 

L’Instagram des déchets

Constantin Tsakas, organisateur et animateur de cet atelier, a conscience de la difficulté à vendre l'entreprenariat social (photo : F.Dubessy)

Constantin Tsakas, organisateur et animateur de cet atelier, a conscience de la difficulté à vendre l’entreprenariat social (photo : F.Dubessy)

Autre implication sociale, celle de Mouhsin Bour Qaiba. Tout part d’un constat pour le co-fondateur de Clean City : A Casablanca, chaque habitant génère une tonne de déchets non recyclés par an. Ce Marocain créé donc ce qu’il baptise « l’Instagram des déchets » pour faire pression sur les autorités et lance une application pour le tri à la source avec possibilité de commande de sacs de couleurs différentes

Depuis, Clean City a conquis d’autres pays. Son CEO réfléchit désormais à donner des Token (cryptomonnaie) aux citoyens qui signalent par des photos publiées sur son site des problèmes au lieu de points permettant des réductions sur des achats comme actuellement. « Nous avons désormais 20 000 utilisateurs actifs dans le monde entier et 14 000 réclamations générées. Notre objectif est d’atteindre les 2 millions d’utilisateurs actifs« , ambitionne Mouhsin Bour Qaiba.

« Nous voulions montrer des visages, des hommes et des femmes et insister sur l’aspect ordinaire de leur vie. » Roman-Oliver Foy, président de l’association Friends of the Middle East (France, Liban), présente depuis deux ans des initiatives d’entrepreneurs sociaux dans le monde arabe à travers des conférences-débats.

Prochainement, il lancera des vidéos de dix minutes sur ces expériences avec toujours l’objectif d’inspirer les entrepreneurs potentiels au Sud et au Nord et de sensibiliser les décideurs politiques tout en favorisant la diffusion des innovations. « Les décideurs politiques doivent voir ce qu’est un entrepreneur social et solidaire« , insiste-t-il.

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Voir aussi l’article et le reportage vidéo d’ECOMNEWSMED sur l’atelier : 

Med Change Makers e06 : Alexandra FLAYOLS, Education & insertion des jeunes de Marrakech

 

FEMISE a récemment lancé sa série d’entretiens «Med Change Makers».

Les «Med Change Makers» sont des entretiens (texte et vidéo) qui permettent aux chercheurs FEMISE dynamiques d’illustrer comment leur recherche aborde une question politiquement pertinente et comment elle contribue au processus d’élaboration des politiques dans la région Euro-Méditerranéenne.

 

Le rôle clé de l’éducation dans l’insertion professionnelle des jeunes de la région de Marrakech 

Entretien avec Alexandra Flayols, Université de Toulon, FEMISE

Le FEMISE a récemment publié le Policy Brief « Le rôle clé de l’éducation dans l’insertion professionnelle des jeunes de la région de Marrakech »

Auteur du MED BRIEF, Dr. Alexandra Flayols souligne le rôle important de l’éducation secondaire dans l’accès à un emploi rémunéré. Cependant, beaucoup de jeunes abandonnent tôt leurs études. L’analyse des motifs d’arrêt des études est primordiale afin que les pouvoirs publics puissent mettre en place des mesures efficaces. Entretien :

1. Dans ce policy brief, l’accent a été mis sur les obstacles en amont à l’insertion professionnelle des jeunes, à savoir l’éducation. N’y a-t-il pas d’autres facteurs clés freinant cette insertion? Alors, pour quelles raisons est-il plus optimal d’investir dans l’éducation?

L’éducation n’est évidemment pas le seul facteur influençant l’insertion professionnelle des jeunes marocains. Plusieurs études ont mis en évidence l’existence d’autres facteurs pouvant contraindre l’insertion professionnelle des jeunes. Parmi ces facteurs ont peut citer une précédente expérience professionnelle, la situation financière du jeune, sa mobilité, la catégorie socioprofessionnelle de ces parents, les politiques actives du marché du travail…

En ce qui concerne les facteurs pouvant plus spécifiquement être rattachés au cas marocain, le lieu de résidence peut par exemple contraindre l’insertion professionnelle des jeunes. La région de Marrakech-Tensift-Al Haouz (MTH) qui fait l’objet de cette étude est principalement rurale (198 communes rurales contre 18 urbaines). Bien que l’enquête OCEMO (2008) exploitée dans ce travail ne permette pas de distinguer le lieu de résidence faute de données, nos résultats montrent un impact différentié du niveau d’éducation en milieu urbain et en milieu rural. De plus, le manque de création d’emplois dans le secteur privé alors même que l’on observe une dynamique moins forte de la demande de travailleurs dans le secteur public, qui jusque dans les années 1990 était le principal employeur des travailleurs qualifiés constitue un frein à l’insertion supplémentaire.

Nous avons choisi de nous focaliser sur l’éducation car outre le fait qu’il s’agit d’un facteur déterminant de l’insertion professionnelle, c’est une problématique centrale au Maroc qui connaît des difficultés dans ce domaine. De plus, le fait que le diplôme ne constitue pas une protection contre le chômage au Maroc, comme c’est le cas dans les pays développés nous pousse à porter une attention particulière à cette problématique. L’investissement dans l’éducation est devenu une norme dans les pays développés toutefois, s’il est important afin de permettre aux économies de monter en gamme dans la chaine de valeur internationale, il n’est pas pour autant une condition suffisante dans l’accès à l’emploi. L’adéquation entre les formations et le marché du travail est ainsi particulièrement importante. La qualité de l’éducation est également primordiale et est très critiquée au Maroc.

2. Qu’elles sont les principaux motifs que vous avez identifiés pour l’abandon des études par les jeunes au Maroc ?

La raison financière est la première qui pousse les jeunes marocains à abandonner leurs études (23%). Suivie par la lassitude (21%) et des résultats scolaires insuffisants (15%). Les motifs d’abandon de la scolarité sont révélateurs des difficultés rencontrées dans le système éducatif et peuvent aussi permettre aux pouvoirs publics de cibler leurs interventions. Ainsi, en regroupant les différents motifs d’arrêts selon qu’ils soient volontaires ou involontaires nous avons pu constater que 60% des jeunes subissent l’arrêt des études ; ce taux atteint même 67% en milieu rural. Nous avons pu observer d’autres disparités selon le milieu de résidence, mais également en fonction du genre. Les jeunes filles en milieu rural subissent ainsi plus souvent la décision de leurs parents qui ne souhaitent pas qu’elles poursuivent leurs études (12% contre 6% en milieu urbain). L’éloignement de l’école est également un motif important d’arrêt des études puisqu’il concerne 19% des jeunes en milieu rural contre à peine 4% en milieu urbain.

3. Vous avez précisé que le niveau d’étude secondaire est un pré-requis important pour les jeunes, à la fois, pour améliorer leur probabilité de continuer les études et leur chance d’être mieux inséré professionnellement. Donc quel est à votre avis le meilleur moyen pour rendre l’éducation secondaire plus attractive aux jeunes?

L’un des premiers moyens qui pourraient être mis en œuvre concerne la qualité de l’éducation qui comme nous l’avons vu à la question précédente pourrait être un moyen d’inciter les jeunes à poursuivre leurs études. Ces dernières années, les écoles privées ont connu un essor important au Maroc or, leur qualité reste contestable et le prix élevé renforce les inégalités d’apprentissage entre les élèves de famille aisée et ceux issus d’une couche sociale plus modeste. La qualité de l’éducation passe aussi bien par son contenu que l’encadrement et la création de nouvelles écoles. La langue d’apprentissage est par exemple une cause non négligeable des difficultés de certains jeunes. Ainsi, le français qui jusque-là était considéré comme une langue étrangère est désormais utilisée comme langue d’enseignement dans le supérieur pour les filières scientifiques et l’économie. L’orientation des jeunes qui n’ont pas le niveau attendu en français est alors contrainte.

Il apparaît également primordial de porter une attention particulière aux débouchés des filières proposées que ce soit pour l’enseignement général ou la formation professionnelle. Cela pourrait constituer une motivation supplémentaire pour les jeunes de poursuivre dans ces filières. Enfin, la mise en place de passerelles dans le système éducatif pourrait également diminuer le nombre d’abandons car les jeunes pourraient se réorienter plus facilement.

4. Comme vous l’avez souligné, certains arrêts d’étude sont involontaires. Quelles recommandations vous donneriez aux pouvoirs publics pour limiter ces cas ou au moins pour faciliter la transition de ces jeunes vers le milieu professionnel?

Parmi les motifs involontaires d’arrêt des études, la raison financière est la plus importante. Ces résultats indiquent l’existence d’une marge de manœuvre importante pour améliorer le taux de rétention des jeunes dans la région de MTH. Bien que les réformes de la fin des années 90 aient amélioré l’accès à l’éducation, ce dernier est encore restreint dans les zones rurales notamment pour les jeunes femmes. Il ne s’agit pas nécessairement d’augmenter les dépenses dans le secteur de l’éducation, mais de mieux cibler les mesures à l’exemple du programme Tayssir. Ce dernier vise à réduire l’absentéisme en accordant des bourses aux élèves assidus pour les ménages les plus démunis. La phase pilote menée dans certaines communes rurales laisse entrevoir des résultats positifs notamment dans les niveaux d’éducation les plus élevés. Nos résultats ont mis en évidence qu’une femme avec un niveau d’éducation au moins égal au secondaire a 1,7 fois plus de chance d’avoir accès à un emploi rémunéré or, leur accès à l’éducation est particulièrement contraint dans les régions rurales puisqu’elles ont 1,4 fois moins de chance d’avoir accès à un niveau d’éducation secondaire que les femmes en milieu urbain. Des mesures visant cette sous-population seraient donc bénéfiques.

De plus, l’hypothèse d’un manque d’encadrement ou d’enseignants ou encore, un contenu inadapté des enseignements pourrait expliquer cette lassitude ressentie par les jeunes ainsi que leur échec scolaire. La qualité de la formation des enseignants devrait donc être également au cœur des préoccupations du gouvernement marocain. Le taux d’encombrement des classes de seconde est également élevé ; des classes moins surchargées seraient sans doute favorables à un meilleur apprentissage.

Enfin, pour faciliter la transition vers le milieu professionnel des partenariats avec les entreprises pourraient être envisagés notamment en ce qui concerne les formations professionnelles. Cela permettrait de mieux cibler les besoins du marché du travail à l’image des SIVP[1] en Tunisie. Ces partenariats pourraient s’accompagner de mesures visant à favoriser l’embauche de ces jeunes pour lesquels l’entreprise aurait contribué à la formation.

5. N’y a-t-il pas différentes tendances dans la longueur des études et différents mécanismes derrière l’insertion professionnelle des jeunes femmes et des jeunes hommes? Est-ce que cela impliquerait des recommandations distinctes par genre?

Bien que l’accès à l’éducation ce soit amélioré pour les femmes il existe encore des disparités. Nous ne disposons pas de données précises sur la durée des études par genre. Toutefois, les estimations de Barro et Lee (2010) concluent à un écart de 1,67 année quant à la durée moyenne de scolarisation. De plus, le refus des parents concernant la poursuite des études est un motif important d’abandon des études pour les jeunes femmes notamment en milieu rural. La poursuite des études pour les jeunes femmes semble donc plus contrainte que celle des hommes. L’arrêt des études correspondant à la volonté de créer une famille est également cité par les jeunes femmes marocaines alors que ce motif ne l’est jamais par les hommes. Ce choix a nécessairement un impact sur l’insertion professionnelle des femmes que ce soit en raison d’un trop faible niveau scolaire si elles ont abonné leurs études trop tôt ou de la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle. Les mécanismes d’insertion professionnelle sont en effet différentiés selon le genre. Des études soulignent des différences à la fois dans la mise en œuvre des stratégies d’insertion professionnelle, mais également concernant l’éviction de certaines sphères professionnelles par exemple. Si les pouvoirs publics souhaitent améliorer l’accès au marché du travail des jeunes femmes, une attention particulière doit leur être portée.

[1] Stage d’Initiation à la Vie Professionnelle.

Le MED BRIEF est disponible au téléchargement en cliquant ici.

Propos recueillis par Constantin Tsakas

This activity received financial support from the European Union through the FEMISE project on “Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership”. Any views expressed are the sole responsibility of the speakers.

FEMISE a eu le plaisir de co-animer un atelier sur « la finance durable » à SDSN-France avec le Pr. Jeffrey Sachs (13 Novembre, Paris)

FEMISE a eu le plaisir de faire partie du lancement de SDSN-France à Paris le 13 novembre 2018.

Pr. Jeffrey Sachs (SDSN, Columbia University)

Le réseau des Nations Unies pour les solutions de développement durable (SDSN) vise à rassembler un grand nombre de dirigeants de toutes les régions et de tous les horizons afin de promouvoir des solutions pratiques pour le développement durable, notamment la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) et de l’accord de Paris sur le climat. Ce réseau fonctionne depuis 2012 sous l’égide du Secrétaire général de l’ONU et fonde son action sur des valeurs d’apprentissage conjoint et d’approches intégrées face à des défis économiques, sociaux et environnementaux interdépendants.

Le lancement de SDSN-France est un événement clé pour le réseau en général, car il lui permet de disposer de partenaires précieux dans le domaine universitaire et de la recherche en France, articulant la collaboration entre les acteurs multilatéraux et les institutions financières locales, le secteur privé et la société civile. Le bureau de SDSN-France sera dirigé par KEDGE Business School, membre du réseau FEMISE, l’université PSL et des universités Pierre et Marie Curie et Cergy-Pontoise.

L’événement a été extrêmement riche en présentations, en discussions et ateliers. Ces derniers ont pris la forme de séances d’intelligence collective au cours desquelles la diversité des participants a permis une compréhension élargie et une approche globale des problèmes abordés. Constantin Tsakas, secrétaire général du FEMISE, a été l’animateur de l’atelier «Finance durable» organisé par KEDGE Business School. Des outils financiers alternatifs et verts ont été discutés lors de cet atelier, ainsi que la définition des objectifs clés et des responsabilités de la branche française du SDSN, en tant que partie prenante incontournable du débat sur la concrétisation des ODD. Les questions soulevées par le professeur Jeffrey Sachs (professeur à l’Université Columbia, consultant spécial du Secrétaire général des Nations Unies), telles que les moyens permettant d’évaluer les projets dans le contexte de la transformation systémique ou les normes applicables aux ESG (Gouvernance environnementale, sociale et corporative) ont souligné la richesse de cette problématique d’un point de vue conceptuel mais également l’importance de son aspect pratique.

Dans sa synthèse de l’atelier, le professeur Thomas Lagoarde-Segot (professeur associé d’économie et de finance internationale à la KEDGE Business School et chercheur au FEMISE) a souligné le rôle de SDSN en tant que médiateur entre les différents acteurs de la finance verte et plus particulièrement comme passerelle entre le monde universitaire et la recherche, d’une part, et les professionnels, d’autre part. Les participants ont retenu une approche incluant des propositions du FEMISE et proposée en 3 étapes : Pour réaliser le plein potentiel de SDSN-France, le réseau pourrait agir sur 3 niveaux; le niveau macro en sensibilisant les décideurs politiques, le niveau méso en permettant l’émergence et la cartographie de structures (financières, techniques) qui supportent l’impact social et au niveau micro en aidant les entrepreneurs sociaux à améliorer leur perception de la finance verte et leur accès à elle.

Ces résultats ont ensuite été exposés lors d’une séance plénière avec la présence du conseil d’administration de SDSN-France et seront inclus dans la feuille de route de cette branche française du réseau, dans la section «Finance Durable», aux côtés des autres résultats clés des différents ateliers abordant des sujets aussi divers et essentiels que « l’éducation pour le développement durable », les « villes durables », les « chaînes de valeur durables», les « transitions énergétiques », et mène à l’amélioration du « Programme de solutions» pour les ODD en France. Tous ces ateliers ont souligné le rôle crucial de SDSN-France en tant que facilitateur de la collaboration entre parties prenantes et en tant qu’accélérateur d’effervescence académique et intellectuelle dans la recherche de solutions pratiques et adéquates pour concrétiser les objectifs des ODD. « Précipiter le changement du système dans son ensemble » était l’un des points centraux du professeur Jeffrey Sachs lors de son discours devant la Chimie ParisTech. Il ne s’agit pas d’aborder chaque enjeu en tant que problématique indépendante, mais de « convaincre » le monde de changer et de coopérer et d’adopter des modes de gouvernement alternatifs.

FEMISE MED BRIEF no14 : « Comment la proximité spatiale des entreprises contribue-t-elle à la transition UE-Med ? »

Dr. Anna M. Ferragina, CELPE, University of Salerno, FEMISE

La série de Policy Briefs du FEMISE intitulée MED BRIEF ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région euro-méditerranéenne. Les Policy Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs FEMISE et des partenaires du réseau.

Le dernier MED BRIEF sur « Comment la proximité spatiale des entreprises contribue-t-elle à la transition de la région euro-méditerranéenne ? Preuves empiriques en Turquie, en Italie et en Tunisie  » est disponible ici (en anglais). 

Il est également disponible en arabe en cliquant ici.

RésuméDans ce policy brief nous fournissons des implications et des recommandations politiques sur la manière dont la productivité des entreprises réagit aux facteurs de croissance géographiques liés à l’économie d’agglomération, au regroupement de l’innovation et à la localisation de l’IDE. Nous observons comment ces éléments interagissent avec les caractéristiques de l’entreprise (notamment la taille, la propriété et l’innovation) en se concentrant sur trois études de cas: la Turquie, l’Italie et la Tunisie. Dans l’ensemble, les résultats des estimations suggèrent un rôle significatif des effets d’agglomération et d’innovation significatifs dans l’amélioration de la productivité, en particulier les répercussions sont plus forte entre les entreprises opérant dans le même secteur et la même région et présentant des écarts technologiques réduits. En outre, les preuves de retombées sur la productivité des entreprises étrangères voisines sont moins robustes. Les résultats de l’étude confirment l’efficacité des clusters de PME dans les pays du sud de la Méditerranée et permettent d’identifier les principaux facteurs et modèles de production localisée, offrant ainsi un cadre de référence pour l’analyse. Ces preuves soutiennent les politiques menant un effort spécifique pour améliorer la capacité d’absorption des entreprises moins sophistiquées sur le plan technologique, en soutenant les investissements en R&D et la qualification du capital humain afin de permettre aux entreprises d’être concurrentielles et de bénéficier des retombées environnantes dans les zones d’agglomération. Une autre recommandation politique pour le gouvernement serait d’investir dans les infrastructures de transport, de faciliter l’accès au logement et de développer les complémentarités régionales. Cela permettrait à long-terme une convergence plus durable des niveaux de vie entre les et réduirait l’exploitation des ressources le long des côtes et la pression sur les ressources naturelles.

La liste des FEMISE MED BRIEF est disponible ici.

 

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.

Atelier : A la découverte des « Social Change Makers » en Méditerranée et en Afrique, 20 Novembre, Marseille

C’est parti pour l’ouverture officielle des inscriptions à Emerging Valley 2018 qui se déroulera les 20 et 21 novembre à Marseille (au Palais du Pharo et à thecamp) !   

 

Atelier IM-FEMISE: A la découverte des « Social Change Makers » en Méditerranée et en Afrique

FEMISE et l’Institut de la Méditerranée (IM) sont ravis de s’associer à ce grand évenement pour organiser l’atelier A la découverte des « Social Change Makers » en Méditerranée et en Afrique (20 novembre 2018 à 15h00). L’entrepreneuriat social se réfère à la pratique qui combine innovation, dynamisme et la possibilité de relever d’importants défis sociaux et environnementaux. Le soutien des Etats et des multinationales à travers le monde a été très encourageant pour ce modèle d’activité social innovant. Un réel potentiel, encore faiblement exploité, existe aussi dans le cadre de la coopération entre l’UE et l’Afrique et notamment avec les pays Méditerranéens de la Rive Sud.

Les entrepreneurs sociaux mobilisés par FEMISE et l’IM présenteront des initiatives innovantes, capables de relever d’importants défis sociaux et environnementaux en Egypte, Palestine, Maroc, Afrique du Sud, Liban, en région MENA et en France. La Concept Note de l’Atelier est disponible en cliquant ici.

Inscrivez-vous !

Découvrez certains de nos Panelistes à l’Atelier IM-FEMISE en cliquant sur leur fiche

Emerging Valley 2018

Placé sous le Haut Patronage du Président de la République Emmanuel MACRON et premier évènement  labellisé Digital Africa, EMERGING Valley réunit cette année

·         Plus de 100 Startups, incubateurs et investisseurs venus de 20+ pays africains se réuniront dans la deuxième ville de France pour connecter l’innovation africaine et européenne : Sénégal, Bénin, Afrique du Sud, Kenya, Nigeria, Côte d’Ivoire, Maroc, Egypte,

·         La venue de délégations pays (Brésil,Tunisie) venus trouver partenaires, clients, structures d’accompagnement pour créer de la valeur autour de l’Afrique à Marseille

·         Des dizaines de keynotes, sessions plénières, workshops pour découvrir et faire du business avec les champions de l’innovation africaine dans deux lieux exceptionnels : Le Palais du Pharo et thecamp

·         Du business et du réseautage avec des investisseurs, VC et Angels venus d’Europe, d’Afrique et de la Méditerranée

·         Un programme d’accélération en simultané durant le sommet avec le Social and Inclusive Business Camp de l’AFD autour de l’impact social et le financement

·         Le lancement en exclusivité de la plateforme Digital Africa le 21 novembre à thecamp, un dispositif de soutien aux start-ups africaines lancée par le Président de la République Emmanuel MACRON pour soutenir la dynamique entrepreneuriale sur le continent africain à travers le digital

Venez les rencontrer en vous inscrivant sur ce lien 

* La contribution financière de l’IM et de FEMISE envers cette conférence est faite dans le cadre du Contrat FEMISE-UE sur: : « Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership  » . Tous les points de vue exprimés lors de cet événement relèvent de la seule responsabilité des intervenants.

Med Change Makers e05 : Katarzyna SIDLO, Autonomisation des femmes et économie collaborative

 

FEMISE a récemment lancé sa série d’entretiens «Med Change Makers».

Les «Med Change Makers» sont des entretiens (texte et vidéo) qui permettent aux chercheurs FEMISE dynamiques d’illustrer comment leur recherche aborde une question politiquement pertinente et comment elle contribue au processus d’élaboration des politiques dans la région Euro-Méditerranéenne.

 

Stimuler les taux de participation des femmes au marché du travail dans la région MENA. L’économie collaborative peut-elle être utile?

Entretien avec Katarzyna Sidlo, Analyste Politique à CASE, chercheuse FEMISE

Le FEMISE a récemment publié le Policy Brief « Stimuler les taux de participation des femmes au marché du travail dans la région MENA. L’économie collaborative peut-elle être utile? ».

Auteur du MED BRIEF, Dr. Katarzyna Sidlo fait partie des chercheurs FEMISE qui participent activement aux activités du réseau. Son travail évalue le potentiel de l’économie collaborative pour accroître le taux d’activité des femmes dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Plus précisément, il examine les moyens par lesquels l’économie collaborative peut permettre aux femmes qui le souhaitent de rejoindre le marché du travail.

  1. Comment définissez-vous l’économie collaborative ? Pouvez-vous nous donner des exemples de telles initiatives dans différents secteurs ?

L’économie collaborative (ou de partage) fait référence aux modèles commerciaux qui créent un marché ouvert pour l’accès aux biens et aux services grâce à l’utilisation de la technologie moderne. Elle couvre une variété de secteurs, émerge rapidement dans le monde entier et offre de nouvelles opportunités aux citoyens, qui sont en mesure d’obtenir auprès des uns et des autres ce dont ils ont besoin, au lieu de s’adresser à de grandes organisations (du moins c’est la théorie). Parmi les exemples les plus connus d’entreprises d’économie collaborative, citons les applications telles que Uber ou Careem, le site Web d’hébergement entre particuliers Airbnb, les plateformes de crowdsourcing Kickstarter ou Indiegogo ou la place de marché en ligne Etsy. Beaucoup de ces noms sont déjà familiers.

  1. Pensez-vous que l’économie collaborative est une solution envisageable dans les pays de la région MENA, compte tenu des obstacles à l’accès à Internet et de la perception du public ?

Premièrement, selon la Banque mondiale, 59% des habitants de la région MENA sont des utilisateurs d’Internet. L’accès à Internet en tant que tel n’est donc pas un problème partout dans la région, même si, dans de nombreux endroits, le haut débit est coûteux, lent et généralement peu fiable et que dans beaucoup d’autres, en particulier dans les zones urbaines, il n’est tout simplement pas encore disponible facilement. Plus important encore, j’examinerais le problème posé dans la question sous un angle different : la possibilité de tirer parti de ce que l’économie collaborative peut offrir peut être un argument supplémentaire en faveur de l’extension des efforts visant à fournir un accès à Internet à autant de personnes que possible. Si Internet n’est pas disponible dans un village du sud de l’Égypte, il n’y aura pas non plus beaucoup d’offres d’emploi. En fournissant aux habitants d’un tel village un accès à Internet, vous leur donnez également la possibilité d’entrer sur le marché du travail. Par exemple, ils pourraient étudier gratuitement sur l’une des nombreuses plateformes MOOC (Massive Open Online Cours) disponibles – de plus en plus en arabe également – et acquérir des compétences qui leur permettront de trouver un emploi. Ils pourraient aussi donner des cours d’arabe en ligne (une plateforme, NaTakallam, propose de tels cours dispensés par des réfugiés), sans avoir à émigrer et à quitter leurs villages ou même leurs maisons.

Je suis fermement convaincue que même si un petit pourcentage de personnes dans une société donnée utilise cette chance, cela en vaudra la peine. Ainsi, bien que l’économie de partage ne résolve en aucun cas la totalité, ni même la plupart des problèmes liés à la faible participation des femmes (et des hommes) au marché du travail – cela ne serait pas le cas même si pratiquement toutes les personnes de la région avaient accès à un Internet rapide, abordable et fiable – cela pourrait grandement contribuer à atténuer ce problème.

  1. Quels sont les principaux obstacles à la participation des femmes au marché du travail dans la région MENA et comment l’économie collaborative apporte-t-elle des solutions innovantes pour y répondre ?

Les femmes de la région MENA qui souhaitent intégrer le marché du travail se heurtent à de nombreux obstacles, allant des problèmes pratiques (manque d’emplois, déplacements difficiles) aux problèmes de nature socioculturelle (restrictions des activités en dehors de la maison, responsabilités de prise en charge). Le l’économie partagée peut aider à en surmonter un certain nombre. Plus important encore, elle permet aux femmes d’effectuer un travail – et même de créer leur propre entreprise – dans le confort de leur foyer. Grâce à cela, même les femmes qui, pour diverses raisons liées à la famille ou à la culture, ne veulent pas travailler en dehors du foyer, peuvent gagner leur propre revenu (et l’autonomisation économique est un grand pas en avant vers l’autonomisation sociale et politique). Un autre bon exemple est celui des services de voiture de transport avec chauffeur, qui offrent une alternative plus sûre, plus fiable et moins chère (par rapport aux taxis traditionnels) aux transports en commun, défectueux ou carrément inexistants, souvent considérés comme inappropriés pour les femmes non accompagnées. L’Arabie saoudite en est un exemple extrême, où avant la levée de l’interdiction pour les femmes de conduire, celles-ci représentaient 80% des clients d’Uber et 70% des clients de Careem.

  1. L’une des recommandations de l’article était d’améliorer les cadres juridiques dans chaque pays de la région MENA afin de permettre le fonctionnement optimal des entreprises de l’économie de partagée. Quelles mesures concrètes peuvent être mises en œuvre avec succès dans la région dans son ensemble et dans des contextes spécifiques ?

L’un des principaux avantages de l’économie de partage est sa flexibilité. Cependant, cette flexibilité peut souvent aussi signifier un manque de clarté, par exemple en termes de responsabilité, de fiscalité, de protection du consommateur, de licence ou d’assurance. Pensez à des services tels que Uber, Careem ou Lyft : en cas d’accident, quelle assurance devrait couvrir les dommages? Étant donné que les conducteurs utilisent leurs véhicules privés, ils peuvent ne pas posséder une assurance commerciale, mais plutôt une assurance personnelle, ce qui peut conduire les assureurs à refuser la demande. La société propriétaire de la plate-forme sur laquelle les conducteurs sont jumelés avec des clients devrait-elle être responsible ? Les conducteurs, même leurs employés ou clients, utilisent-ils les fonctionnalités de la plate-forme ? La réponse à cette question détermine les réponses à de nombreuses questions ultérieures relatives à la protection sociale (congés de maternité, retraites, assurance maladie, etc.) des prestataires de services collaboratifs. Un autre problème est bien sûr lié à la fiscalité.

Malheureusement, il n’y a pas de réponse facile. L’Union européenne s’interroge par exemple sur la publication de directives au niveau de l’UE, mais la question de savoir si et dans quelle mesure l’économie partagée doit être régulée fait encore l’objet d’un débat animé. La grande question est bien sûr de savoir comment réglementer afin de ne pas sur-réglementer et donc de supprimer la flexibilité qui rend la participation à l’économie partagée si pratique

Dans la région MENA, les pays devraient réfléchir à des solutions qui fonctionnent le mieux dans leurs circonstances spécifiques. Par exemple, un système d’assurance maladie volontaire pourrait être mis en place pour aider les personnes qui gagnent leur revenu dans l’économie collaborative à obtenir une protection sociale (une étude intéressante sur ce sujet concernant la Tunisie et réalisée par Khaled Makhloufi, Mohammad Abu-Zaineh et Bruno Ventelou a été publiée récemment par le FEMISE). En Jordanie, où le gouvernement travaille à une réforme fiscale, la question de l’application de l’impôt sur les sociétés aux plates-formes collaboratives pourrait être examinée.

  1. Quel rôle voyez-vous pour la société civile et les ONG dans l’expansion de l’économie collaborative? Une coopération et des synergies entre différents acteurs / parties prenantes seraient-elles possibles selon vous ?

L’économie collaborative a une dimension à but lucratif et une dimension à but non lucratif. A propos de la participation croissante des femmes au marché du travail dans la région MENA et du rôle des OSC et des ONG, nous devrions probablement nous concentrer sur ces dernières. Le spectre des possibilités est vraiment large. Les deux types d’organisations pourraient par exemple aider les femmes à organiser leurs propres programmes de covoiturage, en s’entraidant pour se rendre au travail de manière pratique et quotidiennement. Elles pourraient créer des espaces de travail collaboratifs, où les femmes entrepreneurs pourraient créer et gérer leurs entreprises dans un environnement convivial, sûr et inspirant. Elles pourraient créer des cours en ligne en dialectes arabes locaux, fournir une formation gratuite aux femmes qui envisagent de créer leur propre entreprise, ou qui travaillent à la traduction en arabe de cours déjà disponibles sur diverses plates-formes MOOC et qui fournissent des connaissances et des compétences facilitant la recherche d’emploi. Tout cela – et bien plus encore – peut bien entendu être réalisé en collaboration entre différentes parties prenantes. Après tout, c’est ce qu’est l’économie collaborative.

Le MED BRIEF est disponible au téléchargement en cliquant ici.

Propos recueillis par Constantin Tsakas

This activity received financial support from the European Union through the FEMISE project on “Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership”. Any views expressed are the sole responsibility of the speakers.

FEMISE MED BRIEF no13 : « Les piliers de la réussite d’un système d’innovation national au Maghreb »

Sonia BEN SLIMANE (ESCP Europe) & Maarouf RAMADAN (KEDGE, FEMISE))

La série de Policy Briefs du FEMISE intitulée MED BRIEF ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région euro-méditerranéenne. Les Policy Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs FEMISE et des partenaires du réseau.

Le dernier MED BRIEF sur « Les piliers de la réussite d’un système d’innovation national au Maghreb » est disponible ici.

Il est également disponible en arabe ici.

Résumé: La perspective d’une croissance économique soutenue par l’activité d’innovation s’est  révélée inefficace pour les pays du Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie). Notre analyse sous l’angle du système national d’innovation met en évidence les principales causes, telles que les faiblesses structurelles et le manque de temps nécessaire à la coordination des acteurs de l’innovation. Nos recommandations sont basées sur la proposition d’un modèle approprié d’innovation systémique qui prend en compte les spécificités de ces trois pays. Les piliers du succès de ce modèle sont d’abord «structurels»: mettre en place des «structures de soutien» efficaces pour l’innovation et l’esprit d’entreprise, offrant des outils appropriés et des services complémentaires; Deuxièmement, la «coordination»: des interactions cohérentes et coordonnées entre les acteurs de l’innovation publics et privés dans le développement de nouvelles méthodes de production et la diffusion des connaissances; Et troisièmement, la «gouvernance»: la réhabilitation du rôle du gouvernement dans l’éducation, pour assurer la cohérence globale des actions de l’acteur (règlementation protégeant l’innovation, financement de l’innovation, soutien des activités de recherche scientifique et un système éducatif favorisant le développement d’une nouvelle génération d’entrepreneurs innovants).

La liste des FEMISE MED BRIEF est disponible ici.

 

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.

Le secteur privé, son rôle de moteur de croissance et de création d’emplois, au cœur des recherches FEMISE

Brochure FEMISE

Les pays méditerranéens souffrent d’un manque de dynamisme de leur secteur privé, celui-ci n’étant pas suffisamment compétitif ni créateur d’emplois. C’est ainsi que FEMISE a placé la thématique du secteur privé, et notamment son rôle de moteur de croissance, de création d’emplois et d’inclusivité, au cœur de ses recherches. L’intérêt est porté sur les causes qui empêchent le secteur d’atteindre son potentiel, en particulier les contraintes auxquels les entreprises de la Région sud-Méditerranéenne font face, et sur l’importance de l’innovation dans le développement du secteur privé méditerranéen.

Une des spécificités du réseau FEMISE, coordonné par l’Institut de la Méditerranée et Economic Research Forum, est de toujours s’efforcer à intégrer les points de vue des responsables politiques, des opérateurs privés et, plus largement, de l’ensemble des acteurs locaux, dans les réflexions menées sur cette thématique. Cette approche permet d’obtenir de meilleurs retours sur les recherches et de s’assurer que celles-ci soient politiquement pertinentes.

Le secteur privé au centre des travaux académiques FEMISE

Patricia AUGIER (Prés. Scientifique Institut de la Méditerranée, Coordonatrice  et Prés. Scientifique du FEMISE), pilote le Rapport EuroMed2018

Premièrement, le Rapport général EuroMed2018 du FEMISE, publication phare du réseau, portera sur le secteur privé des pays méditerranéens. L’objectif du rapport sera de faire un point sur la dynamique économique des pays méditerranéens au cours de ces 20 dernières années (c’est à dire depuis le Processus de Barcelone), puis d’en comprendre les éléments de blocage. L’idée générale est que la croissance des pays méditerranéens doit s’accélérer pour absorber un nombre toujours plus grand de personnes sur le marché du travail, et que cette croissance doit s’appuyer sur des progrès de productivité plutôt que sur l’accumulation des facteurs : le développement du secteur privé est donc au cœur de la définition d’un nouveau modèle de développement. Un des chapitres sera plus spécifiquement consacré au rôle des Banques Centrales sur le développement du secteur privé. Enfin la préoccupation majeure d’une croissance plus inclusive nous amenera à considérer l’entrepreunariat social comme une potentielle opportunité pour les pays méditerranéens.

Une dynamique partenariale « Science for Business » avec des acteurs de soutien technique et opérationnel.

Deuxièmement, FEMISE participe, en partenariat avec ANIMA Investment Network, au projet The Next Society, qui regroupe acteurs publics et privés de sept pays méditerranéens dans l’objectif de soutenir les écosystèmes d’innovation. Cette collaboration est l’opportunité pour FEMISE et ANIMA de mettre en communs leurs compétences complémentaires, respectivement l’analyse et la production de connaissance académique, et le soutien technique et opérationnel.

La contribution de FEMISE consiste d’abord à dresser un tableau de bord et à analyser le positionnement de chaque pays en termes d’indicateurs d’innovation et de compétitivité, comme le Global Innovation Index, à différentes étapes de l’innovation (inputs, process et outputs). Une analyse des stratégies nationales d’innovation et de l’écosystème des acteurs impliqués (gouvernement, associations, opérateurs privés…) est aussi réalisée.

Ensuite, FEMISE identifie les secteurs et les produits performants afin de mettre en évidence les nouveaux avantages comparatifs des pays et les opportunités d’investissement.

Dr. Maryse LOUIS (General Manager FEMISE, Programs Manager ERF) et Dr. Constantin TSAKAS (General Manager Institut de la Méditerranée, General Secretary FEMISE) présentent les recherches FEMISE aux Panels THE NEXT SOCIETY en Tunisie et en Jordanie.

FEMISE présente ses travaux à l’occasion de panels de plaidoyer réunissant académiciens, entrepreneurs, investisseurs, responsables d’incubateurs et de structures d’innovation et d’acteurs publics, dans le but de bénéficier de leurs retours et, surtout de leur point de vue quant aux facteurs qui ont permis l’émergence de ces nouveaux avantages comparatifs. Cette approche garantit que les conclusions et recommandations provenant des travaux réalisés par FEMISE puissent aider à l’élaboration de politiques publiques. L’enjeu de ces panels est notamment d’établir, pour chaque pays, une feuille de route pour l’innovation, de la mise en œuvre à l’ évaluation, avec pour objectifs de renforcer les systèmes nationaux d’innovation, d’encourager la coordination des acteurs parties prenantes, et d’améliorer les instruments des politiques et stratégies d’innovation.

Une ouverture vers des institutions sud-méditerranéennes dans une approche « Science for Policy »

Les jeunes chercheurs du FEMISE participent activement aux recherches, Karine MOUKADDEM et Jocelyn VENTURA (Institut de la Méditerranée, FEMISE) et Dalia RAFIK (ERF, FEMISE)

Troisièmement, FEMISE s’ouvre en coopérant avec des acteurs et institutions du sud-méditerranéen directement concernés par les questions traitées. Ainsi, FEMISE corédige et publiera en 2019 le rapport EuroMed2019 qui identifiera les contraintes à la croissance et à l’intégration dans les chaines de valeurs mondiales des PME marocaines. Ce document est issu de la coopération du réseau avec d’une part la Banque Africaine de développement, bailleur régional pour l’aide au développement, et d’autre part l’Institut supérieur de commerce et de gestion d’administration des entreprises (ISCAE) implanté au Maroc.

Il est essentiel pour les pays méditerranéens de mieux intégrer les PME dans les chaines de valeurs mondiales au sein desquelles se réalisent la majeure partie des échanges internationaux. Nous avons fait le choix, dans ce rapport, de nous focaliser sur le cas des entreprises marocaines. Il s’appuiera sur des enquêtes et interviews de terrains auprès des dirigeants de PME et de représentants d’associations professionnelles ainsi que sur les Enquêtes Entreprises et les indicateurs Doing Business de la Banque Mondiale. C’est dans cette approche d’échanges entre chercheurs et opérateurs publics et privés que les résultats préliminaires du rapport ont été présentés en amont de la publication, afin de recueillir commentaires, suggestions et recommandations pour enrichir le travail.

Un triple ancrage pour une recherche pertinente d’un point de vue politique et opérationnel

En conclusion,en plus des recherches académiques en cours menées par les membres du réseau et soutenues financièrement par les fonds du FEMISE (recherches accessibles sur le site), 3 autres types de travaux consacrés au secteur privé mobilisent actuellement l’équipe FEMISE : (1) un état des lieu et une réflexion générale qui couvrent l’ensemble de la région (Rapport EuroMed2018), (2) une analyse thématique ciblée corédigée avec un focus national (Rapport EuroMed2019) et (3) un projet sur l’innovation en partenariat avec ANIMA.

L’ensemble de nos analyses se nourissent à la fois (i) des connaissances et des apports de la recherche académique, (ii) de la prise en compte des situations concrêtes dans les pays, ainsi que (iii) des points de vue et réflexions d’acteurs issus du monde politique et de celui de l’entrepreneuriat. Ce triple ancrage nous permet d’élaborer des produits pertinents d’un point de vue politique et opérationnel.

Pour la Brochure FEMISE, avec une présentation des activités du réseau et de ses nouvelles approches thématiques veuillez cliquer ici.

Pour en savoir plus sur les conclusions préliminaires du rapport codirigé avec la BAD, des éléments de réponses sont disponibles dans l’entretien ci-dessous:

Article rédigé par Jocelyn Ventura (Economiste Institut de la Méditerranée)

FEMISE MED BRIEF no12 : « Le rôle clé de l’éducation dans l’insertion professionnelle des jeunes de la région de Marrakech »

 

La série de Policy Briefs du FEMISE intitulée MED BRIEF ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région euro-méditerranéenne. Les Policy Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs FEMISE et des partenaires du réseau.

 

Le dernier numéro de MED BRIEF « Le rôle clé de l’éducation dans l’insertion professionnelle des jeunes de la région de Marrakech » est disponible en cliquant ici.

 

Alexandra Flayols (Université de Toulon)

Résumé: Les difficultés des jeunes marocains, tant au niveau de leur insertion professionnelle qu’au sein du système éducatif nous ont conduit à nous interroger sur les contraintes pouvant peser sur ces jeunes dans la poursuite de leurs études et leur accès à un emploi rémunéré. Nos résultats soulignent le rôle important de l’éducation secondaire dans l’accès à un emploi rémunéré. Cependant, beaucoup de jeunes abandonnent tôt leurs études. L’analyse des motifs d’arrêt des études est primordiale afin que les pouvoirs publics puissent mettre en place des mesures efficaces.

La liste des FEMISE MED BRIEF est disponible ici.

 

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.

FEMISE MED BRIEF no11 : « Déséquilibres externes et internes dans les pays du sud de la Méditerranée »

 

La série de Policy Briefs du FEMISE intitulée MED BRIEF ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région euro-méditerranéenne. Les Policy Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs FEMISE et des partenaires du réseau.

 

Le onzième numéro de MED BRIEF « Déséquilibres externes et internes dans les pays du sud de la Méditerranée » est disponible (en GB) en cliquant ici.

 

Dr Doaa Salman (MSA, Egypt) and Dr Vassilis Monastiriotis (LSE, UK)

Ce MED Brief fournit des informations sur les conséquences à moyen et long terme des déséquilibres externes et internes dans les pays du sud de la Méditerranée au cours des vingt dernières années, en essayant d’identifier les principaux domaines de déséquilibre macroéconomique dans ces pays et les principaux agrégats qui semblent entraîner des évolutions plus importantes dans leurs positions macroéconomiques et budgétaires.

La liste des FEMISE MED BRIEF est disponible ici.

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.