Archives du Tag : MENA

FEMISE MedBRIEF 26:  » L’inégalité des Chances dans la petite enfance en Méditerranée »

Moundir LASSASSI, Valérie BERENGER & Touhami ABDELKHALEK

La série MED BRIEF ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région Euro-Med. Les Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs et des partenaires du réseau FEMISE.

Le FEMISE MED Brief intitulé « L’inégalité des Chances dans la petite enfance dans 6 pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée », est disponible au téléchargement en cliquant ici.

 

Résumé

La petite enfance est la période la plus importante pour le développement humain. Cependant, les pays ont tendance à sous-investir dans cette phase de développement, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA). Les enfants sont confrontés à des opportunités inégales de se développer en raison des circonstances de leur naissance. Cette recherche  analyse les inégalités de chances dans le développement de la petite enfance dans trois pays du sud de la Méditerranée (Algérie, Maroc et Tunisie) ainsi que dans trois pays d’Europe orientale non membres de l’Union Européenne (UE) (Bosnie, Serbie et Ukraine). Les résultats démontrent qu’il existe une inégalité substantielle des chances dès le début de la vie. Diverses circonstances influent sur les inégalités précoces, notamment le niveau de vie du ménage, l’éducation de la mère et les différences géographiques.

La liste des FEMISE MED BRIEF est disponible ici.

 

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.

Rapport FEMISE EuroMed 2019 : Le secteur privé dans les pays méditerranéens : Principaux dysfonctionnements et Opportunités de l’entreprenariat social

Le Rapport EuroMed FEMISE 2019 est maintenant disponible

Le secteur privé dans les pays méditerranéens :

Principaux dysfonctionnements et Opportunités de l’entreprenariat social [1]

La version française du rapport est disponible au téléchargement ici.

Le FEMISE lance son rapport Euro-Méditerranéen 2019 qui porte sur le secteur privé dans les pays méditerranéens. Il a été présenté ce 13 juin dernier aux participants à la conférence annuelle du think tank. Comment ont évolué les pays méditerranéens depuis le lancement du Processus de Barcelone ? Pourquoi la croissance a-t-elle été en deça des attentes ? Quelle rôle peuvent jouer les Banques Centrales pour rendre le secteur privé plus dynamique et attirer davantage d’investissements étrangers ? Comment les pouvoirs publics peuvent-ils contribuer au développement de l’entreprenariat social dans la but de réduire les phénomènes d’exclusivité ? Ce rapport tente de répondre à ces questions à travers 4 chapitres : le premier présente la dynamique observée des pays méditerranéens au cours de ces 20 dernières années ; le second tente d’analyser les principales raisons du manque de croissance ; le troisième porte sur le rôle des Banques Centrales dans l’amélioration de l’environnement des affaires et sur l’attractivité des investissements étrangers. Le quatrième et dernier chapitre est focalisé sur l’entreprenariat social.

Trois raisons majeures ont poussé les experts du réseau FEMISE a consacrer ce rapport au secteur privé en Méditerranée. La première est qu’il y a urgence à créer des emplois et, compte tenu de la situation des comptes publics, ces futures créations d’emplois ne pourront provenir que du secteur privé. La deuxième raison est que ces pays doivent faire évoluer leur régime de croissance pour devenir plus compétitifs et réaliser des montées en gamme. La troisième raison est qu’il était utile, comme le fait ce rapport, d’avoir une synthèse des apports de la littérature académique, des données disponibles, des rapports d’organisations internationales tout en ayant également un tour d’horizon sur les points de vue et recommandations d’experts, membres de la société civile et partenaires opérationnels sur le sujet. Dans le dernier chapitre, ces acteurs du changement exposent et proposent des actions concrètes pour un secteur privé à la hauteur des enjeux en Méditerranée, notamment via l’entreprenariat social.

« Un paradoxe des pays méditerranéens est d’avoir, à la fois, un faible niveau de pauvreté comparativement aux pays en développement et émergents et, dans le même temps certaines parties de la population isolées et/ou exclues de la sphère économique. Il s’agit des jeunes, des femmes et du monde rural éloigné des grandes agglomérations. On pourrait également y ajouter les personnes dont les activités économiques sont dans l’informel. C’est donc un système économique qui repose sur l’exclusion d’au moins les deux tiers de sa population et dont les fondements d’un développement durable ne sont pas assurés » expliquent les auteurs.

Le rapport, produit sous la direction de l‘Institut de la Méditerranée (IM) et coordonnée par Patricia Augier (Présidente du Comité Scientifique du FEMISE), a été rédigé par des économistes du réseau de chercheurs FEMISE. Les auteurs sont :.

Pr. Patricia Augier (Professeur Aix-Marseille School of Economics, Présidente du Comité Scientifique du FEMISE et de l’IM) ;

Dr. Constantin Tsakas (Secrétaire Général du FEMISE et Délégué Général de l’IM) ;

Pr. Sami Mouley (Professeur de Finance Internationale à l’Université de Tunis) ;

Karine Moukaddem (stagiaire analyste politique à l’Union pour la Méditerranée, experte FEMISE) et

Jocelyn Ventura (économiste à l’IM et au FEMISE).

Les 4 chapitres sont également téléchargeables séparément en cliquant ci-dessous :

Le rapport Euromed est une publication annuelle du FEMISE qui traite des thèmes d’importance et d’intérêt pour la région Euro-Med. Le rapport apporte une véritable valeur ajoutée en termes de connaissances sur le thème couvert. Il fournit une analyse approfondie proposée par des économistes spécialisés et avec une approche pluridisciplinaire du Nord et du Sud de la Méditerranée. Cela apporte une vision commune des deux rives de la Méditerranée et des recommandations politiques qui peuvent contribuer au processus de transition des pays du Sud Med.

[1] Ce rapport a reçu un soutien financier de l’Union européenne à travers le projet FEMISE “Support to Economic Research, studies and dialogues of the Euro-Mediterranean Partnership”. Toute opinion exprimée dans ce rapport est de la seule responsabilité des auteurs.

FEMISE MED BRIEF no16 : « Marchés publics écologiques vs. Fiscalité environnementale : implications UE-MENA »

Vera Danilina et Federico Trionfetti

La série de Policy Briefs du FEMISE intitulée MED BRIEF ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région euro-méditerranéenne. Les Policy Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs FEMISE et des partenaires du réseau.

Le dernier FEMISE MED BRIEF, co-édité avec le Plan Bleu, est intitulé  » Marchés publics écologiques vs. Fiscalité environnementale: implications pour la politique environnementale UE-MENA  » et est disponible au téléchargement  en cliquant ici (en version anglaise).

 

Résumé: Les politiques environnementales font partie des priorités de l’agenda des Nations Unies et occupent un place de choix dans les agendas politiques nationaux et internationaux. Ce document porte sur la fiscalité environnementale et les marchés publics écologiques (MPE). Ces deux instruments de politique environnementale diffèrent par leur viabilité politique et par leur impact sur les consommateurs et les producteurs. Le MED Brief fournit une analyse comparative de leur efficacité dans des économies ouvertes et fermées et révèle les opportunités et menaces d’une politique environnementale (non) harmonisée à travers les pays. Les résultats permettent d’envisager des implications spécifiques dans le cadre de la collaboration environnementale des pays de l’UE avec ceux de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord).

La liste des FEMISE MED BRIEF est disponible ici.

 

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.

FEMISE MED BRIEF no15 : « L’informalité est-elle un obstacle irrévocable à la couverture sanitaire universelle ? »

Mohammad Abu-Zaineh, Bruno Ventelou, Khaled Makhloufi

La série de Policy Briefs du FEMISE intitulée MED BRIEF ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région euro-méditerranéenne. Les Policy Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs FEMISE et des partenaires du réseau.

Le dernier MED BRIEF sur  » L’informalité est-elle un obstacle irrévocable à la couverture sanitaire universelle (CSU)? Témoignages de la Tunisie  » est disponible ici (en anglais).

Résumé: Dans de nombreux pays en développement, et en particulier dans la région MENA, de larges fractions de la population sont privées de tout système de sécurité sociale, principalement parce qu’elles travaillent dans le secteur informel. Cet article montre que même parmi les travailleurs les plus précaires, la volonté de payer pour un système d’assurance maladie est importante mais varie en fonction des trois différents régimes d’assurance soins de santé proposés dans l’enquête (donner accès à des prestataires publics, à des prestataires privés, ou remboursement), associé ou non à un régime de pension. Cela suggère que l’informalité, en soi, n’est pas un obstacle incurable à la réalisation de l’objectif de la CSU en Tunisie, tant que des régimes d’assurance appropriés sont proposés aux populations non couvertes.

La liste des FEMISE MED BRIEF est disponible ici.

 

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.

Convergence des revenus et impact de l’intégration commerciale et financière EU-Med sur la volatilité macro

Les efforts d’intégration économique et financière entre les pays Partenaires Méditerranéens (MPs) et l’Union Européenne (EU) ont été initialement introduits par les accords de coopération qui garantissaient une exemption totale de tarifs douaniers sur les produits industriels. Ces efforts ont ensuite été consolidés par les Accords d’association introduits dans le cadre de la déclaration de Barcelone en 1995, qui ont eu pour effets de réduire ou éliminer les droits de douanes sur les importations industrielles européennes. Parallèlement, les MPs se sont considérablement ouverts aux autres pays, que ce soit dans le cadre des accords commerciaux euro-méditerranéens (MED) ou dans le contexte d’une réduction élargie des droits de douanes via les accords signés avec l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Au début des années 2000, le processus de Barcelone fut remplacé par la politique européenne de voisinage (PEV) qui fut modifiée en 2015 et devient la nouvelle politique de voisinage. C’est dans ce cadre que les relations économiques entre l’Union Européenne et ces partenaires méditerranéens sont désormais redéfinies.

La nouvelle politique de voisinage offre une plateforme solide d’assistance financière par une intégration financière plus poussée, un meilleur accès au marché commun, et une amélioration de l’institutionnalisation des relations commerciales et financières. L’Union Européenne propose également un accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) concernant l’agriculture, les services et les mesures non tarifaires. Les négociations pour l’ALECA sont en cours avec le Maroc et la Tunisie. Dans le cadre de cette nouvelle politique européenne de voisinage et du rôle facilitateur de l’Union Européenne pour la modernisation, la transition et l’ouverture internationale des pays Méditerranéens, cette étude évalue le degré de convergence des économies résultant de ces accords commerciaux entre deux groupes de pays (EU et MED). Nous utilisons dans un premier temps les concepts de s-convergence et b-convergence pour une évaluation empirique du phénomène de convergence économique parmi ces pays sur la période 1980-2015. Nous présentons ensuite une analyse approfondie des implications des accords de partenariats Euro-MED sur la croissance économique et la volatilité macroéconomique dans un échantillon de pays méditerranéens (MPs). Afin de tenir compte à la fois du lancement du processus de Barcelone et de la politique de voisinage en 2000, l’analyse empirique est traitée de façon séquentielle sur des périodes de 5 et 10 ans, puis sur l’ensemble de la période 1980-2015.

Les résultats empiriques montrent une évidence faible de convergence des économies pour le groupe de pays EU-MED analysé à intervalles partiels de 5 ou 10 ans de 1980 à 2000 dans une régression de type transversale. Toutefois, nous avons trouvé un résultat statistiquement significatif de convergence du PIB par tête, que l’analyse porte sur l’ensemble de la période 1980-2015 ou sur des sous périodes de 10 ans regroupées et estimées en données de panel par régressions de croissance. Ces résultats sont plus probants, puisque la croissance économique et la convergence sont tous deux des phénomènes de long terme et que les méthodes d’analyse en données de panel donnent de meilleures estimations. Sur la période 1980-2000, nous trouvons une évidence faible de convergence conditionnelle dans le groupe de pays EU-MED (16), et cette évidence est encore plus faible pour le groupe de pays MED de 2000 à 2015. Ces résultats s’expliquent par les effets négatifs de la crise financière et de la crise de la dette en Europe sur la région Euro-MED en générale et sur la région MED en particulier. La stabilité macroéconomique et l’ouverture économique se sont avérées être des facteurs statistiquement importants et ont l’effet positif attendu sur la croissance économique dans les pays MED. Effectivement, dans la majorité des modèles estimés, la variable qui est systématiquement la plus significative est l’ouverture commerciale. Parmi les autres variables, la croissance de la population a l’effet théorique négatif attendu sur la croissance économique, comme trouvé dans d’autres études empiriques sur la croissance. Les dépenses du gouvernement ont également un effet négatif sur la croissance économique et cette variable est statistiquement significative tout comme l’est la croissance de la population.

Les principales implications politiques qui se dégagent des résultats empiriques de cette étude sont que les pays MED, s’ils souhaitent atteindre une croissance économique élevée, doivent poursuivre des politiques promouvant encore davantage le libre-échange et l’ouverture économique avec l’UE, tout en assurant une stabilité macroéconomique au moyen de politiques qui garantissent le contrôle des politiques fiscales et monétaires. Aussi bien l’agitation politique et sociale, que la crise financière et la crise de la dette ont un effet négatif sur la croissance économique et la convergence dans la région, et doivent être traitées si possible prioritairement par le biais d’actions politiques et de politiques macroéconomiques appropriées. D’autres résultats empiriques montrent que les pays MED seraient moins affectés par les chocs financiers provenant de l’UE, si le marché domestique MED était plus grand et/ou mieux régulé. Ceci est en cohérence avec ce que suggère la théorie économique et a des implications politiques. En fait, certains pays MED ont choisi d’imposer un contrôle du capital pour gérer les crises du marché financier puisqu’il semble que les « coupables » soient les flux de capitaux internationaux, et ce, malgré les conséquences économiques indésirables sur le long terme de ces pratiques politiques. Nous avons montré que les pays MED doivent améliorer la coordination de leurs politiques macroéconomiques et financières pour relever plus efficacement le défi d’une plus grande intégration commerciale et financière avec l’UE. Cet objectif peut par exemple être atteint en renforçant l’intégration économique et financière régionale. La création d’une zone de libre échange MED n’aurait pas pour seul effet de stimuler et de renforcer la croissance, mais pourrait également renforcer le commerce intra-MED, réduisant ainsi considérablement l’exposition aux cycles économiques européens, tout en contrôlant les expositions excessives de ces petites économies ouvertes (MED) aux développements macroéconomiques de l’Union Européenne.

La littérature établie que les plus grandes économies ont une meilleure capacité d’absorption et de neutralisation quant aux effets négatifs des chocs externes. Contrôler leurs effets reste toutefois une tâche beaucoup plus délicate qu’il n’y parait lorsqu’il s’agit de pays MED en développement, qui sont de plus petite taille, n’exportent que peu de produits sur le marché européen et dépendent d’un très grand nombre de produits d’importations européennes. Une conséquence directe d’un marché des capitaux intégré au sein de la région MED serait de diminuer les risques associés à une plus grande intégration EU-MED, ainsi que de rendre les MPs moins vulnérables aux fluctuations des taux d’intérêts des pays de l’UE, en particulier pour ceux ayant un niveau de dette élevé, comme le Liban, la Jordanie et l’Egypte. Un plus grand marché financier MED donnerait la possibilité de baisser les coûts de financement, et de rembourser leurs dettes importantes des gouvernements MED à moindre coût. D’autre part les entreprises MED pourraient s’appuyer plus sur le marché local que sur le marché de l’UE pour la levée de capitaux. La baisse du coût de la mobilisation des capitaux peut ensuite se traduire par plus d’investissements, de consommation et une augmentation des taux croissance économique dans la région. La région MED doit accélérer le processus d’intégration commerciale, financière et économique avec l’UE pour une meilleure absorption des effets négatifs liés aux politiques externes, financières et/ou aux chocs économiques. Il faudrait redoubler d’efforts pour accélérer la mise en place de réformes fiscales et monétaires afin d’améliorer l’entrée de nouveaux investissements de portefeuille et d’IDE dans la région.

En résumé, pour plus d’intégration commerciale et financière avec l’UE, les MPs doivent consacrer davantage d’efforts individuels pour mener des politiques macroéconomiques saines. A ces mesures, devront s’ajouter des réformes institutionnelles de soutien au développement du secteur financier dans les économies MED en question. Ensuite, les MPs devront essayer de s’intégrer horizontalement tout en s’ouvrant plus verticalement (à l’UE). Il a été montré que l’ouverture financière, mesurée par le rapport formation brute de capital/PIB, est associée à une augmentation de la volatilité de la consommation, contrairement à la notion établie d’opportunité de partage des risques internationaux via l’intégration financière. L’environnement macroéconomique et politique de nature instable et les conflits militaires, ainsi que les politiques fiscales et monétaires inappropriées dans la région MED peuvent expliquer cette irrégularité empirique. Une recommandation politique de cette étude est que les MPs ont besoin d’être plus, et non pas moins, intégrés avec le marché financier de l’UE pour pouvoir tirer avantage de l’intégration financière en termes d’amélioration du partage des risques, et de stabiliser la consommation. Cette conclusion peut toutefois nécessiter une analyse plus poussée, puisqu’il faut considérer que l’intégration financière régionale est également associée à divers risques dans la région EU-MED. Pour minimiser ces risques, les MPs devront mettre en œuvre des cadres macro-économiques et structurels sains en tandem avec une plus grande intégration. Par exemple, nos résultats ont mis en évidence le rôle clé des politiques fiscales et monétaires saines pour mieux contrôler la volatilité macroéconomique. Concernant les réformes structurelles, il s’agit de développer le secteur financier intérieur, puisqu’un haut degré de développement du secteur financier est associé à une diminution de la volatilité macroéconomique.

Finalement, la nouvelle politique européenne de voisinage offre une plateforme solide d’assistance commerciale et financière par une intégration financière plus poussée, un meilleur accès au marché commun et une meilleure institutionnalisation des relations commerciales et financières entre les pays MED et de l’UE. Ce projet de recherche aidera les décideurs politiques et les chercheurs académiques dans la région Euro-méditerranéen, à redéfinir leurs priorités en matière de commerce, de finance et de macroéconomie lors de l’élaboration de nouvelles politiques de voisinage européennes qui doivent répondre aux défis économiques actuels. La nouvelle politique de voisinage européenne va produire un volume important de littérature sur ces conséquences. Cette étude fait partie intégrante de cette littérature en identifiant les points communs et les différences entre les composantes de cette analyse, en mettant un accent particulier sur les changements de paradigme concernant la politique macroéconomique dans les pays MED et l’UE.

Med Change Makers e04 : Myriam BEN SAAD, Complexification des systèmes productifs et transition

FEMISE a récemment lancé sa nouvelle série d’entretiens «Med Change Makers».

 Les «Med Change Makers» sont des entretiens (texte et vidéo) qui permettent aux chercheurs FEMISE dynamiques d’illustrer comment leur recherche aborde une question politiquement pertinente et comment elle contribue au processus d’élaboration des politiques dans la région Euro-Méditerranéenne.

 

 

La complexification des systèmes productifs comme vecteur de transition économique dans les pays MENA et le rôle des politiques de court terme

Dr Myriam Ben Saad, Université de Toulon (LEAD), Université Paris Sorbonne, FEMISE

Entretien avec Myriam BEN SAAD, Université du Sud Toulon-Var, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, économiste FEMISE

Le FEMISE vient de publier son projet de recherche FEM42-07, « La complexification des systèmes productifs comme vecteur de transition économique dans les MENA et le rôle des politiques de court terme”, coordonné par le LEAD, Université de Toulon.

Membre de l’équipe coordonnatrice du projet, Dr. Myriam Ben Saad fait partie des chercheurs FEMISE qui participent activement aux activités du réseau. Son travail montre l’importance de la complexité économique d’un pays pour créer davantage de croissance et d’emplois et esquisse des pistes de réflexions pour l’avenir dans les pays du Sud Méditerranéen.

  1. Votre rapport traite de la question de la complexification des systèmes productifs. Pourquoi cette question est importante pour le Sud de la Méditerranée ? 

Cette question est cruciale. Nous observons de fortes disparités économiques entre les pays qui s’expliquent en grande partie par un faible niveau de complexité économique. Cette dernière est parfois l’une des principales causes pour laquelle la croissance économique est limitée en Méditerranée. La structure productive d’un pays est aussi un paramètre décisif qui explique les inégalités de développement à l’intérieur d’un pays. Enfin, la structure productive peut permettre de mieux prédire la croissance économique future. Hélas, aujourd’hui nous avons très peu d’éléments sur les modèles et rythmes de complexification des systèmes productifs des pays MENA. Notre rapport cherche à remédier à cela. Nous essayons de comprendre pourquoi certains pays restent bloqués dans la classe de complexité intermédiaire et produisons des recommandations pour leur permettre de migrer vers une classe de complexité avancée qui engendre davantage de croissance et d’emplois.

  1. Le besoin de développer des secteurs innovants se fait sentir au Sud. Quelle est selon vos résultats la meilleure façon de procéder ? Avez vous des success-stories?

Il est important de se doter de politiques commerciales appropriées pour remédier aux défaillances du marché et surtout aux échecs institutionnels qui bloquent la compétitivité des exportations. Nous préconisons donc que les pays MENA s’engagent dans une stratégie volontariste de diversification des exportations en repensant leur politique commerciale pour en faire un levier de promotion du développement industriel et de transformation structurelle.

Ces pays auraient intérêt à orienter leurs politiques vers des objectifs de développement nationaux et régionaux en améliorant la liberté économique notamment grâce à des lois de simplification administrative. Cela contribuera à l’amélioration de l’environnement des affaires en lien avec une réforme du marché du travail visant à le rendre plus flexible, transparent et compétitif (loi travail).

Aussi, le développement de secteurs innovants (le soutien à certaines start-up, aux IDE, au développement de zones franches ou de zones d’entreprises technologiques) passe notamment par une politique d’incitation fiscale. Cela me fait penser à la récente expérience d’un jeune ingénieur franco-tunisien, installé en zone franche, qui a réussi à transformer la production de sel fin en pastilles de sel. Cette transformation productive a permis non seulement une création de plusieurs emplois qualifiés et non qualifiés mais également à une meilleure dynamique et intégration de la zone.

  1. Vous soulignez le besoin de réformer l’enseignement supérieur et professionnel. Que proposez vous comme solutions concrètes ?

Une pléthore d’outils pourrait être mise en place. Notament, il s’agirait de renforcer l’adéquation des formations par rapport aux nouveaux métiers, de développer les partenariats avec les universités étrangères (notamment européennes, asiatiques ou américaines), mais aussi de développer les partenariats public/privé et utiliser le système des diplômes délocalisés professionnalisés.

  1. L’amélioration de la gestion des ressources naturelles peut-elle contribuer à favoriser la croissance et l’emploi dans les pays du Sud et comment ?

Les pays MENA disposent de grandes réserves de ressources naturelles, essentiellement non renouvelables, parmi les plus importantes au monde. Malgré une importante exploitation commerciale de ces ressources, les pays MENA demeurent l’une des régions géologiques les moins connues et visibles de la planète. S’il faut en croire les récentes découvertes de gaz et de pétrole, l’abondance de ces ressources permettrait de financer l’agenda de transformation de la région MENA. Les ressources naturelles pourraient changer la donne, si elles étaient transformées.

La transformation peut être réalisée par la mise en place d’un éventail de politiques structurelles «intelligentes » c’est à dire : utiliser les bénéfices des ressources naturelles pour diversifier l’économie et la sophistiquer, développer de zones industrielles basées sur l’avantage comparatif dans les ressources naturelles, améliorer les politiques macroéconomiques pour gérer efficacement les risques associés à la volatilité des recettes en provenance des ressources naturelles etc.

  1. D’après vous, que devraient faire les Etats du Sud par ordre de priorité afin d’accélérer ce processus de sophistication de leurs économies ?

Ces dernières années ont été des plus difficiles pour les pays MENA, vu la gravité des défis à relever par cette région. S’il est vrai que le processus de transformation structurelle est entré depuis les deux dernières décennies dans une phase de progression, force est de constater que le processus n’en est qu’à ses débuts dans la région.

  • Pour se complexifier, l’amélioration du système éducatif et de formation, est le premier défi à relever. La formation du capital humain notamment avec l’accès à l’enseignement supérieur (ingénierie) pourrait faciliter le changement structurel et la modernisation productive.
  • L’amélioration de la qualité des institutions et de la vulnérabilité économique et structurelle, est le deuxième défi à relever. Dans cette région, certains pays ont des difficultés à mettre en place des mesures visant à transformer leurs structures productives en raison d’une corruption persistante ce qui érode leurs capacités.
  • Au niveau macroéconomique, il s’agirait en premier lieu d’alléger le système d’imposition des entreprises, notamment en faveur des investisseurs locaux. Au niveau microéconomique, il s’agirait plutôt de lancer des nouveaux programmes de développement et de projets d’envergures à destination des jeunes qui travaillent dans une entreprise et qui veulent y investir.

Ainsi, les pays de la région doivent trouver des solutions collectives et non individuelles pour mener des négociations commerciales plus favorables avec leurs partenaires commerciaux européens, ou encore mieux s’ouvrir et conquérir de nouveaux marchés, particulièrement le marché africain. Pour y parvenir, cette région devra trouver des complémentarités sectorielles pour défendre la compétitivité et les valeurs de la région à l’international.

Le rapport est disponible au téléchargement en cliquant ici.

Propos recueillis par Constantin Tsakas

La sophistication de l’économie : source de croissance, d’inclusivité et d’emploi

13La complexité économique résulte du niveau de savoir et de progrès technologique d’un pays depuis la phase de fabrication jusqu’à celle de l’exportation. Dans un rapport sur « La complexification des systèmes productifs comme vecteur de transition économique dans les MENA et le rôle des politiques de court terme », (FEM42-07) le Femise introduit un facteur géographique

 

En 1984, la Turquie a commencé à exporter du coton et des noix pour devenir aujourd’hui un des principaux pays exportateur de voitures, de biens d’équipement et de textile. ©Frédéric Dubessy

En 1984, la Turquie a commencé à exporter du coton et des noix pour devenir aujourd’hui un des principaux pays exportateur de voitures, de biens d’équipement et de textile. ©Frédéric Dubessy

Capacité à fabriquer des produits qui ne sont pas conçus ailleurs, recherche, innovation influent sur la compétitivité d’un État, permettent d’accroître la production et l’exportation de biens à plus forte valeur ajoutée. « Un pays qui possède un avantage en termes d’innovation et d’exportation de produits de haute technologie occupe le haut de classement de l’indice de complexité économique », pose le Femise en préambule de sa dernière étude.  
Conduite par Nicolas Péridy, Michel Dimou et Myriam Ben Saad de l’Université de Toulon en collaboration avec Ilham Haouas (Université d’Abu Dhabi) et Naceur Kraief (Université de Sousse), le document  analyse la complexification des systèmes productifs dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (MENA) en intégrant la  dimension géographique. Les auteurs ajoutent que la compétitivité d’un pays au niveau mondial dépend de ce qu’exporte le pays et non pas de la quantité des produits exportée.

 

Turquie : des noix, du coton puis des voitures

Capacité à fabriquer des produits qui ne sont pas conçus ailleurs, recherche, innovation influent sur la compétitivité d’un Etat, permettent d’accroître la production et l'exportation de biens à plus forte valeur ajoutée. ©Frédéric Dubessy

Capacité à fabriquer des produits qui ne sont pas conçus ailleurs, recherche, innovation influent sur la compétitivité d’un Etat, permettent d’accroître la production et l’exportation de biens à plus forte valeur ajoutée. ©Frédéric Dubessy

« En 1984, la Turquie a commencé à exporter du coton et des noix pour devenir aujourd’hui un des principaux pays exportateur de voitures, de biens d’équipement et de textile. Cette économie a su réorienter son panier d’exportation vers des produits plus complexes et porteur de croissance. Depuis 2010, la main-d’œuvre turque est devenue l’une des forces du travail les plus flexibles et les plus qualifiées au monde (…) », souligne le document. Si Israël présente le niveau le plus élevé d’indice de complexité économique (ICE) des pays Sud du bassin Méditerranéen, la Tunisie a vu son ICE se dégrader, ce qui expliquerait, selon le Femise, le taux de chômage élevé.
La performance des pays voisins joue un rôle tout aussi important que l’indice de complexité économique, l’indice de diversification et de qualité des exportations et la valeur ajoutée manufacturière. Selon les auteurs du rapport, une économie sophistiquée constitue un vecteur de transition économique et influe sur les politiques de court terme.« Les économies les plus éloignées du « cœur européen par exemple » voient leur retard s’accentuer », constate le Femise tout en soulignant l’importance des canaux de transmission (accords commerciaux bilatéraux et/ou régionaux, barrières tarifaires et non tarifaires, clusters).Afin d’aider les pays méditerranéens à complexifier leur système productif, le Femise recommande de soutenir le développement de produits nouveaux et hautement sophistiqués, de cibler les activités ayant des effets d’entrainement. « En particulier, la Tunisie et les Emirats Arabes Unis devraient développer des produits complexes comme les machines, les clusters industriels chimiques et électriques », précise le Femise.

Il invite les États à mettre rapidement en place des formations adaptées aux changements technologiques tout en incitant à développer des secteurs innovants.

Le Femise suggère également d’améliorer la performance logistique, la liberté économique,  l’environnement des affaires, les partenariats commerciaux avec des pays avancés technologiquement.

Lire l’intégralité du rapport Femise FEM42-07 en cliquant ici

 

Article réalisé par en partenariat avec Econostrum 

S’inscrire à la Newsletter de Econostrum : http://www.econostrum.info/subscript

FEMISE MED BRIEF no9 : « Les déterminants de la performance à l’exportation des entreprises dans la région MENA »

La série de Policy Briefs du FEMISE intitulée MED BRIEF ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région euro-méditerranéenne. Les Policy Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs FEMISE et des partenaires du réseau.

Le neuvième numéro de MED BRIEF « Les déterminants de la performance à l’exportation des entreprises dans certains pays de la région MENA. Comparaison avec les pays d’Europe centrale et orientale, Israël et la Turquie »  est disponible (en GB) en cliquant ici.

Pr. Alfred Tovias (Leonard Davis Institute of International Relations, The Hebrew University and FEMISE)

En se concentrant principalement sur les déterminants des performances à l’exportation des entreprises de certains pays de la région MENA, ce document présente quelques recommandations utiles après avoir comparé la performance des entreprises MENA à celle des entreprises des pays d’Europe centrale et orientale. Les résultats empiriques obtenus pour les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord indiquent que la productivité, la taille des entreprises, les dépenses en recherche et développement, la part des diplômés universitaires dans l’emploi productif et l’internationalisation des entreprises ont une relation positive vis-à-vis de la probabilité d’exporter.

La liste des FEMISE MED BRIEF est disponible ici.

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.

FEMISE MED BRIEF no8 : Les femmes dans le marché du travail en MENA. L’économie collaborative peut-elle être utile?

La série de Policy Briefs du FEMISE intitulée MED BRIEF ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région euro-méditerranéenne. Les Policy Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs FEMISE et des partenaires du réseau.

Le huitième numéro de MED BRIEF « Stimuler les taux de participation des femmes au marché du travail dans la région MENA. L’économie collaborative peut-elle être utile? » est disponible (en GB) en cliquant ici.

Dr. Katarzyna Sidło, CASE (Center for Social and Economic Research), FEMISE

Ce Policy Brief évalue le potentiel de l’économie collaborative pour accroître la participation des femmes dans le marché du travail dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Plus précisément, il examine les façons dont l’économie collaborative peut permettre aux femmes qui le souhaitent de rejoindre le marché du travail, mais qui pour diverses raisons pratiques (manque d’emploi, déplacements difficiles), sociétales (restrictions sur les activités à l’extérieur du foyer), ou pour des raisons familiales (responsabilités familiales) ont été incapables de le faire.

Egalement disponible en Arabe en cliquant ici.

La liste des FEMISE MED BRIEF est disponible ici.

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.

FEMISE MED BRIEF no7 : Les effets des réfugiés syriens sur les marchés de l’emploi des pays d’accueil

La série de Policy Briefs du FEMISE intitulée MED BRIEF ambitionne de fournir une réflexion novatrice  pour la région euro-méditerranéenne. Les Policy Briefs contiennent une analyse succincte et politiquement pertinente sur d’importantes questions EuroMed et présentent aux décideurs politiques les points de vue des chercheurs FEMISE et des partenaires du réseau.

Le septième numéro de MED BRIEF « Les effets des réfugiés syriens sur les marchés de l’emploi des pays d’accueil du Moyen-Orient et de l’Europe » est disponible (en GB) en cliquant ici.

Dr. Roby Nathanson, MACRO Center, Israël

Depuis 2011, plus de 5,3 millions de réfugiés sont passés de Syrie à des pays d’Europe centrale et orientale. Les pays du Moyen-Orient qui ont absorbé la majorité des réfugiés sont la Turquie, le Liban et la Jordanie. En Europe, l’Allemagne et la Suède ont absorbé le plus grand nombre de réfugiés syriens. Ce grand nombre de réfugiés a placé la question de leur impact sur la croissance des salaires et le taux de chômage au centre du discours politique. Ce MED Brief examine cet impact. Il a été constaté qu’à l’exception de la Jordanie, les réfugiés n’avaient aucun impact sur la croissance des salaires.

Dr. Khalid Sekkat, Univ. de Bruxelles, Belgique

En outre, dans aucun des pays examinés les réfugiés n’avaient d’impact sur les taux de chômage. Par conséquent, il est recommandé, entre autres, d’éliminer les obstacles spécifiques aux réfugiés, en particulier dans les secteurs qui connaissent une pénurie de travailleurs. Il est également recommandé d’organiser une formation pour que les réfugiés puissent faire correspondre leurs compétences et d’utiliser cette «concurrence redoutée» pour améliorer les compétences des employés nationaux. Il sera également important de sensibiliser le public à la contribution de ces réfugiés aux marchés nationaux.

 

La liste des FEMISE MED BRIEF est disponible ici.

Le Policy Brief a été réalisé avec l’aide financière de l’Union européenne dans le cadre du programme FEMISE. Le contenu de ce document relève de la seule responsabilité des auteurs et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.