Au cours de la dernière décennie, les envois de fonds vers les pays d’Afrique du Nord ont considérablement augmenté, passant de 17,7 milliards de dollars en 2008 à 65 milliards de dollars en 2023. Ces envois de fonds sont essentiels pour les familles et les économies locales en Algérie, en Égypte, au Maroc et en Tunisie. Cependant, les coûts associés à l’envoi d’argent restent élevés : les migrants nord-africains paient en moyenne 6,08 % pour les envois de fonds en provenance de l’UE, ce qui représente un coût annuel total de près de 4 milliards de dollars. Les néo-banques, avec leurs frais réduits et leurs plateformes numériques, représentent une opportunité de réduire ces coûts et d’améliorer l’inclusion financière des migrants.
Les migrants nord-africains dans l’UE sont confrontés à des difficultés économiques aggravées par l’inflation et les tensions géopolitiques, notamment la guerre en Ukraine et la pandémie de COVID-19. Ces difficultés augmentent le coût de la vie et les frais d’envoi de fonds, poussant de nombreux migrants vers des canaux informels plus risqués. Bien que les néo-banques offrent des frais moins élevés et une plus grande accessibilité, leur adoption est limitée par des obstacles tels qu’un accès inadéquat à la technologie, une faible culture numérique et des défis réglementaires.
Cette étude examine les tendances en matière de transferts de fonds et les préférences des institutions financières parmi les migrants nord-africains en Europe et évalue le potentiel des néo-banques à favoriser l’inclusion financière et la réduction des coûts. L’objectif principal était d’explorer comment les néo-banques peuvent alléger les pressions économiques sur les migrants nord-africains et aider à atteindre l’objectif du Groupe de la Banque mondiale de réduire les coûts des transferts de fonds à 5 % et l’objectif de l’ONU-ODD de 3 %. Les principales conclusions ont révélé que les migrants nord-africains avaient des comportements divers en matière de transferts de fonds, avec des fréquences et des montants variables. La confiance dans les banques traditionnelles reste élevée en raison de la familiarité, des normes culturelles et des problèmes d’accessibilité dans les zones rurales. Cependant, les néo-banques offrent des économies de coûts significatives, avec des économies annuelles potentielles comprises entre3 0 € et 134 € en fonction du montant mensuel envoyé, qui varie entre 100 € et 1 000 €. L’adoption des néo-banques a été plus importante chez les migrants plus jeunes, ayant un meilleur accès à la technologie et maîtrisant le numérique.
Les obstacles à une adoption plus large des néo-banques comprennent une culture numérique et financière limitée, l’absence de la technologie nécessaire dans les pays d’origine et la résistance culturelle au changement. Les coûts élevés de réglementation et de mise en conformité pour les banques traditionnelles ont également contribué au gonflement des frais de transfert de fonds. Pour résoudre ces problèmes, le papier recommande de renforcer la concurrence sur le marché, d’améliorer l’accès aux nouvelles technologies de paiement, d’encourager des transferts de fonds plus importants par le biais d’incitations, de s’inspirer des modèles de banques publiques réussis tels que La Banque Postale en France, et d’encourager l’éducation financière et l’inclusion numérique. En outre, il suggère de renforcer la confiance et la sensibilité culturelle, d’investir dans des mesures de cybersécurité solides et de développer des capacités de transaction hors ligne afin d’accroître l’accessibilité pour les migrants dans les zones reculées.
En conclusion, il est possible de réduire les coûts des transferts de fonds pour atteindre l’objectif de 3 % fixé par l’ONU-ODD, mais cela nécessite une approche globale qui s’attaque aux obstacles technologiques, éducatifs et culturels. En améliorant l’accessibilité, la confiance et l’éducation financière, les néo-banques peuvent réduire de manière significative les coûts des transferts de fonds et améliorer l’inclusion financière des migrants nord-africains